Culture / Education - Les départements ont su se saisir des schémas de développement des enseignements artistiques
A l'initiative de l'Assemblée des départements de France (ADF), un inspecteur des enseignements artistiques et de l'action culturelle au ministère de la Culture et un sociologue de l'université de Montpellier 1 ont mené une vaste étude sur "les dispositifs départementaux d'éducation et de soutien aux arts vivants et aux arts plastiques". Il s'agissait en l'occurrence d'évaluer la mise en œuvre de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, et plus particulièrement son volet relatif aux schémas départementaux de développement des enseignements artistiques (article 101).
Un effet de levier pour les schémas départementaux
Ce travail s'appuie à la fois sur une enquête nationale par questionnaire (retournée par 52 départements) et sur des rencontres sur place avec des départements. Parmi ses nombreux enseignements, cette enquête met en évidence la légitimité acquise par les départements en matière d'éducation artistique et culturelle. Une légitimité confortée plutôt qu'initiée par les schémas départementaux, puisque 80% des départements considèrent qu'ils s'investissaient déjà dans ce secteur avant la loi de 2004.
Cependant, "l'élargissement, en termes d'esthétiques et de disciplines, des schémas reste encore à venir". Ceux-ci restent en effet très centrés sur la musique et parfois sur la danse et, dans les deux cas, sur les disciplines académiques, même si quelques départements s'ouvrent aux musiques actuelles. De même, l'étude estime que "les liens entre établissements publics et structures associatives restent encore à structurer pour mieux mailler le territoire, diversifier l'offre et penser les parcours d'amateurs d'une part, et les parcours professionnels des intervenants d'autre part".
Autre enseignement : si les départements étaient déjà impliqués dans ce domaine, les schémas ont joué un rôle incontestable de levier dans le développement de l'éducation artistique et culturelle. Il reste néanmoins 14% de départements qui n'ont toujours pas élaboré leur schéma, plus de dix ans après la loi de 2004. Pour les autres, le schéma constitue "un outil pertinent pour créer une vraie dynamique territoriale et faire bouger les lignes en matière de dispositifs, de disciplines enseignées et de méthode d'enseignement. Mais aussi pour élargir le périmètre initial des schémas aux pratiques des amateurs (71% des cas) et à l'éducation artistique et culturelle (71% des cas)".
Le département reste un échelon pertinent
Aujourd'hui, 83% des départements mettent ainsi en œuvre des dispositifs d'accompagnement des pratiques amateurs. De façon plus traditionnelle, 94% des départements de l'enquête mettent en œuvre des dispositifs de soutien à la création et à la diffusion artistique. Si les critères de l'Etat restent importants, les départements sont aujourd'hui plus autonomes dans leurs choix artistiques.
Autre chiffre tiré de l'enquête : 81% des départements ont développé "de véritables compétences en matière d'ingénierie culturelle" et 69% travaillent à introduire plus de transversalité dans leurs politiques publiques.
Outre un focus sur la question de la formation, l'étude passe également en revue un certain nombre d'enjeux, par rapport à la décentralisation - les deux auteurs se prononcent très clairement en faveur du maintien d'un "niveau intermédiaire", en l'occurrence le département -, mais aussi par rapport aux principes même de l'éducation artistique et culturelle, aujourd'hui presque exclusivement centrée sur les enfants.