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Personnes âgées - Les Français inquiets du coût des Ehpad

A l'occasion des salons de la santé et de l'autonomie (Hôpital Expo, Gérontexpo et HIT Paris), la Fédération hospitalière de France (FHF) publie les résultats de l'édition 2013 du baromètre "Les Français et le grand âge", réalisé par TNS-Sofres.
L'étude apporte à la fois des confirmations et des informations nouvelles. Confirmation, le fait que près d'un Français sur trois (30%) déclare avoir, dans son entourage, une personne en perte d'autonomie (la définition de cette notion pouvant toutefois varier d'un répondant à l'autre). De même, près d'un sur cinq (19%) indique avoir un parent ou un grand-parent en perte d'autonomie. L'étude confirme également le profil des aidants familiaux : une majorité de femmes (61%), une forte présence d'aidants âgés du fait de l'allongement de la durée de vie (36% de 50-64 ans et 18% de 65 ans et plus), et, par voie de conséquence, une proportion importante d'inactifs (43%).

Un plébiscite pour l'intervention de l'Etat

Mais l'un des points intéressants de l'enquête concerne plutôt l'accueil en maison de retraite. Il réside dans l'inquiétude croissante des Français sur leur capacité à faire face aux frais correspondants. Ainsi, 47% des répondants estiment que leur parent pourrait faire face à un hébergement en Ehpad : 14% estiment que leur parent pourrait assumer seul la dépense, 25% qu'il pourrait le faire seulement en vendant tout ou partie de son patrimoine et 8% estiment qu'ils pourraient le faire à la place de leur parent. Ces 47% d'"optimistes" sont en recul six points par rapport à la vague de 2011. A l'inverse, 46% des Français pensent que ni leur parent, ni eux-mêmes ne pourraient faire face au coût d'un hébergement en maison de retraite (+4 points par rapport à 2011). Au-delà du coût, les principaux critères de choix d'une maison de retraite sont le nombre de personnels (91% de citations), l'emplacement (91%), les locaux (91%), le délai d'attente avant l'entrée (83%), la possibilité d'aménagements personnels (82%) et les services proposés (78%).
Face à ces craintes - et même si 31% des Français déclarent ne pas connaître la bonne solution -, les répondants se tournent très largement vers la solidarité nationale (47% contre 37% en 2009). Plus précisément, 30% d'entre eux proposent d'augmenter les prélèvements sociaux de l'ensemble de la population (CSG), 13% proposent d'augmenter l'impôt sur les successions quelle que soit la valeur du patrimoine et seulement 4% préconisent d'augmenter les prélèvements obligatoires des retraités. C'est pourtant cette troisième solution qui est à l'origine de l'instauration, depuis le 1er avril 2013, de la contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie (Casa), due au taux de 0,4% par tous les retraités acquittant l'impôt sur le revenu. En dépit de cette attente forte envers la solidarité nationale, 22% des Français privilégient plutôt la solution consistant à rendre obligatoire la souscription d'une assurance individuelle à partir de 50 ans (proportion qui monte à 33% chez les 18-24 ans).
Ce souhait d'une intervention de l'Etat se lit aussi dans le fait que 87% des Français sont favorable à une intervention la puissance publique pour plafonner le prix des maisons de retraite (dont 65% de "très favorables").

Des craintes infondées ?

Si la montée, depuis plusieurs années, du discours sur la prise en charge de la dépendance explique sans doute ces inquiétudes, d'autres éléments plus conjoncturels ont également sans doute joué : la crise économique qui fragilise les situations, les récents propos du chef de l'Etat sur le coût excessif des maisons de retraite...
Pour autant, cette montée de l'inquiétude est-elle réellement justifiée ? Si l'on peut toujours s'inquiéter de l'avenir, ce n'est objectivement pas le cas aujourd'hui. Il faut rappeler notamment que le nombre des lits de maisons de retraite habilitées à l'aide sociale (autrement dit, dont les résidents peuvent bénéficier de l'aide sociale à l'hébergement) est largement supérieur au nombre de résidents effectivement pris en charge par les départements. On peut aussi rappeler que le nombre de bénéficiaires de l'aide sociale à l'hébergement (ASH) est resté stable sur la dernière décennie, essentiellement grâce à l'amélioration du revenu moyen des retraités et à l'introduction de nouvelles prestations comme l'APA : 120.000 personnes en 2001 et un peu plus de 119.000 en 2010. Enfin, on retiendra que les bénéficiaires d'une prise en charge au titre de l'ASH représentent moins de 1% de la population âgée de 60 ans ou plus et 2,1% de celle âgée de 75 ans ou plus.