Catherine Vautrin : "Un ministère aux contours complexes"
Lors de la passation de pouvoirs avec Christophe Béchu et Dominique Faure, la nouvelle ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation a insisté sur sa volonté de dialogue avec les élus locaux. Elle a évoqué les diverses dimensions de ce ministère... mais n'a pas parlé de décentralisation. Les premières réactions des associations d'élus locaux à la composition du gouvernement Barnier sont relativement positives mais encore très prudentes.
Parmi les passations de pouvoirs organisées ce lundi 23 septembre suite à l'annonce deux jours plus tôt de la composition du gouvernement Barnier (voir notre article du 22 septembre), celle qui concernait le plus directement les collectivités était sans doute le passage de relais entre Christophe Béchu et Catherine Vautrin. L'un en tant qu'ancien ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (secondé par Dominique Faure en tant que ministre déléguée chargée des collectivités et de la ruralité), l'autre en tant que nouvelle ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation.
Propulsée d'un grand ministère (Travail, Santé, Solidarités) à un autre de plein exercice, Catherine Vautrin se voit confier un portefeuille multicarte puisqu'il comprend, non seulement la ruralité (dont aura la charge Françoise Gatel), mais aussi le commerce et l'artisanat (également Françoise Gatel), la mer et la pêche (François Loher) et, surtout, les transports (François Durovray), domaine auparavant sous la houlette des ministères de la Transition écologique et de Bercy.
De quoi inciter Catherine Vautrin à parler de "ministère aux contours complexes, dont le fil rouge est dans le titre". Désignant ses trois ministres délégués comme "l'équipe des 3F", elle a, lors de sa prise de parole suivant celle de Christophe Béchu, assuré vouloir "travailler ensemble le cadre de vie, les transports, la ruralité, les collectivités… sans lesquelles notre République ne serait pas ce qu'elle est". Et la ministre d'avoir un mot pour chacun de ses coéquipiers, mais aussi pour Valérie Létard, la nouvelle ministre du Logement, présente pour prendre le relais de Guillaume Kasbarian, ancien ministre délégué au logement de Christophe Béchu : "Je ne doute pas que nos échanges vont être particulièrement fréquents, tant l'accès au logement est une priorité."
"Je sais les difficultés auxquelles sont confrontés les élus locaux dans leur engagement (…), je sais leur souci d'une gestion publique toujours exemplaire (…). Je veux m'adresser à chacun de ces élus pour leur promettre des échanges francs et bienveillants, avec une attention toute particulière à leurs moyens d'agir", a poursuivi Catherine Vautrin.
D'emblée, donc, une attention appuyée portée aux élus et, semble-t-il, aux finances locales. En revanche, si l'intitulé de son ministère avait de quoi susciter un espoir quant à une relance de la décentralisation, Catherine Vautrin n'en a rien dit. Le mot décentralisation n'a même pas été prononcé.
De nombreux élus locaux, certes...
Pas de prise de parole officielle de la part de Françoise Gatel, mais quelques propos ensuite devant la presse. "Il y a toute une partie de notre territoire (...) où les gens se sentent, surtout les jeunes, assignés à résidence et un peu oubliés. Il faut donc qu'on renoue avec l'espérance dans les territoires", a déclaré celle qui était jusqu'ici notamment présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités. Saluant la "brochette" de nombreux élus locaux qui composent ce gouvernement, parmi lesquels de nombreux maires, Françoise Gatel a revendiqué une "culture du 'Comment on fait pour que ça marche ?'".
"La présence parmi les ministres nommés samedi de nombreux élus locaux, sensibles à la réalité des politiques publiques locales, est de nature à infléchir les mauvais signes envoyés depuis plusieurs semaines, notamment le risque de coupes budgétaires dans les collectivités et de mise en danger du fonds vert, essentiel à la mise en place de projets concrets pour la transition écologique du pays", a réagi lundi matin dans un communiqué Intercommunalités de France à l'annonce de la composition du gouvernement, saluant à ce titre la nomination de Catherine Vautrin, d'ailleurs ancienne vice-présidente de l’association. Sébastien Martin, le président d'Intercommunalités de France, n'entend toutefois pas "donner d'emblée un satisfecit à Catherine Vautrin", estimant qu'"un partenariat, ça se construit" et disant préférer "attendre la feuille de route", rapporte l'AFP.
Autres propos rapportés par l'AFP, ceux de Philippe Laurent, l'un des vice-présidents de l'Association des maires de France (AMF) : "Je pense qu'il y a une ouverture et une sensibilité forte aux questions territoriales." Le maire de Sceaux dit toutefois espérer que les ministres auront "suffisamment d'autorité sur leurs administrations".
Si Départements de France ne peut que se réjouir d'avoir l'un des siens au gouvernement, en la personne de François Durovray, jusqu'ici président du département de l'Essonne, l'association a surtout tenu, dans un communiqué détaillé diffusé ce lundi matin, à relister tous les sujets sur lesquels elle a des attentes fortes. À commencer par l'enjeu financier devenu urgent pour des départements "soumis à la double contrainte de ne maîtriser ni leurs ressources, ni une part croissante de leurs dépenses". Notamment les dépenses sociales : insertion, handicap, grand âge, enfance… François Sauvadet n'oublie d'ailleurs pas de rappeler que Catherine Vautrin avait décidé, dans son précédent ministère, "l'extension du Ségur qui a valu 170 millions de dépenses en plus pour les départements, sans le moindre coup de fil". L'enjeu des compétences est également mentionné, avec une énième demande de "décentralisation plus aboutie". Reste maintenant à savoir si une réforme de la décentralisation figurera bien en bonne place dans le futur décret d'attribution de Catherine Vautrin.