Prévention santé - Le rapport Flajolet propose des projets de santé locaux associant les élus
Le député du Nord André Flajolet a présenté à la ministre de la Santé, le 28 avril, son rapport sur les disparités territoriales des politiques de prévention sanitaire. Celui-ci constitue le quatrième pilier de la future loi réformant l'organisation du système de soins, après les rapports Berland (organisation de la santé), Ritter (agences régionales de santé) et Larcher (réforme de l'hôpital). L'objectif affiché du rapport Flajolet est de "favoriser une réponse des professionnels qui soit adaptée aux besoins de santé de la population générale, mais également des populations et des personnes aujourd'hui éloignées de la prévention, voire des soins".
Le rapport est particulièrement sévère dans ses constats. Il pointe notamment les retards français en matière de prévention, au regard des principaux pays européens. Il les explique principalement par l'absence d'une politique générale et ambitieuse en la matière, malgré des "germes prometteurs" comme la loi de 2004 relative à la politique de santé publique ou la mise en place de plans nationaux en ce domaine (plan national nutrition santé, plan national santé environnement...). Mais le rapport souligne également le manque d'implication de la population dans la préservation de sa santé, en grande partie par méconnaissance des enjeux et des réponses possibles.
En termes de propositions, le rapport Flajolet se révèle nettement moins innovant - dans un domaine, il est vrai, déjà largement balayé - que les autres documents de préparation de la future loi sur l'organisation des soins. Il met notamment en avant la nécessité d'une politique nationale de "prévention globale" et souligne la nécessité de renforcer la formation et de faire émerger de nouveaux métiers liés à la prévention : métiers d'écoute et d'orientation, éducateurs santé... Les propositions les plus originales concernent surtout la réduction des inégalités sociales. Elu d'une région défavorisée en matière d'indicateurs de santé publique, André Flajolet propose de "concentrer les moyens dédiés aux politiques de prévention sur les territoires et les populations en butte à des disparités de santé majeures" et de fixer pour cela des objectifs chiffrés de réduction des écarts. Il préconise également d'associer les élus locaux, qui ont une bonne connaissance des populations concernées, à la définition des objectifs de prévention. Cette association des élus - et d'autres partenaires institutionnels non médicaux comme les caisses d'allocations familiales - pourrait se concrétiser sous la forme de projets de santé locaux.
Pour donner corps à cette approche, André Flajolet propose aux pouvoirs publics de lancer une expérimentation dans le Nord-Pas-de-Calais, à travers une convention d'objectifs et de moyens signée entre l'Etat et la région. Le rapport fournit un avant-projet de ce que pourraient être les objectifs, le périmètre et les modalités de cette démarche expérimentale.
Jean-Noël Escudié / PCA