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Emploi - Le service public local de l'emploi ne passe pas par la case "région"

Les régions sont remontées contre une instruction qui fixe les modalités de mise en oeuvre des "services publics de l'emploi local" sans les mentionner explicitement.

La bataille pour l'emploi ne se joue pas à Paris mais dans les bassins d'emploi. C'est en substance le message que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, veut faire passer depuis plusieurs semaines. Les sous-préfets ont été désignés comme les fers de lance de cette mobilisation générale. Ils sont amenés à piloter un service public de l'emploi local (Spel). L'objectif : mettre en musique localement les annonces du président de la République du 10 février sur l'emploi des jeunes et le chômage de longue durée et la sécurisation des parcours professionnels. Et, surtout, rapprocher les demandeurs d'emploi des annonces qui ne trouvent pas preneur. Une instruction du délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle du 3 mars apporte ainsi quelques précisions. Ces Spel devraient tenir leur première réunion avant le 15 mars et seront amenés par la suite à se réunir tous les mois. Parmi leurs membres de droit figurent les responsables de la Direccte, de Pôle emploi et des missions locales concernés. Les sous-préfets peuvent aussi élargir les Spel à des "partenaires utiles" : maisons de l'emploi, Cap emploi, Afpa, élus locaux, entreprises, chambres consulaires, partenaires sociaux, organismes de formation, Opca et réseaux d'experts-comptables. Les préfets de région devaient arrêter les contours des bassins d'emploi avant le 11 mars. A présent, chaque Spel a jusqu'au 25 mars pour se fixer des objectifs à atteindre par trimestre et par année. L'accent est mis sur les "métiers en tension" qui ne trouvent pas preneur. Un diagnostic identifiera les causes de ces tensions (défaut d'attractivité de certains métiers, refus d'offres d'emplois, etc.) et débouchera sur un plan d'action.

"Ce Spel fait rire tout le monde"

Pour les régions, qui revendiquent haut et fort de pouvoir expérimenter un véritable service public régional de l'emploi et de la formation, la pilule est amère. Alors qu'elles sont officiellement en charge de la formation professionnelle, nulle part en effet l'instruction ne les mentionne explicitement. A l'heure où Etat et régions doivent préparer ensemble les nouveaux contrats d'objectifs et de moyen, cette affaire vient une nouvelle fois ternir leurs relations. "Ce Spel fait rire tout le monde, réagit-on à l'ARF. L'image du sous-préfet qui passait dans les années 1960 distribuer la prime d'aménagement du territoire est terminée. Cela revient à lancer les gardes suisses du Pape dans un conflit mondial." Les régions estiment avoir la légitimité pour coordonner la politique locale de l'emploi et veulent jouer le "rôle d'ensemblier" aux côtés des autres collectivités, communautés d'agglomération, conseils généraux. Elles relèvent en outre quelques "incohérences" comme la suppression de l'allocation de fin de formation (AFDEF) pour les chômeurs au profit de la rémunération de formation de Pôle emploi (RFPE) financée par les partenaires sociaux mais réservée exclusivement aux formations de Pôle emploi. Les formations régionales ne sont donc pas concernées.
L'ARF sera reçue mercredi 16 mars dans les bureaux du ministre du Travail. Voilà un nouveau sujet de discussion venant s'ajouter à une liste déjà longue.