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Culture - Le RMI et le RSA, c'est aussi pour les artistes

Le grand nombre de candidats à des carrières artistiques et le faible nombre d'élus en ce domaine conduisent à une forte représentation du secteur culturel parmi les bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI) et sans doute bientôt du revenu de solidarité active (RSA). Ceci vaut notamment dans les grandes villes, sièges d'une importante activité culturelle, et plus encore à Paris. Sur les 54.595 allocataires du RMI au 31 décembre 2007, la capitale compte ainsi environ 8.000 artistes. La même situation se retrouve en matière de communication, secteur dans lequel Paris est également surreprésentée avec environ 2.000 allocataires.
Cette situation a conduit la ville à commander à l'Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa) - créée en janvier 2006 à l'initiative de Martin Hirsch - une étude intitulée "Lever les obstacles au retour à l'emploi dans les secteurs du spectacle et de la communication". Ses résultats montrent le profil particulier des allocataires issus du secteur artistique, qui justifie la mise en oeuvre d'actions spécifiques d'insertion : majorité d'hommes (59% et jusqu'à 94% dans certaines filières techniques du spectacle comme les métiers du son), niveau de formation le plus souvent élevé, travail intermittent... L'étude passe également en revue, avec un regard critique, différentes explications possibles à ce poids des artistes parmi les allocataires du RMI : effet de la réforme du régime des intermittents du spectacle, nombre d'artistes trop important par rapport aux possibilités d'emploi, offre culturelle insuffisante, inadaptation du dispositif RMI...
Le rapport de l'Ansa propose un ensemble de mesures regroupées en quatre axes. Le premier consiste à mettre en place un suivi, un accompagnement et des lieux communs. Ce nouveau dispositif remplacerait l'actuelle cellule d'appui aux artistes mise en place par la ville de Paris et jugée "très peu développée dans ses rôles et missions". Le second axe consiste à augmenter les débouchés et à "stimuler l'emploi" des allocataires du RMI, grâce à la valorisation des cultures de communauté, au développement des activités d'éducation artistique et culturelle, à la diversification des budgets d'action culturelle et à la modification des critères d'attribution des aides. Le troisième axe propose de soutenir les projets collectifs et de mettre à disposition des outils utiles à ces projets, en particulier à travers la création d'une coopérative d'activité culturelle. Enfin, le quatrième axe doit permettre de mieux concilier ressources de solidarité et revenus d'activité pour éviter les "trappes à RMI" et offrir une vraie alternative aux allocataires artistes. A ce titre, le rapport juge le RSA particulièrement bien adapté au secteur culturel et propose d'engager une réflexion sur la mise en place d'un statut alternatif à celui d'allocataire du RMI, ouvert aux artistes qui le souhaitent. Les propositions relatives au secteur de la communication s'inspirent assez largement de celles formulées pour la culture, avec toutefois une proposition originale : la création d'une agence de conseil en communication d'insertion.
Le plan départemental d'insertion (PDI) 2008, adopté par le conseil de Paris le 7 juillet 2008, reprend notamment l'idée d'un accompagnement renforcé. La ville va donc lancer prochainement un appel d'offres en vue de mettre en place un dispositif d'accompagnement personnalisé des allocataires artistes.

 

Jean-Noël Escudié / PCA