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Culture / Education - Le Cese pointe les retards de l'éducation artistique et culturelle

Il y a un an, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) décidait de s'autosaisir de la question de "l'éducation artistique et culturelle tout au long de la vie". Un an après, il vient d'adopter le rapport et l'avis correspondants, présentés par Claire Gibault, chef d'orchestre et vice-présidente de la section de l'éducation, de la culture et de l'éducation du Cese, qui fut également députée européenne de 2004 à 2009. Cette adoption s'est faite à la quasi-unanimité, par 168 voix pour et 5 abstentions. Cet avis intervient alors que la ministre de la Culture vient d'attribuer une enveloppe supplémentaire de 10 millions d'euros pour le développement de l'éducation artistique et culturelle (EAC, voir notre article ci-contre du 17 septembre 2013).
Tout en rappelant que l'EAC "est fondamentale pour l'épanouissement de la personne et du citoyen", le Cese porte un regard très critique sur son état actuel. Le rapport relève notamment que, si la fréquentation des équipements culturels s'est globalement accrue ces dernières décennies, les inégalités d'accès à l'art se sont creusées entre les catégories socioprofessionnelles. Entre 1973 et 2008, la fréquentation des équipements culturels par les ouvriers a ainsi connu une baisse. En outre, ces inégalités sociales se doublent d'inégalités territoriales, dans la mesure où "les initiatives dans les territoires dépendent de la volonté politique des élus et de la capacité financière des collectivités". Résultat : "les dispositifs spécifiques d'éducation artistique et culturelle manquent de cohérence et ne touchent que 10 à 20 % des jeunes". Et les autres lieux de vie "sont marqués par des initiatives intéressantes mais inégalement réparties sur les territoires."

Investir d'autres lieux que l'école

Face à ce constat plutôt sombre, le rapport formule de nombreuses propositions. Elles sont regroupées en quatre grands axes, dont le premier consiste à "développer l'éducation artistique et culturelle par la pratique artistique tout au long de la vie, pour tous et sur tous les territoires". Alors que Aurélie Filippetti a signé, le 27 septembre, une convention-cadre avec Vincent Peillon (voir notre encadré ci-dessous), le CES suggère justement de ne pas concentrer les efforts sur l'école mais d'implanter l'EAC aussi dans d'autres lieux tels que l'entreprise, l'hôpital, les établissements pour personnes âgées... Le rapport suggère toutefois d'encourager la présence des artistes du spectacle vivant à l'école en leur permettant d'intervenir au moins 80 heures par an, de développer des ateliers artistiques dans les centres de formation pour apprentis, mais aussi - plus insolite - de mettre en place une chorale dans chaque collège.
Le second axe porte sur le développement de la complémentarité entre les différents acteurs de l'EAC, avec notamment la création d'une mission interministérielle dédiée et la désignation de référents culturels au sein des institutions, afin de faire le lien entre l'école et les structures. L'EAC devrait également trouver sa place dans tous les programmes européens de mobilité.
L'avis du Cese propose également de ressusciter l'éducation populaire, en en faisant un outil de transformation des territoires et de la société. Ceci suppose, entre autres, de valoriser davantage les pratiques amateurs collectives et de définir un cadre juridique et financier.
Enfin, le dernier axe concerne la formation des acteurs (enseignants, artistes et amateurs). Sur ce point, l'avis recommande de mettre en place un module d'EAC - notamment pour les professeurs des écoles - au sein des écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) et de renforcer la présence des disciplines artistiques aux concours de recrutements des professeurs des écoles.

Jean-Noël Escudié / PCA

"Un établissement, une œuvre" pour faire entrer l'art contemporain à l'école

Vincent Peillon, Aurélie Filippetti, Martin Malvy au nom de  l'Association des régions de France (ARF), et le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) ont signé, le 27 septembre, à Toulouse, une convention-cadre nationale visant à développer l'exposition dans les établissements scolaires d'œuvres issues des fonds régionaux d'art contemporain (Frac). Platform, une association réunissant 23 Frac, était également présente.
Cette convention lance l'opération "un établissement, une œuvre" : chaque établissement participant accueillera une œuvre d'art ou un ensemble d'œuvres provenant du Frac de sa région. L'exposition des œuvres fera l'objet d'un projet pédagogique porté par l'équipe éducative en concertation avec le Frac. Un cadre d'action sera élaboré dans chaque région.
L'objectif est de sensibiliser à l'art contemporain les élèves qui en sont souvent plus éloignés, en exposant des oeuvres dans des écoles et des collèges,  comme les régions le font déjà  dans les lycées. Pour cette année scolaire 2013-2014, il s'agit de toucher "autant de collèges que possible en privilégiant les établissements situés en zone d'éducation prioritaire et les zones rurales isolées".
Cette convention s'inscrit dans le cadre de la loi de refondation de l'école du 8 juillet 2013, qui prévoit la mise en place de parcours d'éducation artistique et culturelle pour les élèves, afin de les sensibiliser à toutes les formes d'art.
V.L.


 

 

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