Economie sociale et solidaire - Le gouvernement dévoile ses 23 "pôles de compétitivité de l'ESS"
"Nous passons de la théorie à la pratique." A l'occasion de l'annonce le 10 janvier 2014 des 23 lauréats de l'appel à projets lancé en juillet 2013 pour le développement des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), Benoît Hamon, ministre délégué chargé de l'économie sociale et solidaire, n'a pas caché sa satisfaction. Sur les 180 dossiers reçus, preuve du succès de la démarche, 130 ont été jugés "recevables" et au final 23 ont été retenus, qui vont bénéficier de l'enveloppe financière de 3 millions d'euros prévue pour la période 2013-2014 dans le cadre de cet appel à projets. Des sommes issues des ministères de l'Egalité des territoires et du Logement, de la Ville, de l'Economie sociale et solidaire et du Redressement productif, et de la Caisse des Dépôts.
Ces pôles sont reconnus dans le cadre du projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire (article 5), déjà adopté par le Sénat le 7 novembre. Ils sont destinés à regrouper sur un même territoire des entreprises de l'ESS, en lien avec des collectivités territoriales, des centres de recherche, des établissements d'enseignement supérieur et de recherche, des organismes de formation, et autre, pour mettre en œuvre une stratégie commune de mutualisation et de coopération.
Les PTCE lauréats couvrent de nombreux secteurs d'activités, comme l'insertion par l'activité économique (paysage, bâtiment, recyclage), les services aux personnes (crèches, animation périscolaire, épicerie sociale, accueil de nouveaux habitants, logements passerelles), les activités culturelles et créatives. Un bon nombre concerne aussi la transition écologique, autour du développement des énergies renouvelables, l'agriculture biologique ou encore les circuits courts alimentaires.
Parmi ces pôles : la Coursive Boutaric, à Dijon, qui tente de structurer la filière culturelle et créative par la coopération, le Pôle Sud Archer, développé dans la Drôme, qui est destiné à favoriser ou initier de véritables coopérations économiques liées au renouveau productif ou encore le pôle développé par Lille Métropole, Lille MétroPôle solidaire.
D'autres appels à projets à venir
"Nous sommes très heureux, même si nous n'avons pas attendu l'appel à projets pour travailler, nos projets ayant pris leurs racines depuis longtemps", explique à Localtis Sandrino Graceffa, directeur général du pôle lillois, qui regroupe 19 entreprises, représentant 450 emplois. Pour le pôle, cette reconnaissance va permettre d'ouvrir des portes et d'aller chercher plus facilement des financements, notamment du côté des fonds européens. "L'Etat a impulsé et joue pleinement son rôle de levier, à nous maintenant de mobiliser d'autres moyens", précise Sandrino Graceffa. De son côté, le gouvernement a promis que les financements issus de cet appel à projets arriveraient rapidement dans les caisses des pôles sélectionnés. "La première tranche financière sera consentie d'ici la fin du mois de mars 2014", a assuré Benoît Hamon.
"Le modèle porté par l'ESS n'est plus vu avec dédain, a assuré Cécile Duflot durant l'annonce des lauréats. Chacun voit bien que l'avenir de notre territoire est dans cette volonté de renouer des liens."
Face au succès et dans l'objectif d'inscrire dans la durée la démarche, le gouvernement compte lancer de nouveaux appels à projets dans les années qui viennent, a priori dans les mêmes proportions financières, bien en-deçà de l'autre politique développée par le gouvernement, les pôles de compétitivité. "Nous ne sommes pas dans la même logique que les pôles de compétitivité. Sur un même département, il peut y avoir 5 ou 6 PTCE, ce qui n'est pas possible pour les pôles de compétitivité. Les financements ne sont donc pas à la même hauteur. Mais pour les PTCE, il y aura des projets intéressants si ce type d'appels à projets se répète." Même écho pour le directeur général du pôle Lille MétroPôle solidaire. "Il ne faut pas opposer les démarches, nous sommes complémentaires des pôles de compétitivité, explique-t-il à Localtis. La grosse différence, c'est que les pôles de compétitivité ont souvent été créés à l'initiative de la puissance publique, alors que notre démarche vient des acteurs de terrain. Certains d'entre eux gagneraient sûrement à regarder un peu ce que nous faisons…"