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Adoption - Le nombre d'adoptions internationales a reculé de 20% en 2007

Les difficultés croissantes de l'adoption internationale se confirment. Après une forte progression (+37%) entre 2000 et 2003, le nombre d'adoptions internationales a ensuite stagné durant les trois années suivantes, autour de 4.000 par an. Selon les chiffres pour 2007, que vient de publier l'Autorité centrale pour l'adoption internationale, la tendance est désormais à une baisse significative. L'an dernier, le nombre d'adoptions internationales par des couples français a ainsi reculé de 20,5%, s'établissant à 3.162 contre 3.977 l'année précédente. Ce recul se produit malgré une relative diversification des pays d'origine, passés de 69 à 74.
La répartition par pays d'origine varie très fortement d'une année sur l'autre, en fonction des changements des politiques nationales. En 2007, les principaux Etats sont ainsi l'Ethiopie (417 visas de sortie pour adoption, contre 397 l'an dernier), Haïti (403 contre 571), la Russie (402 contre 397), la Colombie (375 contre 321), le Vietnam (268 contre 742), la Chine (176 contre 314) et le Mali (135 contre 109). Ces pays représentent à eux seuls près de 70% des adoptions internationales. L'effondrement des visas accordés par le Vietnam et le très fort recul de ceux délivrés par la Chine - deux pays qui ont récemment durci les conditions d'accès à l'adoption par des étrangers - expliquent l'essentiel de la baisse d'ensemble enregistrée en 2007. Avec le recul de l'Asie, les origines par continent ont tendance à s'équilibrer : 21% pour l'Europe, 21% pour l'Asie, 28% pour l'Amérique et 30% pour l'Afrique (en hausse régulière). Au total, seuls 38% des adoptions internationales concernent des pays ayant ratifié la convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale.
En termes de procédures d'adoption internationale, la création de l'Agence française de l'adoption (AFA) - opérationnelle depuis le début de 2007 - a modifié la donne. L'an dernier, 41% des adoptions internationales se sont faites par l'intermédiaire d'un organisme autorisé pour l'adoption (OAA) et 19% par le biais de l'AFA, qui remplace, dans le rôle d'opérateur, l'Autorité centrale pour l'adoption internationale (qui a néanmoins encore réalisé 1,2% des adoptions). Les adoptions directes réalisées par les couples - les plus fragiles juridiquement et qui donnent parfois lieu à des abus de toute sorte - ont en revanche nettement reculé, passant de 48,8% en 2006 à 37,9% en 2007. Les OAA les plus actives ont été l'an dernier Médecins du Monde (214 adoptions), Destinées (102) et Les Amis des enfants du monde (101), tandis qu'une douzaine d'OAA ont réalisé moins de 10 adoptions.
Même si des évolutions conjoncturelles peuvent encore intervenir, ce recul de l'adoption internationale semble constituer une tendance de fond. Intervenant en novembre dernier - en pleine affaire de l'Arche de Zoé - lors du premier colloque organisé par l'AFA, Xavier Bertrand avait d'ailleurs souligné la nécessité "de tenir un discours de vérité à ceux qui souhaitent adopter". Le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité avait notamment rappelé que "ce sont [...] les droits de l'enfant - et non un quelconque droit à l'enfant - qui sont au centre de l'adoption internationale". Le rapport de Jean-Marie Colombani sur l'adoption, qui doit être très prochainement remis au président de la République, devrait sans doute apporter des premières pistes en la matière.

 

Jean-Noël Escudié / PCA