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Emploi des jeunes - Le gouvernement défend la garantie jeunes dans un contexte toujours aussi précaire

Depuis 2013, la garantie jeunes a bénéficié à près de 105.000 jeunes. Le gouvernement a mis en avant les bienfaits du dispositif généralisé depuis le 1er janvier 2017 lors d'une journée consacrée au dispositif le 30 janvier 2017. La situation des jeunes reste toutefois préoccupante.

La situation des jeunes en matière d'emploi ne s'est pas améliorée durant le quinquennat. Pourtant le gouvernement défend bec et ongles la garantie jeunes, l'un de ses dispositifs phares pour l'insertion des jeunes. Myriam El Khomri, ministre du Travail, et Patrick Kanner, ministre de la Ville, accompagnés par le nouveau délégué ministériel aux missions locales, Jean-Marc Seijo-Lopez, se sont attelés à célébrer sa réussite au cours d'une journée consacrée au dispositif, le 30 janvier 2017. Depuis son lancement, à titre expérimental, en 2013, le dispositif a bénéficié à près de 105.000 jeunes de moins de 16 à 25 ans révolus, leur offrant un accompagnement intensif vers l'emploi, et une allocation mensuelle. "Trois jeunes sur quatre ont un diplôme de niveau inférieur au bac ou n'ont pas de diplôme, a précisé Myriam El Khomri dès l'ouverture de la journée. Un quart vit dans un quartier de la politique de la ville ; le dispositif a permis d'augmenter de dix points le taux d'emploi total." D'après le gouvernement, le dispositif remplit donc ses objectifs, à savoir s'occuper des jeunes qui sont peu ou pas diplômés, qui ne sont ni en cycle d'études, ni en formation, et dont les ressources ne dépassent pas le plafond du RSA. "Beaucoup nous ont reproché l'argent mis dans la garantie jeunes, mais il faut un travail de dentelle qui nécessite un accompagnement de première main", a pour sa part souligné Patrick Kanner.

Plus de 7.300 jeunes entrés dans le nouveau parcours d'accompagnement

Avec la loi Travail du 8 août 2016, la garantie jeunes a été généralisée dès le 1er janvier 2017. Elle fait maintenant partie d'un parcours d'accompagnement contractualisé vers l'emploi et l'autonomie (Pacea), dont elle est la partie la plus intensive. "Plus de 7.300 jeunes sont entrés en Pacea depuis janvier, dont 4.500 dans sa phase garantie jeunes", a signalé Jean-Marc Seijo-Lopez. Une circulaire du 19 janvier est venu préciser la mise en oeuvre de ce parcours.
Associée aux autres dispositifs mis en place pour les jeunes, comme les emplois d'avenir (325.000 depuis le lancement en 2012 sur un objectif initial de 150.000), le plan 500.000 entrées en formation, qui bénéficie pour 30% aux jeunes, la garantie jeunes a, d'après le gouvernement, favorisé une baisse du chômage des jeunes par rapport à son niveau de 2012, "mais il y a encore beaucoup à faire", a assuré Myriam El Khomri. La réalité est en effet bien plus contrasté : le taux de chômage des 15-24 ans n'a pas baissé depuis 2012, il s'établissait à 25,8% en octobre 2016, contre une moyenne européenne à 20%. D'ailleurs, le rapport sur "l'insertion professionnelle des jeunes" de France Stratégie, remis à la ministre le 24 janvier 2017, était sans appel : un taux d'activité inférieur de 4,5 points à la moyenne européenne, des freins périphériques à l'emploi important (capacité de mobilité, maîtrise du numérique, état de santé, précarité des conditions de vie)…

Un budget renforcé

Le gouvernement a souhaité mettre en avant durant cette journée le budget qui est consacré au dispositif. Dans le cadre de la loi de finances de 2017, "il passe de 96 millions d'euros à 240 millions", a précisé la ministre du Travail, tandis que le budget consacré à l'accompagnement des jeunes au sein des missions locales passe de 200 millions d'euros en 2012 à 455 millions d'euros en 2017. Les missions locales voient aussi leur budget de fonctionnement augmenter de 15 millions d'euros en 2017. "Les moyens ont été mis sur la table, s'est félicitée Carine Chevrier, déléguée générale à l'emploi et à la formation, avec une part fixe à 80%, sécurisée." Mais la ministre du Travail ne veut pas envoyer de mauvais signal aux collectivités : "Nous ne voulons pas que les crédits supplémentaires de l'Etat amènent les collectivités à se désengager, il faut que cela permette de faire plus," a-t-elle insisté. Pour le délégué ministériel aux missions locales, "certaines collectivités ont en effet décidé en 2016 de se retirer du financement des missions locales, mais elles ne sont pas nombreuses". A l'heure actuelle, les collectivités représentent 40% du financement des missions locales.

Valoriser les initiatives du réseau des missions locales

Pour Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales (UNML) et d'Amicentre (Union régionale de la région Centre), la généralisation de la garantie jeunes et le rôle donné aux missions locales leur permettent de revenir à leurs fondamentaux : l'accompagnement global. "Avec la garantie jeunes, nous retombons sur nos fondamentaux : un accompagnement global et une approche territoriale, a-t-il précisé. Depuis 2005, avec le contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis), nous avons introduit l'entreprise et on est passé d'un accompagnement social à un accompagnement professionnel, de 'comment je lève les freins' au 'work first', la mise en situation d'emploi rapide."
Reste à savoir sur quelles bases se fera le suivi du travail des missions locales. Certains acteurs craignent ainsi que seuls les résultats quantitatifs seront analysés. De ce côté, l'Etat se veut rassurant. "Nous avons travaillé avec les différentes parties prenantes sur le sujet et l'indice d'autonomie fait partie des indicateurs de résultats", assure ainsi à Localtis Jean-Marc Seijo-Lopez. Le délégué ministériel compte valoriser tout ce qui se fait au sein des missions locales, pour harmoniser le réseau, et non l'homogénéiser. "Dès qu'on se pose une question, on sait qu'il y la réponse quelque part au sein du réseau ; il faut faire émerger ces initiatives, les mettre en lumière, explique-t-il à Localtis. Par exemple, la possibilité pour un conseil départemental de confier l'accompagnement des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) aux missions locales, dans le cadre du Pacea, inscrite dans le décret du 23 décembre 2016 (*) : il y a déjà des départements et des missions locales qui le font."

* Décret n° 2016-1855 du 23 décembre 2016 relatif au parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie et à la garantie jeunes

 

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