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Emploi - Les entreprises d'insertion ne se sentent plus écoutées

Le CNEI estime que les entreprises d'insertion ne sont plus écoutées par l'Etat, avec lequel les relations se seraient dégradées au fil des années.

"On n'est pas écouté ; l'insertion par l'activité économique (IAE) est sous-développée car l'Etat n'y croit plus." C'est ainsi qu'Olivier Dupuis, secrétaire général du Comité national des entreprises d'insertion (CNEI), décrit les relations dégradées entre l'Etat et les entreprises d'insertion. Pourtant, d'après le secrétaire général, les capacités sont là. Ces entreprises proposent chaque année près de 250.000 solutions d'insertion à des personnes en difficulté sociale et professionnelle. Leurs résultats sont plutôt satisfaisants : un chiffre d'affaires de 503 millions d'euros pour les entreprises adhérentes au CNEI en 2010, en progression de 10%, et un taux de sorties des salariés en insertion de 58% (24% de sorties vers l'emploi durable, 18% de "sorties positives" et 16% de sorties vers l'emploi de transition). "Pour un euro investi, on considère qu'on a 3 euros de retour", précise Olivier Dupuis qui estime aussi qu'on peut tripler l'offre d'insertion. Mais les moyens se font rares. Une étude publiée en juin 2010 par la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) faisait état d'un sous-financement de ces structures. L'aide au poste que perçoivent les entreprise de l'IAE pour chaque emploi en insertion n'a pas été réévaluée depuis dix ans. Et pour pallier ce manque financier, l'Etat a seulement proposé des contrats de performance, auxquels les entreprises d'insertion ont d'abord été très opposées. "Les relations se sont tendues au fur et à mesure", précise le secrétaire général, jusqu'au point d'orgue récent où le CNEI a appris que, parallèlement aux négociations sur ces contrats de performance et aux expérimentations en cours dans quatre départements (Doubs, Haut-Rhin, Gironde, Rhône) sur une aide au poste modulable, l'Etat menait une négociation avec Adecco pour expérimenter de nouvelles modalités pour l'insertion. "On nous a totalement enfumés, affirme Olivier Dupuis. D'un côté l'Etat semblait discuter avec nous, de l'autre, il négociait autre chose avec un grand groupe de travail temporaire, ce n'est pas acceptable." Pour montrer son indignation, le CNEI a transmis le 21 octobre 2011 un courrier à la DGEFP. A l'occasion de son université d'automne, qui s'est tenue ces 2 et 3 novembre, le comité a également avancé des propositions qu'il compte soumettre aux candidats à la présidentielle : un plan d'action sur cinq ans permettant aux entreprises d'insertion d'embaucher chaque année 150.000 personnes. Pour le moment, la lettre adressée à la DGEFP est restée sans réponse, "comme la plupart de nos courriers", précise Olivier Dupuis.