Logement - Le PTZ dope l'accession à la propriété, mais pas forcément pour les plus modestes
La Société de gestion des financements et de la garantie de l'accession sociale à la propriété (SGFGAS) publie les statistiques du prêt à taux zéro (PTZ) pour le premier trimestre 2016 et pour l'année 2015. Transformé et élargi à la fin de 2015 (voir nos articles ci-contre), le PTZ constitue l'une des principales aides à l'accession à la propriété. Sa réforme – dont notamment l'ouverture aux travaux de rénovation – a introduit des changements importants, en termes quantitatifs comme qualitatifs.
Une forte augmentation du montant moyen du PTZ
Le nombre de PTZ accordés a ainsi atteint 17.642 au premier trimestre 2016, dont 79% dans le neuf et 21% dans l'ancien. Le chiffre est pratiquement identique à celui du dernier trimestre 2015 (17.448), mais la part de l'ancien est en forte hausse (seulement 6% au dernier trimestre 2015). Si la progression du nombre de PTZ accordés au premier trimestre 2016 est modeste par rapport au dernier trimestre 2015 (+1,1%), ce chiffre marque en revanche un quasi doublement (+98%) par rapport au premier trimestre 2015. Même si l'objectif de 120.000 PTZ en 2016 est encore loin d'être atteint, il reste que ces chiffres traduisent incontestablement l'engagement d'une dynamique qui devrait se poursuivre tout au long de l'année.
L'évolution est également très rapide en termes géographiques. Les territoires ruraux (zone C) représentaient ainsi 95% des PTZ dans l'ancien au dernier trimestre 2015. Un trimestre plus tard, ce taux n'est plus que de 62%.
Sous l'effet des changements de conditions d'octroi, le montant moyen du PTZ accordé progresse très fortement, passant de 38.064 euros à 63.723 euros le dernier trimestre 2015 et le premier trimestre 2016. En revanche, le montant moyen de l'opération financée grâce au PTZ se réduit légèrement : sur la même période, il passe en effet de 196.513 à 187.140 euros. De même - et en lien avec le montant du prêt -, la durée moyenne du PTZ progresse, passant de 20 à 22 ans.
En termes de catégorie socioprofessionnelle (CSP), la principale composante est celle des employés (34%) suivi des professions intermédiaires (24%), des ouvriers (24%) et des cadres (11%). Sur un trimestre, la part des ouvriers progresse légèrement, passant de 21% à 24%.
Les écarts se creusent fortement dans l'accession à la propriété
Si le nouveau PTZ booste ainsi incontestablement l'accession à la propriété (et désormais les travaux de rénovation), il reste que cet élargissement et cet accroissement se font principalement au bénéfice des classes moyennes. L'accession à la propriété a eu en revanche tendance à se dégrader pour les plus modestes.
Reprenant les chiffres d'une récente étude de la Drees (voir notre article ci-contre du 1er juin 2016), l'Observatoire des inégalités relève ainsi, dans un article du 19 juillet, que 16% des ménages âgés de 25 à 44 ans appartenant au quart le plus modeste sont aujourd'hui propriétaires d'un bien immobilier, contre plus du double (34%) en 1973. A l'inverse, l'accès à la propriété s'est nettement amélioré chez les plus aisés : sur la même période, la proportion de propriétaires de leur logement est passée de 43% à 66%...
Un creusement des écarts que l'Observatoire des inégalités explique notamment par des conditions d'emprunts plus difficiles, par l'augmentation des prix de l'immobilier, mais aussi par "des politiques d'accession à la propriété bénéficiant surtout aux classes moyennes".