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Culture - Lancement d'une mission d'information sur la gestion des réserves et dépôts des musées

Mise en place le 14 mai dernier avec la désignation de ses rapporteurs, la mission d'information sur la gestion des réserves et des dépôts des musées, créée à l'initiative de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, va entamer ses travaux. Elle est composée de quatre députés : Isabelle Attard (Ecologiste, Calvados), rapporteure, et Michel Herbillon, (UMP, Val-de-Marne), Michel Piron (UDI, Maine-et-Loire) et Marcel Rogemont (PS, Ille-et-Vilaine), co-rapporteurs.

Encore 2.000 oeuvres spoliées en attente dans les musées

Le 5 novembre, la mission d'information a arrêté son programme de travail. Elle a notamment décidé d'explorer plus particulièrement quatre thématiques. La première concerne la provenance des oeuvres déposées dans les réserves ou acquises par les musées, notamment lorsque cette provenance est douteuse ou lorsqu'il s'agit d'oeuvres qualifiées de "Musées nationaux récupération" (MNR).
Ce qualificatif désigne les oeuvres issues de la spoliation artistique 
menée en France par les Nazis, récupérées en Allemagne juste après la guerre et confiées aux musées de France. Ces récupérations doivent beaucoup à l'action de Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume (où les Nazis entreposaient les oeuvres avant de les expédier en Allemagne), résistante, puis capitaine de l'armée française, qui a établi au péril de sa vie des fiches sur les œuvres dérobées. Le ministère de la Culture a d'ailleurs donné son nom au site dédié au recensement des MNR.
Environ 45.000 œuvres ont été rapidement restituées à leurs propriétaires grâce au travail de Rose Valland, d'autres ont été vendues par les Domaines (les propriétaires ayant disparu dans les camps de concentration sans descendance). Il reste aujourd'hui environ 2.000 MNR. Un temps oubliée, la question des MNR a été relancée avec le rapport Matteoli sur la spoliation des Juifs de France, publié en 2000.

Ouvrir les réserves et faire circuler les oeuvres

Le second thème de travail concerne la connaissance des collections grâce aux opérations de récolement. Ce travail titanesque, qui dure depuis plus de dix ans, consiste à dresser l'inventaire des dépôts d'oeuvres d'art effectués - pour l'essentiel - par les musées nationaux, le Mobilier national et le Fonds national d'art contemporain (Fnac) au profit des collectivités territoriales (musées, monuments historiques...), des bâtiments administratifs, des palais nationaux, des assemblées parlementaires et des représentations diplomatiques à l'étranger, des parcs et jardins... (voir nos articles ci-contre du 6 février 2009 et du 19 juin 2007). Un travail qui a révélé la "disparition" de nombreuses œuvres d'art, ne correspondant pas nécessairement à un vol ou un détournement, mais à une absence d'information sur l'affectation actuelle du bien.
Le troisième thème retenu est cher à la ministre de la Culture (voir notre article ci-contre du 31 juillet 2012), puisqu'il s'agit de la circulation des collections publiques, entre les musées mais aussi à travers les opérations "hors les murs". Sur ce point, la mission devrait chercher à comprendre pourquoi des opérations sont des succès - comme celles du musée du Quai Branly - quand d'autres connaissent un échec cuisant comme le Centre Pompidou mobile, arrêté après moins de deux ans de fonctionnement (voir notre article ci-contre du 21 mai 2013). Enfin, le dernier thème choisi par la mission concerne la conservation des réserves, "tant du point de vue de leur sécurité que d'un point de vue scientifique".
La mission, qui entamera ses travaux à la fin du mois de novembre 2013, a prévu d'auditionner les responsables de grands musées parisiens ou en région, les services du ministère de la Culture, des sociétés de vente aux enchères, des historiens, des journalistes et des conservateurs. Elle n'a pas indiqué de date prévisionnelle pour la remise du rapport d'information.