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Santé - Un plan régional de santé publique de 76 millions d'euros pour le Nord-Pas-de-Calais

Le préfet de la région Nord-Pas-de-Calais a annoncé, le 4 décembre, le lancement d'un plan régional de santé publique associant l'Etat, la région et les deux départements. Le plan mobilisera 76,5 millions d'euros sur la période 2007-2011. Cette enveloppe est en hausse de 18% sur celle du plan précédent (65 millions d'euros), qui couvrait la période 2000-2006. L'objectif - partagé par tous les acteurs institutionnels - est de rattraper le retard de la région en matière sanitaire, encore confirmé par la récente enquête de la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (Fnors) consacrée aux indicateurs transversaux de santé publique. Celle-ci plaçait le Nord-Pas-de-Calais en mauvaise position - le plus souvent au dernier rang - sur la quasi totalité des indicateurs. L'espérance de vie à la naissance est ainsi, chez les hommes de 72,8 ans dans le Nord-Pas-de-Calais contre 77,3 ans en Midi-Pyrénées, soit un écart considérable de quatre ans et demi.
Le plan, dispositif prévu par la loi de santé publique du 9 août 2004, sera mis en œuvre par le Groupement régional de santé publique (GRSP) installé en octobre 2006. Il financera notamment des actions de lutte contre les pratiques addictives (alcool, tabac, drogue) - à hauteur de 21% du total -, des actions générales d'éducation à la santé (11%), passant en particulier par la promotion d'une alimentation équilibrée et de l'activité physique, et des actions spécifiques à destination des jeunes et des enfants (la prévalence de l'obésité est deux fois plus élevée dans le Nord-Pas-de-Calais que dans les régions du sud). En termes de pathologies, 10% de l'enveloppe ira à la lutte contre les cancers. Le nombre de décès correspondants dans la région est supérieur de 41% à la moyenne nationale chez les hommes et de 16% chez les femmes. L'Etat et l'assurance maladie financeront la plus grande partie du plan (56,5 millions d'euros). La région et les deux départements apporteront le solde sur une base volontaire.
Confrontées à un retard significatif en la matière, ces trois collectivités ont en effet décidé de poursuivre leur engagement en faveur de la santé, en dépit du retour à l'Etat de la plupart des compétences sanitaires lors de l'acte II de la décentralisation. Le conseil régional a ainsi adopté, en février 2006, un rapport d'orientation intitulé "La santé des habitants, un enjeu permanent pour le Nord-Pas-de-Calais" et définissant les priorités et les engagements de l'institution en ce domaine. Pour sa part, le département du Nord a adopté un plan "Solidarité santé" 2006-2011 comportant trois volets consacrés respectivement à l'amélioration de l'accès aux soins, au renforcement de la prévention des MST, de l'éducation sexuelle et de la prévention des grossesses non désirées et, enfin, à la prévention et à la lutte contre les conduites addictives. La région et les deux départements ont également signé une charte commune pour la prévention et l'amélioration de la santé de la population du Nord-Pas-de-Calais.
Ces collectivités gardent d'ailleurs un œil plutôt critique sur le PRSP. "Les priorités définies par l'Etat étant trop nombreuses, le risque est d'aboutir à un saupoudrage des crédits", résume Michel Vancaille, premier vice-président du Pas-de-Calais. Plaidant lui aussi pour une "simplification des actions", Michel Autès, président de la Conférence régionale de la santé et vice-président du conseil régional, "regrette que dans le contrat de projets Etat-région, l'Etat n'ait pas souhaité inclure un volet santé".

 

Jean-Noël Escudié / PCA