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Commerce - Le commerce de proximité : un enjeu pour les municipales

D'après une enquête du Manifeste des services et commerces de proximité parue le 19 mars 2014, le maintien et la promotion des services et commerces de proximité est devenu un enjeu majeur pour les élus. Mais les villes, et particulièrement les petites villes rurales, n'ont pas toujours les moyens de leurs ambitions.

"Si le maintien et la promotion des services et commerces de proximité est devenu un enjeu majeur pour les élus, les moyens imaginés et déployés par les municipalités ne sont pas encore à la hauteur de leurs ambitions." C'est la principale conclusion de l'enquête "Municipales 2014 : quel projet pour les services et commerces de proximité ?", lancée en décembre 2013, publiée le 19 mars 2014, à l'initiative du Manifeste des services et commerces de proximité et la Fédération du service aux particuliers (Fesps).
A partir de quatre questions posées aux maires sortants et aux candidats à l'élection municipale, l'enquête tire quelques enseignements autour du commerce de proximité. Premier point : quelle que soit leur taille, toutes les communes considèrent les services et commerces de proximité comme un enjeu majeur de développement économique local et de maintien du lien social. Mais pour les plus petites d'entre elles, la prise de conscience "prend parfois même un caractère dramatique car les élus se sentent souvent démunis", souligne l'étude. 
Autre enseignement, sans surprise : la désertification commerciale touche les plus petites communes rurales. Elles "souffrent d'une double peine, assure l'enquête, à savoir que plus elles présentent une faible densité de population, plus l'impact économique et social de la fermeture d'un service ou d'un commerce de proximité est important, et moins leurs moyens d'y remédier sont suffisants." Les moyens financiers pour limiter la casse sont faibles, et peu de communes ont recours aux dispositifs mis en place par l'Etat comme le Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac). "Ce qui nous inquiète, et ce sur quoi nous devrons concentrer nos efforts futurs, est la situation des petites communes rurales", souligne Jacques Marceau, co-fondateur du Manifeste des services et commerces de proximité, dans le communiqué du 19 mars sur les résultats de l'enquête.

Les plus grandes villes s'en sortent mieux

Quelques expériences réussies mises en place par des petites communes sont toutefois mises en avant dans l'étude. Dans une commune de l'Ariège, qui ne compte que 960 habitants, des tournées sont organisées une fois par semaine dans les villages alentours par les commerces de bouche (boucher, épicier, boulanger). Une mairie du Doubs a quant à elle mis en place une politique de développement de l'artisanat d'art pour renforcer son attractivité commerciale. Mais globalement, ce sont les villes les plus grandes qui s'en sortent le mieux. Celles dont la population dépasse 10.000 habitants ont mis en place des plans d'actions spécifiques, en collaboration avec les acteurs locaux concernés. Parmi les mesures mises en place : l'amélioration des accès de centre-ville, des facilités de stationnement, des actions destinées à modérer les prix du foncier commercial, ou encore l'organisation d'événements. Des actions qui sont le plus souvent mises en place par des équipes professionnelles, encadrées par un manager de centre-ville. Les solutions web destinées à créer du trafic en magasin sont en revanche moins utilisées.
L'enquête fait écho aux conclusions de l'Association des petites villes de France (APVF) qui dans une étude publiée en février 2014, soulignait les craintes des élus vis-à-vis de l'évolution du commerce de proximité, face à la concurrence de la grande distribution. Mais la concurrence de la grande distribution n'est pas seule en cause. Selon Stéphane Cola, chef de projet "ville et commerce" à la Confédération des commerçants de France, il y a aussi "un problème d'adéquation entre l'offre et la demande". En clair, les élus ne trouvent pas toujours les commerçants qu'ils voudraient, et vice versa. "Nous sommes constamment sollicités par les collectivités locales, le mouvement va en s'amplifiant... Des maires nous disent qu'ils cherchent désespérément tel type de commerçants, qu'ils ont besoin d'aide pour boucher les cellules vides des zones piétonnes...", explique Stéphane Cola. La confédération a alors décidé de jouer les marieuses en lançant un "meetic" des élus et des commerçants baptisé www.villeetcommerce.fr (voir ci-contre notre article du 21 février 2014). Le site devrait être pleinement opérationnel après les municipales. Les annonces seront réservées aux collectivités qui pourront ainsi considérablement élargir leur champ de recherche. Au-delà du site, chaque annonce sera relayée par la fédération professionnelle concernée en fonction du métier recherché (cafetier, boucher, pâtissier...). "On multipliera ainsi les chances de satisfaire les besoins des uns et des autres", se félicite Stéphane Cola.
De son côté, le gouvernement a prévu de toiletter l'urbanisme commercial et de réformer le Fisac dans le cadre du projet de loi relatif à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, adopté le 18 février 2014 par l'Assemblée nationale en première lecture. A la logique actuelle de guichet devrait se substituer un appel à projets national, avec des priorités fixées par le gouvernement.