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Culture - Le gouvernement fait un geste pour le spectacle vivant

Le mécontentement exprimé publiquement par des gestionnaires de salles de spectacles et relayé par la Fédération des employeurs du spectacle vivant privé et public a finalement payé. A l'occasion de la réunion de l'ensemble des directeurs régionaux des affaires culturelles (Drac), Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, a annoncé une rallonge budgétaire de 34,8 millions d'euros pour les crédits 2008 affectés au financement du spectacle vivant. Dans un entretien à l'AFP, la ministre a bien pris soin de préciser que cette mesure a été prise, à sa demande, par "le Premier ministre et le président de la République". L'objectif est d'"apaiser les inquiétudes et les tensions extrêmement vives qui se sont exprimées". Cette enveloppe s'ajoutera aux 640 millions d'euros déjà prévus dans le budget 2008 pour le spectacle vivant. Les organisations culturelles se félicitent de cette mesure, même si le montant accordé n'atteint pas les 50 millions d'euros demandés par les professionnels. Elles continuent cependant de s'inquiéter des possibles conséquences du gel de précaution de 6% des crédits du ministère, sur lequel Christine Albanel est restée très discrète. Cette disposition, qui concerne l'ensemble des ministères, consiste à réserver une partie des crédits inscrits au budget, leur déblocage intervenant seulement en cas d'amélioration de la situation économique.
L'annonce de cette rallonge budgétaire devrait toutefois contribuer à apaiser les tensions entre le ministère et le monde du spectacle vivant. Celles-ci avaient encore été aggravées par le récent rapport de la Cour des comptes sur les dérapages des grands chantiers culturels de l'Etat, donnant aux institutions régionales le sentiment de payer pour éponger les dépassements des grands établissements culturels parisiens. Afin d'aller plus loin dans l'apaisement, la ministre de la Culture a également fait un second geste. Si elle a récusé le "Grenelle de la culture" réclamé par les professionnels - car, selon elle, "la culture n'est pas un domaine où tout est à construire" -, elle a annoncé pour 2008 la tenue des "entretiens de Valois" (du nom de la rue où siège le ministère). Ceux-ci réuniront l'Etat, les collectivités territoriales et les professionnels, en vue de remettre à plat toutes les grandes questions. Ces entretiens pourraient aussi être l'occasion de discuter du "contrat pluriannuel de performance" et de la "lettre de mission personnalisée", annoncés lors du Conseil de modernisation des politiques publiques du 12 décembre et qui fixeront aux opérateurs culturels "des objectifs précis et [seront] le cadre de la mesure de leur performance". Une disposition destinée à favoriser à la fois la diversification des publics et la bonne gestion des deniers publics, mais qui ne suscite guère d'enthousiasme chez les intéressés.

 

Jean-Noël Escudié / PCA