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Santé - Les Français vont plutôt bien, mais les inégalités régionales persistent

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie l'édition 2015 de "L'état de santé de la population en France". Cette somme de 500 pages rassemble plus de 200 indicateurs, qui dressent un panorama détaillé de la santé des Français, en combinant approches par population, par déterminant et par pathologie.

Plus vieux, plus dépendants

Cette sixième édition montre que, comparé aux pays présentant le même niveau de vie, l'état de santé des Français apparaît "globalement bon", notamment sur certaines pathologies comme les maladies cardiovasculaires. L'espérance de vie à la naissance continue de progresser - 85,4 ans pour les femmes (+1,6 année en dix ans) et 79,2 ans pour les hommes en 2014 (+2,5 années en dix ans) -, pour atteindre l'un des niveaux les plus élevés d'Europe. L'espérance de vie à 65 ans progresse encore plus rapidement : 23,4 ans pour les femmes (+2,2 ans par rapport à 2000) et 19,1 ans pour les hommes (+2,4 ans).
La contrepartie de cet allongement de l'espérance de vie se lit dans le vieillissement généralisé de la population et dans le développement de la dépendance et des maladies chroniques. Le cap des trois millions de personnes atteintes de diabète a ainsi été franchi vers 2010-2012.
Si l'état de santé des Français est ainsi jugé globalement satisfaisant, de nombreuses inégalités persistent néanmoins. Celles liées au sexe tendent à se réduire. L'écart d'espérance de vie à la naissance entre les hommes et les femmes est ainsi passé de 8,2 ans en 1994 à 7,1 ans en 2003, puis 6,2 ans en 2014. Il subsiste toutefois des différences importantes dans les causes de décès.

Des disparités sociales et territoriales très prégnantes

Les disparités sociales demeurent très prégnantes. Selon l'étude, "tous les indicateurs, que ce soit l'état général de santé déclaré, la mortalité, la mortalité prématurée, l'espérance de vie, la morbidité déclarée ou mesurée ou le recours aux soins, font apparaître un gradient selon la catégorie professionnelle ou le niveau d'études". L'écart d'espérance de vie à 35 ans entre cadres et ouvriers est ainsi de 6,3 ans pour les hommes et de 3 ans pour les femmes.
Il en est de même pour les inégalités territoriales, qui sont en partie corrélées avec les inégalités sociales. L'étude relève toutefois que "les environnements physiques peuvent agir, comme les expositions environnementales. Environnements géographique et social interviennent également dans la répartition de l'offre de soins, entraînant des disparités d'accès aux soins". Par exemple, pour la mortalité prématurée, il existe un gradient nord-sud (hors Ile-de-France) particulièrement marqué pour les hommes, les régions du sud de la France connaissant une situation en général plus favorable sur certains déterminants de santé.
Au-delà de ces considérations sociales et territoriales, l'étude de la Drees consacre également des développements très fouillés aux déterminants de santé et aux enjeux de prévention qui les accompagnent : expositions environnementales, comportements individuels, environnement professionnel et conditions de travail, déterminants liés aux soins...
Marisol Touraine a réagi dès la parution de l'étude. Dans un communiqué du 12 février, la ministre des Affaires sociales et de la Santé insiste notamment sur "les réponses apportées par le projet de loi de santé", qui doit être examiné en première lecture à l'Assemblée nationale à partir d'avril 2015 (voir notre article ci-contre du 20 juin 2014). Elle rappelle notamment que ce texte prévoit "un vaste projet de refonte de notre système de santé - la stratégie nationale de santé -, articulé autour des trois objectifs suivants : encourager la prévention, faciliter l'accès aux soins et développer la recherche et l'innovation en santé".