L'Arcep aspire à tourner la page de la couverture réseaux pour se consacrer à d'autres chantiers
Dans son bilan de la régulation 2023, c'est le verre à moitié plein qu'a choisi de montrer l'Arcep. Le régulateur entend prouver que les problèmes de couverture très haut débit sont derrière nous, souhaitant concentrer ses actions sur les nouveaux chantiers qui lui ont été confiés par la loi.
Changement de tonalité au lendemain du Trip de l'Avicca (voir notre article du 29 mai 2024). À l'occasion du bilan annuel Telconomics, la présidente de l'Arcep, Laure de La Raudière, a affiché un optimisme déterminé sur les chantiers télécoms que pilote l'autorité. Si les investissements des opérateurs baissent sur un an (-5%) tant sur le fixe que sur le mobile, elle a estimé "qu'ils restaient à un niveau élevé" avec 13,8 milliards d'euros. Elle a surtout valorisé les acquis avec désormais 86% des locaux couverts en fibre, (+3,5 millions de locaux en un an) et deux tiers des abonnements THD qui passent désormais par la fibre.
4G généralisée
Dans le domaine du mobile, la 4G est quasi généralisée et la 5G continue sa progression avec 18.607 sites désormais ouverts. 17% des consommateurs l'utilisent, 2024 marquant le démarrage de la 5G "stand alone" qui promet d’être plus performante. La présidente s'est aussi félicitée de la progression de la 4G+ qui concerne 91% des pylônes. Le "+" signifie que ces antennes sont raccordées à une fibre, ce qui autorise de vrais usages THD, notamment en zone rurale. Autre élément de satisfaction : la baisse des plaintes sur l'absence de couverture mobile que la présidente impute au New Deal mobile (2.760 sites en couverture ciblée, 4.500 sites identifiés), les difficultés de connexion se concentrant désormais sur les réseaux ferrés.
2024, année des résultats sur la qualité
En termes de régulation, sur le fixe, la qualité de la fibre reste sur le haut de la pile de ses dossiers. La présidente a exprimé le souhait que l'année 2024 soit "l'année des résultats", notamment avec l'achèvement de la remise en état des réseaux accidentogènes prévue pour fin 2024 (voir notre article du 29 juin 2023). Elle a rappelé la mise en place d'un observatoire de la qualité qui montre des chiffres "globalement stables" mais une situation "contrastée selon les réseaux". D'ici quelques semaines, cet observatoire va s'enrichir d'indicateurs sur le ressenti utilisateur et la mesure de "la qualité des processus industriels mis en œuvre par les opérateurs commerciaux." On notera que l'expérimentation du mode de raccordement passant par l'opérateur d'infrastructure (mode OI) n'est pas évoquée. On a appris au Trip de l'Avicca qu'elle a été refusée par les opérateurs commerciaux dans le Berry ; une nouvelle tentative étant en cours en Corse.
Sur la fermeture du cuivre, l'autorité constate qu'avec 200.000 locaux concernés (lot 1), on est rentré dans le dur du projet. Elle a salué l'engagement de beaucoup d'élus "pour accompagner et informer les citoyens" tout en rappelant qu'il s'agit du "projet de tous", appelant à une "communication adaptée" sur ce "sujet politique". Elle a aussi appelé à un "partage d'information", notamment sur les clients cuivre encore actifs, pour accélérer les déploiements et faciliter l'accompagnement de la transition.
Défense des datacenters
L'année 2023 a enfin été celle de la montée en puissance des nouveaux dossiers confiés par le législateur à l'Arcep. Sur la réduction de l'empreinte carbone du numérique, la présidente a souligné la mise en ligne de recommandations sur l'écoconception des services numériques qui passe par des mesures parfois très simples comme le fait d'éviter des vidéos démarrant automatiquement ou les pages internet défilant à l'infini. Concernant les datacenters, l'Arcep constate que leur consommation a progressé de 15%, leur part dans l'empreinte carbone du numérique allant s'accroitre avec le développement de l'intelligence artificielle. Néanmoins, Laure de La Raudière les a défendus soulignant que "l'empreinte des opérateurs de centres de données est moindre que celle des installations sur site". À la suite de la publication de la loi Sécuriser et réguler l'espace numérique (Sren), l'autorité vient par ailleurs de récupérer la régulation du cloud et celle des intermédiaires de données. Sur le cloud, où l'enjeu est de faciliter le changement de prestataire en imposant aux acteurs des normes d'interopérabilité, une consultation publique est annoncée. Et l'autorité a commencé à recevoir les premières notifications d'intermédiaires de la donnée, aucune candidature de collectivité territoriale ne lui est parvenue pour le moment.