Le secteur des télécoms, grand orphelin du gouvernement Barnier ?
L'Avicca, la FNCCR et la fédération Infranum estiment que les télécoms sont les grands oubliés du gouvernement de Michel Barnier avec le rattachement de la secrétaire d'État au Numérique et à l’Intelligence artificielle, Clara Chappaz, au ministère de la Recherche. Or les réseaux sont la première pierre de l'IA, rappellent les trois associations.
D'Axelle Lemaire à Jean-Noël Barrot en passant par Mounir Mahjoubi et Cédric O, le numérique était jusqu'à présent rattaché au ministère de l'Économie. Certes, l’intitulé du poste ne contenait pas systématiquement les "communications électroniques", mais leur rattachement à un ministère à la tête de la puissante direction générale des entreprises, à la manœuvre sur le plan THD, le New Deal et la 5G, était un gage. Du reste, Marina Ferrari, dernière titulaire du poste, a été signataire de l'accord (contesté) avec Orange sur la couverture fibre des zones denses alors que le THD n'était pas explicite dans son titre. La nouveauté avec Clara Chappaz, secrétaire d'État chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, est d'être désormais rattachée au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. En outre, le profil de cette représentante de la société civile, passée par la start-up d'e-commerce Vestiaire Collective avant de prendre la tête de la mission French Tech, laisse clairement augurer d'un profil très centré sur l'innovation.
Défaut de portage "complet"
Cette nomination fait tiquer la filière de l'aménagement numérique. L'Avicca, la FNCCR et les industriels des télécoms (Infranum) se sont fendus le 24 septembre 2024 d’un communiqué commun pour demander un "portage complet" du dossier numérique au sein de l'équipe de Michel Barnier. Les trois associations s’interrogent ainsi "sur la place accordée aux télécommunications, aux territoires connectés et durables et à l'inclusion de chaque Française et chaque Français dans la transformation numérique de la France". Ils estiment que la filière télécom, qui "pèse 40 milliards d'euros" dans l'économie française, manquent d'un interlocuteur identifié alors qu'elle doit faire face à de nombreux défis : fin du cuivre, généralisation de la fibre, couverture totale en fibre et mobile, qualité des accès à la fibre optique… Les associations soulignent que "la transition numérique de la France, pour être complète, y compris sur les sujets de l'IA ou des start-up, ne peut s'appuyer sur une absence de socle de télécommunications, pas plus qu’elle ne peut se faire en laissant sur le côté des millions de Françaises et Français".
Interlocuteurs multiples
Le scénario le plus probable est que Marc Ferracci, ministre délégué à l'Industrie au sein de Bercy, hérite du dossier télécoms. Pour en avoir la certitude, il faut attendre les décrets d'attribution des ministres. Ceux-ci détaillent le champ d'intervention des ministres et les administrations qu'ils chapeautent ou copilotent (DGE, ANCT, Dinum…). Mais une chose apparaît d'ores et déjà certaine : il faudra aux représentants des collectivités toquer à de nombreuses portes pour défendre des dossiers numériques interdépendants.