Social - Le surendettement touche de plus en plus de personnes âgées
La Banque de France publie son "Enquête typologique 2010 sur le surendettement". Réalisée tous les trois ans depuis 2001, cette étude s'efforce de cerner le profil et les caractéristiques des personnes surendettées. La dernière vague repose sur l'analyse de données extraites des dossiers examinés et déclarés recevables par les commissions de surendettement du 1er janvier 2010 au 31 octobre 2010, soit un ensemble de 176.731 dossiers concernant 223.908 personnes.
L'étude apporte de nombreuses informations sur la réalité du surendettement. L'une des plus intéressantes est la forte montée en charge des plus de 55 ans parmi les personnes en situation de surendettement reconnu. De 12,6% en 2001, leur part dans le total des dossiers est en effet passée à 23,1% en 2010. A l'intérieur de cette tranche d'âge, les 65 ans et plus sont également en hausse, passant de 4,3% à 7,8% sur la même période. La Banque de France avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène : prise en charge prolongée des enfants, relative stagnation du montant des retraites, effets de la crise sur le poids des dettes professionnelles pour certaines professions indépendantes... Malgré cette hausse spectaculaire sur une période aussi courte, les tranches d'âges les plus concernées par le surendettement restent toutefois les 35-44 ans (28% du total) et les 45-54 ans (26%).
Le poids croissant des locataires
Une autre évolution majeure depuis dix ans concerne le lien entre surendettement et logement. La part des locataires est en effet en hausse, passant de 75% en 2001 à 80% en 2010. A l'inverse, la part des propriétaires recule fortement : de 10,1% à 4,9% pour les propriétaires accédants et de 4,5% à 2,6% pour les propriétaires. Le solde correspond aux personnes logées à titre gratuit et aux autres cas de figure (logement en maison de retraite, personnes sans domicile fixe...). Ces évolutions sont la conséquence directe de la hausse des loyers, auxquels un certain nombre de locataires ne peuvent désormais plus faire face. Pour mémoire, on rappellera que les locataires représentent seulement 37,5% de la population française et sont donc fortement surreprésentés dans les situations de surendettement.
Un autre facteur - déjà bien connu - de surendettement est, bien sûr, le chômage (28,2% des dossiers, auxquels s'ajoutent 8,7% de sans profession). Mais le surendettement touche aussi les actifs, y compris ceux disposant d'un emploi stable. Contrairement à une idée reçue, les salariés en CDI représentent ainsi 31,8% des personnes en situation de surendettement, contre 4,7% pour les salariés en CDD et 1,8% pour les intérimaires.
En termes de ressources - et de façon logique -, 54% des surendettés disposent de ressources inférieures ou égales au Smic. Si ce chiffre est quasi stable par rapport à la vague précédente de 2007 (55%), il est en revanche en hausse de 12 points par rapport à 2001. Dans le même ordre d'idées, la part des personnes surendettées ayant des revenus inférieurs ou égaux au montant du RSA socle est de 5% si l'on considère le montant du RSA socle pour une personne (460 euros en 2010) et de 12% si l'on prend en compte ce montant pour deux personnes (690 euros). Autre signe de dégradation : la part des dossiers présentant une capacité de remboursement inférieure ou égale à 450 euros - comprise entre 74% et 78% lors des précédentes enquêtes - atteint désormais 84% en 2010.
Un endettement moyen de 34.500 euros par dossier
Enfin, le niveau d'endettement moyen s'établit en 2010, pour les dossiers recevables, à 34.500 euros, avec près de dix dettes par dossier. Cet endettement se compose de dettes bancaires (83%), d'arriérés de charges courantes (9%) et d'arriérés de dettes diverses (8%). Signe d'un certain impact des mesures de protection du consommateur, la part du recours excessif au crédit dans les causes de dépôt de dossiers passe de 37% en 2001 à 13% en 2010. Il reste néanmoins que les crédits à la consommation sont présents dans 91% des dossiers d'endettement, avec un montant moyen de 23.670 euros et une moyenne de 5,1 dettes. Nettement moins nombreux (7% des dossiers), les prêts immobiliers représentent en revanche des dettes beaucoup plus importantes, avec une moyenne de 89.140 euros. De leur côté, les dettes de charges courantes sont présentes dans 76% des dossiers, avec une moyenne de 4.130 euros. Elles correspondent principalement aux dettes liées au logement, à l'énergie et à la communication.