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Energie - Débat public houleux autour du terminal méthanier du Havre-Antifer

La réunion de clôture du débat public, lancé il y a trois mois, sur le projet de terminal méthanier du Havre-Antifer se tient ce 14 décembre en fin de journée au Centre havrais de commerce international. Porté par la société Gaz de Normandie, qui réunit quatre opérateurs dont Poweo, opérateur français de gaz et d'électricité, et des fournisseurs de gaz et d'électricité allemand et autrichien, ce projet porte sur la construction d'une infrastructure d'une capacité de regazéification de 9 milliards de m3 par an. En complément du port autonome du Havre, la zone d'accueil des méthaniers donnerait à ce pôle d'acheminement du gaz naturel une réelle envergure nationale. Le terminal méthanier permet en effet de relier les bateaux transportant le gaz naturel sous forme liquide aux réseaux de transport l'acheminant sous forme gazeuse. Dans ce sens, Gaz de Normandie veut tirer parti des qualités d'accueil du port d'Antifer et de sa proximité avec le réseau national de distribution de gaz et le grand bassin de consommation francilien. Les enjeux stratégiques et économiques avancés visent à accroître l'indépendance énergétique de la France et à diversifier les sources d'approvisionnement en complétant les terminaux GDF actuels de Fos-sur-Mer et de Montoir-de-Bretagne. Deux autres projets à Dunkerque et au Verdon lui font par ailleurs concurrence.

Mais riverains, associations, pêcheurs et élus locaux s'inquiètent des impacts environnementaux et touristiques que peuvent engendrer une telle implantation. L'accès aux plages environnantes sera-t-il maintenu si des supertankers naviguent au loin ? La maîtrise des risques sera-t-elle assurée de bout en bout ? Ces questions ont été soulevées lors des précédentes réunions qui ont réuni en moyenne 300 personnes sous l'égide de la commission particulière du débat public (CPDP), présidée par l'ancien préfet de la région, Alain Orhel. La commission s'est chargée de diffuser douze cahiers relatifs au projet et de répondre à la centaine de questions recueillies sur son site internet.

Les précédentes réunions ont été houleuses. Lors de l'une d'entre elles, Pierre-Marie Duhamel, maire d'Aumale et président de l'Association nationale des communes pour la maîtrise des risques technologiques majeurs, s'est voulu rassurant en rappelant que la route et le rail sont plus dangereux que le transport par mer ou gazoduc, et que la maîtrise des risques est chose rendue plus aisée aujourd'hui. Mais à ce stade encore très en amont du projet, aucune étude de risques n'a été imposée et réalisée. Daniel Fidelin, député de Seine-Maritime, s'en est insurgé car cette carence réduit à ses yeux la pertinence du débat. "C'est un faux débat poussant à l'invective, voire au silence", a même fustigé Alban Firmin, président de l'Association pour la préservation et la valorisation de la Valleuse de Bruneval. Enfin Jean-Paul Lecoq, vice-président de l'association des maires Seveso, a recentré le débat sur la question cruciale qui, à l'issue du débat, agitait encore tous les esprits : "Faut-il faire ce terminal pour les besoins du pays ou pour les besoins du business ?"

La commission dédiée à l'élaboration du débat public aura deux mois pour rendre son rapport à l'administration. La décision de poursuivre ou non ce projet de terminal méthanier chiffré à 500 millions d'euros devrait être prise au mois de février ou de mars 2008.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions

 

Fronde contre le terminal méthanier au Verdon

Le débat public lancé en septembre sur la construction d'un terminal méthanier au Verdon, à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde, vient lui aussi de s'achever dans un climat d'hostilité au projet, la population locale craignant pour l'environnement et le tourisme. Porté par le néerlandais 4Gas, filiale du fonds d'investissement américain Carlyle, le projet vise à construire deux ou trois cuves de stockage, une unité de regazéification du gaz naturel liquéfié (GNL) et un gazoduc, qui traverserait le Médoc ou l'estuaire de la Gironde. La mise en service de ce terminal, d'une capacité annuelle prévue de 6 à 9 milliards de m3, est envisagée par 4Gas à l'horizon 2012.
Mais au terme de neuf réunions, organisées par la commission particulière du débat public (CNDP) dans les deux départements concernés, Gironde et Charente-Maritime, et qui ont rassemblé au total 10.000 personnes, élus et habitants des deux rives de l'estuaire sont toujours loin de rendre les armes.
"On est tous vent debout contre le terminal. Le débat public a provoqué un revirement des élus, au départ favorables, car c'est un projet purement mercantile qui sert uniquement les intérêts du port autonome de Bordeaux ou Gaz de Bordeaux", juge Stéphane Saubusse, responsable des Verts dans le Médoc. Selon lui, le GNL "n'est pas une énergie d'avenir, le gaz étant une énergie fossile. Les énergies renouvelables sont les seules qu'on puisse promouvoir".
Membre du collectif de défense de la pointe du Médoc, "Une pointe pour tous", qui revendique 4.000 adhérents, Alain Durant-Lasserve regrette un débat "saucissonné" qui n'a pas abordé la question du transport du gaz. Il dénonce en outre "un projet flou, mal ficelé et contraire à la politique nationale en matière d'émissions de gaz à effet de serre" et s'offusque aussi de la construction du terminal prévue "à 500 m des premières habitations et à 800 m de l'école communale".
Pêcheurs et ostréiculteurs relèvent de leur côté que l'eau de l'estuaire, classé Natura 2000, ne doit pas être dégradée, tandis qu'élus et associations s'inquiètent de la baisse du prix de l'immobilier et des répercussions sur le tourisme.
Lors de la dernière réunion de débat public, fin novembre à Bordeaux, Henk Jonkman, directeur général de 4Gas en France, affirmait que l'entreprise "ferait tous les efforts possibles pour minimiser l'impact visuel" du terminal, proposant notamment d'enterrer partiellement les cuves. Selon lui, le choix du Sud-Ouest répond avant tout à "des enjeux géostratégiques", cette région étant pénalisée par la fermeture des gisements de Lacq et l'éloignement des principales sources d'approvisionnement.
La Commission particulière du débat public fera part de son compte rendu d'ici au 14 février 2008. Au plus tard trois mois après cette date, 4Gas devra motiver sa décision d'abandonner, modifier ou poursuivre le projet.

A.L. avec AFP

 

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