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Social - Les CCAS confrontés à une précarité croissante

Des demandes d'aides en hausse, des difficultés croissantes pour payer sa facture d'électricité ou son loyer, des personnes qui renoncent à certains soins, des enfants qui ne mangent plus à la cantine parce que cela coûte trop cher… Le tableau qui se dessine à travers le baromètre de l'action sociale locale que vient de présenter l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) ne surprendra peut-être pas, mais a de quoi inquiéter. "La situation est explosive", déclare d'ailleurs le président de l'Unccas et président du conseil général du Nord, Patrick Kanner, évoquant une "massification de la pauvreté". Le titre choisi pour cette quatrième édition du baromètre annuel réalisé par l'Unccas auprès de l'ensemble des CCAS et CIAS est lui aussi sans appel : "Les CCAS au pied du mur". Au pied du mur, dans la mesure où ces centres connaissent aujourd'hui de vraies "difficultés à suivre le rythme des demandes" d'aides, tel que l'a expliqué Marie Mallet, conseillère technique à l'Unccas, en présentant l'étude ce 19 septembre à Paris. D'où, a-t-elle relevé, un ralentissement de la hausse tant des montants alloués par les CCAS que des "taux d'octroi" des aides sollicitées par les publics accueillis.
Ce baromètre 2012 - qui mesure non pas les volumes et les évolutions des aides effectivement accordées par les CCAS mais la perception qu'en ont les agents et les élus -, fait bien apparaître, pour les deux tiers des répondants, une hausse des demandes d'aides qui leurs sont adressées. Et ce, pour la quatrième année consécutive. Alors que dans le passé, le premier "motif déclencheur" d'une demande d'aide était un changement de situation en termes d'emploi (chômage, passage à un temps partiel subi…), aujourd'hui, la première raison invoquée est ainsi formulée : "les difficultés quotidiennes liées au paiement des factures", à commencer, très clairement, par les factures d'énergie. "On le constate sur tous les types de territoires, c'est massif", souligne Marie Mallet, relevant que cela a d'ailleurs conduit environ la moitié des CCAS à établir des partenariats avec les fournisseurs d'énergie.

Le non-recours touche même les services municipaux

Viennent ensuite les loyers à payer. Mais aussi les services municipaux – cantine, transports, accueil périscolaire, colonies de vacances... -, notamment en milieu rural. Ce qui pose naturellement la question de la tarification de ces services, sachant que les politiques tarifaires à dimension sociale sont généralement moins développées par les communes rurales que par les grandes villes, estime-t-on à l'Unccas. Jean-Paul Delevoye, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui accueillait la présentation de cette étude dans ses locaux, a d'ailleurs insisté sur le paradoxe soulevé par ces "difficultés de paiement des services municipaux" (surtout lorsque celles-ci suscitent une demande d'aide auprès du CCAS de la même commune…), alors même que ces services participent des politiques locales de prévention. "Les autres acteurs, tels que les conseils généraux ou les CAF, ne peuvent laisser les petites collectivités seules face à cela", a-t-il estimé.
La moitié des CCAS implantés en milieu rural constatent même une hausse des demandes d'aide alimentaire. Y compris de la part des personnes âgées, auxquelles cette édition du baromètre consacre un focus, sachant que le prochain congrès de l'Unccas, qui aura lieu les 11 et 12 octobre à Marseille, sera précisément consacré au vieillissement. Des personnes âgées qui, lorsqu'elles poussent la porte d'un CCAS "cumulent souvent une précarité économique et relationnelle", observe Marie Mallet. Elles viennent en premier lieu demander de l'information sur l'aide à domicile ou évoquer leurs difficultés de paiement du reste à charge lié à cette aide.
En termes de publics accueillis, ceux en augmentation sont notamment les familles monoparentales (sur l'ensemble du territoire), les familles avec enfant en milieu rural ou dans les petites villes et les personnes âgées isolées dans les grandes villes.