Accès aux soins - Les généralistes s'ouvrent - un peu - au partage avec les infirmiers
Le développement des maisons de santé, mais aussi celui des réseaux de soins, repose, pour une bonne part, sur un partage des rôles pertinent et efficace entre les différents professionnels de santé (généralistes, infirmiers, kinés...), mais aussi entre ces derniers et les professionnels sociaux. Or ces partages - et surtout la remise en cause des rôles traditionnels des uns et des autres - ne sont pas toujours évidents. On le voit aujourd'hui, dans le secteur hospitalier, avec le conflit qui oppose les sages-femmes et les médecins sur leurs compétences respectives.
Un large accord de principe sur le paiement à la performance
Aussi l'étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux sur "Les médecins généralistes face au paiement à la performance et à la coopération avec les infirmiers" revêt-elle un intérêt particulier.
Si la question du paiement à la performance - qui a vocation à s'appliquer à terme à l'ensemble des médecins généralistes - n'interfère qu'indirectement avec le développement des maisons de santé et des réseaux de soins, on notera qu'elle est bien accueillie par les médecins généralistes. Un sur deux connaît le nouveau système - anciennement appelé Capi (contrat d'amélioration des pratiques individuelles) et désormais intitulé ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) -, dont un sur trois qui déclare le connaître dans le détail. Un résultat qui est la moindre des choses, puisque seuls 5% des médecins ont explicitement refusé la ROSP, comme la convention leur en donne le droit...
Un médecin sur trois prêt à déléguer certaines tâches
Le plus intéressant de l'étude reste toutefois la partie relative au partage des tâches avec les infirmiers. Sur ce point, les résultats sont mitigés et il est possible, selon le point de vue, de considérer le verre comme à moitié vide ou à moitié plein. En effet, un praticien sur trois se déclare favorable au transfert de certaines tâches à un infirmier, proportion qui aurait été inenvisageable il y a quelques années. Cette proportion monte à 60% dans le scénario où la prise en charge du délégué (l'infirmier) serait assurée à 100% par l'assurance maladie, donc sans prise en charge sur les revenus du cabinet.
Interrogés sur les freins à une éventuelle délégation de certaines tâches à un infirmier, les généralistes citent en premier lieu la difficulté à trouver une infirmière disponible et les problèmes de responsabilité légale. Les questions matérielles - comme l'agencement du cabinet ou le manque à gagner pour le médecin - sont également évoquées. En revanche, les généralistes sont peu nombreux à citer le refus supposé des patients ou la possible détérioration de la qualité des soins.
Pour autant, les généralistes ne sont pas disposés à déléguer n'importe quel type d'actes. Ils sont ainsi entre 80 et 90% à s'y déclarer favorables pour ce qui concerne l'éducation thérapeutique du patient asthmatique ou diabétique, l'éducation nutritionnelle, la surveillance de la tension artérielle ou l'accompagnement des patients en sevrage tabagique. Ils sont également nombreux (entre 60 et 70%) à se déclarer favorables à la délégation des vaccinations et de la surveillance du calendrier vaccinal, des tests de diagnostic rapide réalisés en cabinet ou de l'interrogation des patients sur leurs habitudes de vie. Ils sont en revanche plus réticents pour ce qui concerne d'autres actes, comme la prescription du test d'hémoglobine glyquée pour un patient diabétique ou celle d'un frottis cervical.