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Economie mixte - Les EPL : un "effet multiplicateur" pour l'économie locale

Les entreprises publiques locales ont un effet sur le développement de l'ensemble de leur territoire, voire au-delà. C'est ce que montre la Fédération des EPL dans une nouvelle étude sur "l'empreinte socio-économique des EPL", publiée le 23 mars. Leur activité génère un total de 276.000 emplois, d'après ses calculs. Un modèle que la fédération entend défendre au moment où se met en place la réforme territoriale. Les régions, notamment, pourraient monter en puissance.

Les entreprises publiques locales (EPL) sont "des PME au service des PME". Pour le sénateur de l’Isère Jacques Chiron, président de la Fédération des EPL, ces entreprises à capitaux publics (dans une proportion variable selon le statut) ont d’importantes retombées sur le tissu économique local. Elles représentent 7% du volume des marchés publics, soit environ 2 milliards d’euros. Mais ces marchés permettent à leur tour de confier des travaux à "35.000 PME pour un montant de 3,7 milliards d’euros", s'est-il félicité lors d’une conférence de presse, le 23 mars, à l’appui d’une étude sur "l’empreinte socio-économique des EPL" réalisée avec le Crédit coopératif. Les EPL "sont au cœur de l’écosystème productif local, et sont créatrices de richesses au bénéfice des entreprises locales", a-t-il insisté.
Les 1.250 EPL – que ce soit les Sem, les SPL créées en 2010 ou, plus récemment, les SemOp – ont ainsi un effet d’entraînement important sur l’ensemble de l’économie, du fait de leurs achats courants de biens et services, des salaires qu’elles versent ou des investissements auprès des fournisseurs (acquisition d’équipements)... Elles génèrent ainsi 26,4 milliards d’euros de valeur ajoutée, dont 21,7 milliards d’euros indirectement. Leur activité permet de créer 50.000 emplois directs mais elle participe en même temps à la création ou au maintien de 226.000 emplois en aval, chez les fournisseurs notamment. Cet "effet multiplicateur" est supérieur à celui d’une entreprise classique, assure la fédération : quand une entreprise produit 600.000 euros de valeur ajoutée, une EPL en produit 5 millions, soit 8 fois plus.

"Leur création de richesse va bien au-delà de leur territoire, elle permet d’irriguer tout autour", a fait valoir Jean-Baptiste Foucras, responsable des études à la fédération des EPL. Ainsi, en Auvergne-Rhône-Alpes, les 186 EPL locales créent 88% de leur richesse dans leur région et 12% au-delà. Sur les 34.300 emplois générés, 11% le sont en dehors de la région.

Une "vraie réponse" pour les services publics

Les EPL sont à 52% des PME, à 45% des micro-entreprises et à 3% des entreprises de taille intermédiaire. Elles ont une "capacité à rebondir plus vite que les autres" et bénéficient de la "stabilité de leur actionnariat", a fait valoir Benjamin Gallèpe, responsable de la promotion au sein de la fédération. Pourtant, on assiste à des rapprochements : une cinquantaine de groupements d’intérêt économique (GIE) ont ainsi vu le jour. De là à y voir la préfiguration de holdings, comme en Suède…

L’engouement pour l’économie mixte ne s’est pas démenti ces dernières années, avec un rythme d’une cinquantaine de créations par an (contre une dizaine de disparitions). Même si la SemOp n’a pas connu le démarrage escompté. On en compte seulement six, un peu plus de deux ans après son lancement.
Au vu des contraintes budgétaires des collectivités, les EPL sont "une vraie réponse pour mener à bien les services publics, c’est un outil souple, performant, guidé par l’intérêt général", a souligné Benjamin Colin, du Crédit coopératif. D’ailleurs, a assuré Jacques Chiron, "si les collectivités continuaient avec les régies, elles n’y arriveraient pas ; au niveau des textes, elles ne pourraient plus le faire".
Les EPL sont de plus en plus présentes dans la promotion territoriale et le tourisme, les énergies renouvelables, les services à la personne… Certaines gèrent des centrales de géothermie, d’autres des maisons médicales. Leur grande force "c’est leur capacité à s’implanter sur les besoins" estime Benjamin Gallèpe.

Intérêt marqué par les intercommunalités

Pour la fédération, l’impact du "burn out" de la réforme territoriale est encore difficile à évaluer. Les quelque 200 projets en cours montrent cependant un intérêt marqué des intercommunalités : 54% des projets sont portés à cet échelon (tendance qui devrait s’accentuer avec la réforme territoriale), contre 34% par les communes, et 5% par les départements. "Les métropoles, les intercommunalités importantes ont envie de créer ce type d’outils", a constaté Jacques Chiron. Si les régions sont en retrait, elles comptent pour 45% des marchés des EPL (elles peuvent par exemple passer par des Sem d’aménagement départementales pour la construction de lycées), soit l’équivalent du bloc communal (communes et intercommunalités). Mais elles devraient être plus nombreuses d’ici quelques mois, prévoit la fédération. "Jusqu’ici, les régions étaient peu utilisatrices de ces outils, mais avec les compétences élargies, elles ont bien vu qu’ils existaient", a fait observer Jacques Chiron. Une question reste en suspens : que vont devenir les 300 EPL départementales, que ce soit en matière d’aménagement, de développement économique ou de tourisme ? "Se pose un problème de rachats de leurs parts, il n’est pas sûr que les intercommunalités aient toujours les moyens de le faire", commente Jean-Baptiste Foucras.