Rentrée scolaire 2018 - Le plan Mercredi plutôt très bien accueilli
Une annonce quelque peu tardive, des modalités de financement pas tout à fait calées, des interrogations sur la capacité à rassembler pour proposer des activités périscolaires de meilleure qualité... mais à part ça, les associations d'élus expriment leur satisfaction générale quant au plan Mercredi présenté le 20 juin par Jean-Michel Blanquer.
"Bravo Monsieur Blanquer !" disent les maires ruraux. L'Association des maires de France (AMF) considère qu'elle "obtient satisfaction sur plusieurs demandes" (mais "reste vigilante"). Le Réseau français des villes éducatrices (RFVE) et l'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes (Andev) se félicitent également du plan (tout en estimant que celui-ci "ne peut pas se résumer à un financement supplémentaire"). Au lendemain de la présentation du plan Mercredi par Jean-Michel Blanquer (voir notre article ci-dessous du 20 juin), tour d'horizon des réactions.
Un plan destiné aussi aux communes à quatre jours et demi
L'AMF s'est d'abord félicitée d'avoir obtenu "l’assurance du maintien du fonds de soutien durant le quinquennat pour les communes restant à quatre jours et demi". C'était pour elle un préalable. Dès lors, elle souligne avec soulagement que le plan est "destiné à toutes les collectivités volontaires, qu’elles aient choisi la semaine de quatre jours et demi ou le retour à la semaine de quatre jours".
L'AMF déclare également avoir "obtenu satisfaction" sur plusieurs demandes prioritaires comme le doublement de la prestation de service de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), passant de 54 centimes à un euro par heure et par enfant, ainsi que la souplesse accordée aux acteurs locaux et l’allègement des normes d’encadrement des accueils de loisirs sans hébergement (ALSH).
Quelle traduction dans la COG 2018-2022 avec la Cnaf ?
Elle estime que le projet éducatif territorial (PEDT) "doit rester un outil souple et adapté aux besoins des territoires" et qu'"il ne faudrait pas que le renforcement des exigences attendues sur la qualité du PEDT soit de nature à écarter les collectivités qui n’auront pas les moyens d’organiser les activités périscolaires sous la forme d’un ALSH déclaré".
Elle s'engage à rester "vigilante concernant le caractère pérenne des engagements financiers annoncés et les négociations toujours en cours sur la prochaine convention d’objectifs et de gestion [COG] qui sera signée cet été entre l’Etat et la Cnaf". Et dans ce cadre, "elle sera particulièrement attachée aux éventuelles incidences sur le financement des autres heures périscolaires, de l’accueil extrascolaire ainsi que de la petite enfance et de la politique familiale au sens large". En d'autres termes, il ne faudrait pas que ces trois lignes budgétaires soient revues à la baisse pour abonder le plan Mercredi.
"Le nécessaire est là pour soulager collectivités et familles"
Ou comment ne pas "déshabiller Pierre pour habiller Paul", auraient pu dire les maires ruraux. Mais l'Association des maires ruraux de France (AMRF) a changé de ton depuis cet hiver (1). "Mesures, financements, le nécessaire est là pour soulager collectivités et familles tout en garantissant un bon usage des deniers publics (avec des critères précis, le lien entre scolaire et périscolaire et la qualification des intervenants…)", disent-ils aujourd'hui à propos du plan Mercredi. A peine verrait-on une touche d'ironie dans une allusion au calendrier serré pour les équipes municipales : "Nous l’attendions depuis un an. Le voilà, à quelques jours de la fin de l’année scolaire." Et s'ils saluent eux aussi "le passage de l’aide 54 centimes à 1 euros par enfant", ils "regrettent" aussi que "l’absence de prise en compte de l’espace et de la densité d’enfants dans les territoires continue à pénaliser le rural pour organiser et financer les activités".
Mais ils ont bon espoir dans l'avenir, ayant trouvé en Jean-Michel Blanquer "un ministre de l’Education nationale particulièrement à l’écoute et engagé dans le soutien au monde rural sur les préoccupations et propositions des élus". Ils citent à ce propos "la prise en compte de la vie globale des enfants (pas uniquement sur le temps scolaire)", le fait que "périscolaire et scolaire doivent raisonner et travailler ensemble", l’urgence à reconsidérer le "fantoche" CDEN (conseil départemental de l'Education nationale). Ils saluent également "la prise en compte de l’accueil de 3 ans à la condition que les services de l’Education les intègrent dans l’effectif au moment de préparer la carte scolaire".
"Une nouvelle étape commence"
Avec le plan Mercredi, "une nouvelle étape commence", préviennent dans un communiqué de presse commun le RFVE, l'Andev, les Francas et la Ligue de l'enseignement. Ils se félicitent de cette "nouvelle démarche de développement de la qualité de l’action éducative locale passant par l’organisation d’accueils de loisirs le mercredi". Ils saluent les annonces financières et considèrent que l’intégration du plan Mercredi dans le PEDT est une bonne chose dans la mesure où il est "de nature à rassembler, à l’échelle de la commune, tous les acteurs éducatifs autour de projets partagés : l’école, les parents d’élèves, les associations, les collectivités locales, et les premiers concernés, à savoir les enfants…"
"Mais cela nécessite désormais un travail important de mobilisation, de construction d’un contenu robuste et d’une bonne articulation entre les acteurs", alertent-ils. Un travail "important" rendu acrobatique du fait de "cette annonce tardive".
Ils rappellent également que "taux d’encadrement, qualification des animateurs ou encore engagements pris sur la base de la charte Qualité proposée par le ministère sont autant d’éléments incontournables d’un accueil de loisirs de qualité". Ils demandent par conséquent des précisions sur "les nouvelles normes d’encadrement adaptées pour les futures collectivités labellisées".
Ils suggèrent enfin que le partenariat entre collectivités, services de l’Etat et fédérations d’éducation populaire - qu'ils estiment "nécessaire à la réussite de ce plan" - se traduise par la mise en place d'instances de suivi aux échelles départementale et nationale.
(1) "Il n’est pas acceptable de déshabiller Loïc pour habiller Stéphanie", avait déclaré Vanik Berberian, président de l'AMRF, à propos des dédoublements des classes de CP et CE en REP, qu'il soupçonnait de se faire par des suppressions de postes d'enseignants dans les territoires ruraux (voir nos articles Les maires ruraux déclenchent l'alerte orange du 23 janvier 2018 et Rentrée des classes 2018 - Les dédoublements des classes en REP sont-ils responsables des fermetures des classes rurales ? du 12 février 2018).