Emploi - Garantie jeunes : plus de 600 jeunes parisiens vont en bénéficier d'ici fin 2016 et 1.000 en 2017
"Au 1er janvier 2017, tout jeune en situation précaire qui frappera à la porte d'une mission locale pourra bénéficier de la garantie jeunes." Grâce à quels financements ? La ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social ne l'a pas précisé, le 12 avril 2016, lors du lancement de l'extension de la garantie jeunes dans la capitale, dans les locaux de la mission locale de Paris spécialement dédiés à l'accueil des bénéficiaires de ce dispositif, situés dans le 13e arrondissement. D'abord interdite d'entrée dans l'antenne par des opposants à son projet de loi Travail qui scandaient "Retrait, retrait de la loi El Khomri", la ministre est allée à la rencontre des premiers bénéficiaires de la garantie jeunes de la mission locale parisienne, de leurs encadrants et des partenaires du dispositif : les entreprises qui prennent les jeunes en stage d'immersion (Groupe Marriott Hôtels, BHV-Le Marais, la RATP, S3G Sécurité…), les organismes sociaux (Caisse primaire d'assurance maladie/CPAM et Caisse régionale d'assurance maladie d'Ile-de-France/Cramif), les fondations Accenture et PSG et France bénévolat notamment. Depuis le 15 mars dernier, la mission locale de Paris accueille les premiers bénéficiaires de la garantie jeunes avec pour objectif de "permettre à plus de 600 jeunes Parisiens d'en disposer d'ici la fin 2016 et 1.000 jeunes en 2017, à raison de vingt jeunes par semaine", précise à Localtis, Thierry Jarlet, directeur général de la mission locale de Paris. A ce jour, cette mission locale accueille quarante bénéficiaires du dispositif répartis en deux groupes de vingt, sur les 20.000 jeunes qu'elle accompagne chaque année.
"Déjà 55.000 jeunes bénéficient de la garantie jeunes en France", a précisé Myriam El Khomri. La démarche - destinée aux jeunes précaires ni en emploi, ni en formation, ni en études -, les fait bénéficier d'une allocation de 461,26 euros chaque mois et d'un accompagnement intensif par les missions locales pendant douze mois pour leur permettre d'acquérir une autonomie et de s'insérer durablement sur le marché du travail. Lancée à titre expérimental fin 2013 dans dix départements, la garantie jeunes a été déployée en 2015 dans 72 départements. En 2016, 19 départements et 85 missions locales doivent rejoindre la démarche qui sera généralisée au 1er janvier 2017 à l'ensemble du territoire national et à tout jeune qui remplira les conditions pour en bénéficier.
Création d'un droit universel
"C'est la reconnaissance unanime de l'intérêt pour cette mesure qui propose un accompagnement équilibré vers la recherche d'emploi et la formation, une indemnité, et la mobilisation de partenaires motivés" qui a décidé la ministre du Travail à proposer la création d'un droit universel à la garantie jeunes pour les jeunes en situation de précarité, dans le cadre de son projet de loi qui sera examiné par les députés en séance publique à partir du 3 mai. Ce droit prendra la forme d'un "parcours contractualisé d'accompagnement des jeunes vers l'emploi et l'autonomie" conclu entre l'Etat et le jeune. La garantie jeunes sera la modalité la plus intensive de ce parcours. Le projet de loi Travail précise qu'elle sera réservée "aux jeunes de 16 à 25 ans qui vivent hors du foyer de leurs parents ou au sein de ce foyer sans recevoir de soutien financier de leurs parents, qui ne sont ni étudiants, ni en formation, ni en emploi, et dont le niveau de ressources ne dépasse pas un montant fixé par décret".
Combien va coûter cette généralisation ? Pour l'heure, le ministère du Travail renvoie à l'étude d'impact du projet de loi qui estime que le coût total du dispositif pourrait atteindre 600 millions d'euros en 2017. Mais cette estimation se base sur une hypothèse de 150.000 nouveaux jeunes entrés dans le dispositif en 2017, alors que la France compte au total, 847.000 jeunes en situation de précarité, d'après Eurostat (2014). Sur ces 847.000 jeunes, le ministère du Travail estime que 500.000 seraient éligibles à la garantie jeunes, ce qui porterait le coût total de cette mesure à quelque 1,6 milliard d'euros. La CGT et l'Unef ont même chiffré cette mesure à 5 milliards d'euros.
En attendant, les premiers bénéficiaires parisiens de la garantie jeunes qui ont pu rencontrer la ministre s'estiment chanceux. "Nous sommes bien encadrés et un vrai esprit d'équipe et d'entraide s'est créé entre les vingt jeunes du groupe", témoigne Stella (18 ans) qui se sent attirée par le métier d'éducatrice de rue. "Le collectif m'aide beaucoup", confirme Hassim (19 ans) qui vient de décrocher un CDD d'un mois dans le secteur de la vente. Ces sessions de groupe permettent d'apprendre à s'exprimer en public, à définir un projet professionnel et à rechercher un stage. Pour Kamara (18 ans) décrocheur d'un CAP d'horlogerie depuis près de deux ans, la relation avec la mission locale lui a "redonné des idées". Aujourd'hui, il souhaite devenir chauffeur poids lourd… A condition de pouvoir passer son permis. Pas sûr que la garantie jeunes le lui permette. "C'est avec la région Ile-de-France que nous travaillons pour développer les aides aux permis de conduire", confirme la présidente de la mission locale de Paris, Maïté Errecart.
Les entreprises signataires du partenariat sur la garantie jeunes avec la mission locale de Paris ont esquissé leurs projets d'accueil : Diagonal, une supérette de quatre salariés dans le 8e arrondissement accepte de prendre plusieurs jeunes en immersion ; la Fondation Accenture s'engage à accompagner les jeunes attirés par les métiers du numérique ; la société S3G Sécurité ne cache pas qu'elle attend de nombreuses candidatures de jeunes en prévision de l'Euro 2016 de football. De son côté la Société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris (Siemp) est à la recherche de gardiens d'immeuble "nouvelle génération". Quant au BHV situé dans le Marais, son engagement dans la garantie jeunes n'est qu'une facette de sa politique d'insertion. "Nous avons pris l'engagement de consacrer 2 à 3% de nos recrutements annuels (600 salariés sont recrutés par cette enseigne chaque année) à des personnes en difficulté d'insertion dans trois métiers: la vente, l'accueil client, la logistique", précise Fathallah Charef, directeur du département ressources humaines du BHV/Marais.