Environnement - Le gouvernement décide d'abandonner le projet de terminal méthanier au Verdon
Le projet de terminal de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) que souhaite implanter au Verdon (Gironde) le néerlandais 4Gas se heurte au refus du gouvernement de renouveler la convention de réservation du site conclue en 2006 avec le port de Bordeaux. Signée pour trois ans, cette convention arrive à échéance le 4 août prochain. Mais lors d'une réunion du conseil de surveillance du grand port maritime de Bordeaux (GPMB) qui s'est tenue le 23 juillet, le commissaire du gouvernement a annoncé qu'il ne souhaitait pas renouveler le contrat pour des motifs environnementaux.
"Nous avons pris, (le ministre de l'Ecologie et de l'Energie) Jean-Louis Borloo et moi, avec l'accord de Matignon et de l'Elysée, la décision de ne pas accepter l'implantation d'un terminal méthanier dans un estuaire qui est le seul estuaire encore naturel en Europe", a justifié le 24 juillet Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports.
"Aucune réponse officielle ne nous a encore été envoyée mais si cette décision est confirmée, nous allons passer aux recours juridiques, qui risquent d'être très sévères", a déclaré aussitôt le directeur de 4Gas France, Henk Jonkman. "Le débat public qui a été organisé nous a retardé d'un an et demi. C'est pourquoi nous avons demandé que la convention soit prolongée", a-t-il détaillé, affirmant que la décision du gouvernement ne marque "certainement pas" la mort du projet, dont la mise en service est prévue à l'horizon 2014. Selon 4Gas, "la position du gouvernement est assez étonnante. La soixantaine de terminaux méthaniers dans le monde n'a aucun impact sur l'environnement", a plaidé Henk Jonkman.
Fortement contesté par une partie de la population et des élus locaux, le projet industriel, classé Seveso II, comprend la construction de deux cuves de 165.000 m3 - 80 m de diamètre pour 45 m de haut -, d'une unité de regazéification, d'une usine de cogénération et d'une torche de 25 m de hauteur.
Le conseil de surveillance du GPMB, qui s'est prononcé à la majorité en faveur du renouvellement de la convention, a demandé au ministre de tutelle de revenir sur la décision du gouvernement. Le directoire du GPMB s'était également prononcé début juillet pour cette prolongation. Le maire de Bordeaux Alain Juppé a regretté la décision de l'autorité de tutelle du port, estimant que "même si ce choix ne remet pas en cause la poursuite de la procédure, il s'agit d'un signal négatif adressé aux entreprises de Gironde et d'Aquitaine". Selon Laurent Courbu, le président de la chambre de commerce de Bordeaux, "les instances dirigeantes du grand port maritime de Bordeaux viennent d'être bafouées par le gouvernement sur une question essentielle pour son développement".
Le milieu associatif a en revanche applaudi, l'association Arpege (association réunissant les protecteurs de l'estuaire de la Gironde et de son
environnement) se félicitant d'une position qui "fait triompher la sécurité des riverains ainsi que la protection de l'environnement".
A.L. avec AFP