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Adoption - Un candidat sur deux parvient à adopter, après trois ans d'attente

L'Institut national d'études démographiques (Ined) publie, dans la dernière livraison de sa revue "Population", un article intitulé "Du désir d'adoption à l'accueil d'un enfant : une enquête en France". Réalisée dans dix départements à partir d'un échantillon de 1.856 dossiers de personnes ayant achevé une procédure d'adoption en 2001 ou 2002, cette étude apporte plusieurs informations originales. La première réside dans les délais entre le dépôt de la demande d'agrément et l'accueil de l'enfant. Celui se décompose en deux parties : 9 mois pour obtenir l'agrément - ce qui correspond au délai légal laissé au président du conseil général pour se prononcer -, puis 33 mois avant l'accueil effectif d'un enfant dans le cas d'une adoption en France (700 à 800 adoptions par an) et 22 mois dans le cas d'une adoption internationale (4.000 adoptions par an). Le délai moyen est donc d'environ trois ans. Cette durée explique sans doute, pour une bonne part, une autre information intéressante issue de l'étude de l'Ined : un candidat sur trois ne parvient pas à adopter, soit qu'il n'obtienne pas l'agrément (8%), soit qu'il abandonne son projet en cours de route (16%), le plus souvent en raison d'un divorce ou parce que la femme tombe enceinte. Plus surprenant : parmi les candidats agréés par le président du conseil général, un quart n'adoptera finalement pas, soit faute d'enfant, soit par abandon de la démarche.
L'étude montre également que les candidats à l'adoption répondent à un profil bien précis. Il s'agit majoritairement de couples sans enfants, stériles et socialement et économiquement favorisés. Il apparaît en effet que les services sociaux des départements ont tendance à privilégier ce type de profil, ce qui engendre des comportements d'auto-exclusion des candidats ne répondant pas à ces critères et anticipant une réponse négative. Selon Catherine Villeneuve-Gokalp, l'auteur de l'article, "les couples, âgés de 35 à 39 ans, sont ceux qui ont le plus de chances". Enfin, l'étude confirme l'existence de différences importantes entre départements. Mais - contrairement à ce que l'on pouvait penser - ces différences portent moins sur les décisions d'agrément que sur la fréquence des abandons en cours de procédure et sur les facilités d'accès à l'adoption internationale.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Référence : Catherine Villeneuve-Gokalp, Institut national d'études démographiques : "Du désir d'adoption à l'accueil d'un enfant, Une enquête en France", Population 2007-2, septembre 2007.