Dépendance - Les aidants naturels victimes de discriminations au travail ?

Est-il possible d'être un aidant naturel auprès d'un proche et de continuer à travailler sans être victime de discrimination ? Telle est la question posée lors d'un séminaire organisé conjointement le 26 mars dernier par Macif-Mutualité et la Ligue des droits de l'Homme - en présence de Michèle Delaunauy -, et dont les conclusions sont mises en ligne sur le site dédié de la Macif "Avec les aidants".
Les travaux de ce séminaire se sont appuyés sur une enquête consacrée aux "bonnes pratiques en entreprise", réalisée avec le concours du CNRS dans le cadre d'un programme du fonds social européen. Celle-ci montre une grande disparité de situations selon le profil des entreprises (niveau d'exposition à la concurrence, taille, taux de féminisation...). L'enquête constate ainsi que "la conciliation entre le rôle professionnel et le rôle d'aidant d'une personne en perte d'autonomie est complexe. Les employeurs redoutent une perte d'investissement professionnel des salariés concernés par leur rôle d'aidant. En l'absence de dispositif juridique dédié et suffisant pour prendre en charge ce phénomène social, les entreprises mènent des politiques bien différentes auprès de ces salariés".

Une typologie des pratiques des entreprises

L'enquête a cependant permis de dresser une typologie des pratiques entreprenariales. Les discriminations entre salariés aidants et non-aidants sont ainsi plus fréquentes dans les grandes entreprises, non par volonté délibérée, mais par ignorance de la situation personnelle des salariés. Seconde type d'attitude : "l'apparente neutralité des entreprises". Les salariés adaptent alors leur situation professionnelle en modifiant leur contrat de travail (passage au temps partiel), en jonglant avec RTT et vacances... "L'engagement limité" consiste, pour les entreprises, à s'adapter à la situation du salarié, mais pour une durée limitée et sous forme d'engagements informels (aménagement du temps de travail, possibilité de travail à domicile...). Malgré sa fragilité juridique, cette attitude présente l'avantage, pour les salariés concernés, de poursuivre leur travail et de maintenir leur niveau de rémunération. Comme son nom l'indique, le "légalisme" consiste à s'en tenir strictement aux dispositions prévues par le Code du travail, qui offre aux aidants certaines possibilités : congé de soutien familial, congé de présence parentale, aménagements d'horaire... Pour sa part, la "mise à contribution des salariés" - qui a fait l'objet de quelques initiatives récentes - repose sur la solidarité au sein de l'entreprise. Elle consiste, sur une base volontaire, à redistribuer le temps entre salariés aidants et non-aidants, sous la forme d'un don de journées de RTT. Enfin, "le transfert de ressources de l'entreprise au profit des aidants" reprend le même dispositif, mais en y ajoutant une contribution financière de l'entreprise.
Les échanges au sein du séminaire ont fait émerger un certain nombre de mesures prioritaires, parmi lesquelles la mise en place d'un dispositif d'aménagement du temps de travail des aidants, le développement des lieux de répit et d'échanges, le suivi médical des aidants... De son côté, l'Association nationale des DRH (ANDRH) a annoncé la mise en place d'un groupe de travail sur la question.