Périscolaire : le nombre de places d'accueil "a plus que doublé" avec la réforme des rythmes éducatifs
En 2015-2016, selon l'Injep, on comptait en France 2,6 millions de places d'accueil périscolaire pour les enfants de moins de 12 ans, soit "près de 39 places pour 100 élèves". Des chiffres qui reflètent l'impact de la réforme des rythmes éducatifs menée entre 2013 et 2016. D'un point de vue plus large, celui de l'Union européenne et de l'accueil formel de tous les enfants de 12 ans ou moins, la France se situe à la dixième place, selon Eurostat. 40% d'enfants fréquentaient des structures formelles de garde en 2016 ; cette part était de 86% au Danemark et de 1% en Lettonie.
Deux publications récentes font le point sur l'offre d'accueil formel des enfants. Celle de la France, avec l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), qui observe une "forte croissance" des accueils de loisirs sur le temps périscolaire "en lien avec la réforme des rythmes éducatifs". Et celle de l'Europe, avec une analyse d'Eurostat portant plus largement sur la fréquentation des structures formelles de garde d'enfants de 12 ans ou moins - petite enfance comprise.
L'accueil périscolaire est encore "rare" dans les petites communes
En France, la moitié des communes ayant une école disposaient en 2015-2016 d'un accueil périscolaire ; 86% des élèves étaient scolarisés dans ces communes. "Les 2,6 millions de places destinées à ces mineurs âgés de moins de 12 ans représentaient près de 39 places pour 100 élèves de l’enseignement du 1er degré", précise l'Injep dans sa publication de janvier 2018. Un accueil périscolaire était présent en 2015-2016 dans la quasi-totalité des communes scolarisant plus de 2.000 élèves ("493 communes sur 503, soit 98% d’entre elles"). A l'inverse, cette offre "restait rare pour les communes qui scolarisaient de 1 à 50 élèves (1.558 sur 7.306, soit 21% d’entre elles)".
"Le développement de l’activité des accueils périscolaires (…) a débuté en amont de la réforme", entre 2008 et 2013, observe l'Injep. Ainsi en 2012-2013, "à la veille de la mise en œuvre de la réforme, près du tiers des communes pourvues d’au moins une école disposaient également d’un accueil périscolaire".
900.000 places en 2012-2013 à 2,2 millions en 2014-2015 : l'impact de la réforme des rythmes
Avec la réforme des rythmes éducatifs, la création de lieux d'accueil "a progressé rapidement en 2013-2014", puis "explosé en 2014-2015" ("+ 30,4% en un an pour s’établir à 23.200"). La création de nouveaux lieux a été principalement le fait de communes de taille moyenne, puisque les plus grandes communes étaient déjà équipées.
Surtout, "le nombre de places ouvertes sur le temps périscolaire a plus que doublé", passant de 900.000 en 2012-2013 à 2,2 millions en 2014-2015. Sur la même période, le nombre moyen de places ouvertes par structure est ainsi passé de 50 à 103.
L'étude ne mentionne pas les éventuelles conséquences, sur le nombre de lieux d'accueil périscolaire et de places, du retour de la majorité des communes à la semaine de quatre jours pour les écoliers (voir notre article du 23 novembre 2017). "Quelle que soit l'organisation du temps scolaire, les collectivités qui se sont investies dans ce projet vont nécessairement chercher à maintenir les acquis de la réforme", y compris "le rythme soutenu de la fréquentation aux accueils périscolaires", estimait en décembre dernier Rozenn Merrien, présidente de l'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes (voir notre interview du 8 décembre 2017).
Lieux d'accueil formels : 39% des jeunes Européens les fréquentaient en 2016
Dans la deuxième étude, parue le 20 février 2018, Eurostat indique que "près de quatre enfants sur dix dans l'Union européenne fréquentent des structures formelles de garde d'enfants". L'organisme statistique de l'UE désigne ici "tout type de garde organisée/contrôlée par une structure (publique ou privée)", dont les centres d'accueil périscolaire, l'accueil organisé en milieu familial et les crèches.
En 2016, 39% des enfants âgés de 12 ans ou moins ont fréquenté l'une de ces structures, "29% à un prix plein ou réduit" et 10% de manière gratuite. La fréquentation des structures gratuites est toutefois plus courante dans les villes (11%) et agglomérations (10%) que dans les zones rurales (6%).
Au Danemark, 86% des enfants soit "près de neuf enfants sur dix fréquentent des structures formelles de garde d'enfants". A noter que, hors UE, l'Islande surpasse le Danemark puisque 100% des enfants sont gardés dans de telles structures. Dans huit pays de l'UE, la part des enfants concernés est supérieure à 50%, dont la Suède (70%), le Royaume-Uni (65%) et l'Allemagne (64%). Avec 40% d'enfants fréquentant les lieux d'accueil, la France se situe à la dixième place et légèrement au-dessus de la moyenne européenne.
68% des parents satisfaits de l'offre actuelle, 16% déplorent des freins financiers
Parmi les pays où les enfants de 12 ans ou moins fréquentent peu ces lieux d'accueil, citons l'Italie (8%), l'Espagne (4%) et les pays de l'Est de l'UE (dont la Lettonie, 1%). Interrogés sur les raisons de ne pas (plus) recourir à ces structures, les parents ont d'abord mis en avant l'absence de besoin (68%) - la situation actuelle leur convient, selon Eurostat -, avant les raisons financières ou d'autres freins - manque de place, horaires d'ouverture inadaptés, ... "Dans la plupart des Etats membres, le recours aux structures payantes est plus important que le recours aux structures gratuites", observe Eurostat, qui cite cinq exceptions dont le Royaume-Uni "(28% pour les structures payantes contre 37% pour les structures gratuites)" et la Grèce "(10% contre 13%)".
"L’accueil de l’enfance et l’aide à l’enfance constituent l’un des 20 principes essentiels du socle européen des droits sociaux", rappelle l'organisme qui dépend de la Commission européenne.