Santé - Les indicateurs régionaux de santé publique présentent des écarts très importants
La Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (Fnors) publie un rapport très riche en informations, consacré aux indicateurs transversaux de santé publique. Ceux-ci s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique qui définissait un certain nombre d'indicateurs nationaux. Le principal apport de l'étude est de montrer l'ampleur des écarts entre régions sur les différentes thématiques étudiées : démographie, mortalité générale, mortalité prématurée et morbidité. Ces écarts entre régions commencent dès la naissance. Ainsi, entre 1981-1983 et 2002-2004, l'indice conjoncturel de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer) a progressé de 8,8% en Ile-de-France, tandis qu'il reculait de 15,6% en Corse. La pyramide des âges est tout aussi contrastée : les 60 ans et plus représentent 19,6% de la population de l'Ile-de-France, mais 31,5% de celle du Limousin. Les écarts sont plus importants encore en termes de progression : entre 1982 et 2004, la part des 75 ans et plus dans la population a progressé, pour les hommes, de 11,4% en Alsace contre 62,7% en Basse-Normandie et, pour les femmes, de 0,4% en Ile-de-France contre 33,9% en Basse-Normandie.
En dépit d'un pilotage très centralisé du système de santé, la mortalité infantile varie pratiquement du simple au double : 2,6 décès pour 1.000 naissances vivantes en Corse, mais 4,9 en Lorraine. L'espérance de vie à la naissance présente un écart de quatre ans et demi pour les hommes (77,3 ans en Midi-Pyrénées contre 72,8 dans le Nord-Pas-de-Calais) et de deux ans et demi pour les femmes (83,5 ans en Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, contre 81 ans dans le Nord-Pas-de-Calais). Il existe également des écarts importants dans la mortalité selon les tranches d'âge. Celle-ci peut en effet aller du simple au double : 69 décès pour 100.000 hommes de 15 à 34 ans en Ile-de-France (essentiellement par accidents et traumatismes), contre 125 en Corse. Au total, la mortalité prématurée (avant 65 ans) va, chez les hommes, de 245 décès pour 100.000 personnes en Midi-Pyrénées à 398 dans le Nord-Pas-de-Calais et, chez les femmes, de 111 décès en Rhône-Alpes à 166 toujours dans le Nord-Pas-de-Calais. Les années potentielles de vie perdue (APVP, nombre d'années "non vécues" avant 65 ans en raison d'un décès prématuré) représentent ainsi, chez les hommes, 3.973 années pour 100.000 personnes-années en Rhône-Alpes et 3.995 en Ile-de-France, contre 5.549 dans le Nord-Pas-de-Calais et 5.372 en Picardie.
Les chiffres de la mortalité ne sont pas déterminés par la seule morbidité. Ainsi, le nombre d'admissions en affections de longue durée (ALD) atteint, chez les hommes, son maximum en Alsace (2.376 admissions pour 100.000 personnes) et son minimum en Lorraine (1.899). Chez les femmes, les chiffres vont de 1.325 (Pays-de-la-Loire) à 1.891 (Corse). Les causes elles-mêmes de ces ALD varient fortement d'une région à l'autre. La même diversité se retrouve en matière d'hospitalisation : de 193 séjours hospitaliers pour 1.000 personnes en Limousin jusqu'à 281 en Corse (chez les hommes) et de 164 à 250 chez les femmes (pour les deux mêmes régions).
Ainsi que le soulignent les auteurs, pour expliquer les raisons des différences observées, "des analyses plus poussées, sortant du cadre de ce travail descriptif seraient nécessaires, [...] faisant appel à des données complémentaires sur l'offre de soins ou les comportements de santé et à des mises en commun des expertises développées par les différentes personnes ayant en charge le recueil et l'analyse en routine des données ici présentées". Malgré cette réserve, l'étude de la Fnors fournit déjà, en l'état, une mine d'informations sur l'état de santé dans les régions métropolitaines.
Jean-Noël Escudié / PCA