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Logement / Social - Le nombre de demandes au 115 a progressé de 24% entre 2012 et 2014

La Fnars (Fédération nationale des associations de réinsertion sociale) publie le rapport d'activité 2014 du 115. Sur les 37 départements dont les chiffres entrent dans le baromètre du 115, géré par la Fnars, 104.000 personnes ont sollicité l'an dernier ce numéro d'appel pour une demande d'hébergement et/ou de prestations. Souvent contraintes de réitérer plusieurs fois leur appel faute de disponibilités, ces personnes ont formulé 846.000 demandes sur la période.

Une "prégnance de la précarité sur les territoires"

Dans son rapport, la Fnars observe que "malgré le déficit chronique de solutions, le recours au numéro d'urgence ne diminue pas, témoignant de la prégnance de la précarité sur les territoires". Entre 2012 et 2014, le nombre d'appelants connaît certes une progression limitée (+2%), mais celui des demandes croît en revanche fortement (+24%, soit environ 162.000 demandes supplémentaires). En termes de nature des demandes, celles d'hébergement ont augmenté de 26% sur la période (771.500 demandes en 2014) - avec toutefois une légère baisse de 5% entre 2013 et 2014 - et celles relatives à des prestations de 8% (74.300 demandes en 2014).
Autre observation : "Le recours au 115 reste très marqué par la gestion au thermomètre, malgré l'objectif gouvernemental d'y mettre fin : les personnes le sollicitent plus les mois d'hiver lorsque les capacités sont renforcées, et moins le reste de l'année, confrontées aux réponses négatives." Selon la Fnars, ceci pourrait expliquer le recul des demandes d'hébergement observé en 2014, après une très forte progression en 2013. L'absence fréquente de solution d'hébergement découragerait progressivement les demandeurs, les dissuadant d'appeler.

Progression des familles, des mineurs et des femmes seules

Le rapport d'activité 2014 dresse également une typologie des demandeurs. Les hommes seuls restent le public principal du 115, avec 42% des demandeurs et 34% de l'ensemble des demandes d'hébergement. Mais ils sont désormais talonnés par les familles (39% du public du 115 en 2014, avec des sollicitations en hausse de 16%), suivies par les femmes seules (12% des demandeurs).
Cette progression des familles se traduit par l'implication d'un nombre croissant de mineurs : 20.600 en 2014, soit 21% de l'ensemble des publics. La quasi-totalité de ces mineurs (97%) sont en famille. Pour leur part, les 18-24 ans représentent 16% des appelants. Ils ne progressent que de 2% entre 2012 et 2014, ce que la Fnars explique par le fait qu'ils se découragent rapidement devant l'absence de solution.
Autre évolution notable : la hausse des ressortissants communautaires (9% des demandeurs) et extracommunautaires (40%). Au total, ces deux populations ont progressé de 31% entre 2012 et 2014, contre 3% pour les ressortissants français.

En 2014, une personne sur deux n'a pas obtenu de réponse à sa demande

Sans surprise - compte tenu des résultats des baromètres intermédiaires (voir notre article ci-contre du 9 décembre 2014) -, le rapport d'activité met en évidence "l'absence structurelle de réponse au 115", malgré l'obligation d'hébergement posée par l'article L.342-2 du Code de l'action sociale et des familles.
En 2014, une personne sur deux n'a pas obtenu de réponse à sa demande. Pourtant, les attributions d'hébergement ont progressé (+35% entre 2012 et 2014), mais "l'augmentation parallèle des demandes ne permet pas d'infléchir durablement le taux de non attribution". Ainsi, l'an dernier, 48.000 personnes (49% des situations) n'ont jamais été hébergées malgré leurs demandes réitérées. Seules 17% des personnes ont été systématiquement hébergées à la suite de leurs diverses sollicitations, tandis que 34% ont eu des réponses partielles.
Le rapport relève que "l'absence de réponse par le 115 est structurelle et se détériore : entre 2012 et 2014, 6.000 personnes supplémentaires ont été concernées par un défaut de réponse positive à la suite de leurs différentes demandes, soit une augmentation de 14%". Les centres 115 se trouvent ainsi placés "dans une gestion de la pénurie".

Une hausse de 78% en deux ans pour l'hébergement en hôtel

Lorsque des solutions existent, la solution la plus fréquente reste l'orientation vers un hébergement d'urgence (46%), suivie par le recours aux hôtels (36%, essentiellement pour les familles), l'hébergement d'urgence hivernal (12%) et les autres formes d'accueil (5%).
La Fnars rappelle que le recours à l'hébergement en hôtels a augmenté de 78% entre 2012 et 2014, "une évolution inadaptée pour les familles, auxquelles cette orientation est majoritairement proposée, et coûteuse".
Dernier point, en lien avec la date de publication du rapport : selon le rapport, "la situation ne s'améliore pas cet été : 52% des personnes ayant sollicité le 115 n'ont jamais pu obtenir de place en juin". Pourtant, comme le rappelle la Fnars, "la détresse sociale n'est pas moins importante en été, moment où la rue tue aussi". 

 

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