Patrimoine - 15% des 180.000 oeuvres d'art prêtées par l'Etat ont disparu
Le 18 juin 2007, Jean-Paul Bady, conseiller-maître à la Cour des comptes et ancien directeur du patrimoine, a remis à Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, le rapport d'activité de la Commission de récolement des dépôts d'oeuvres d'art. Créée en 1996 et placée auprès de la Cour des comptes, cette commission est chargée depuis lors d'assurer la traçabilité d'environ 180.000 oeuvres d'art appartenant à l'Etat et confiées à des dépositaires - ministères, préfectures, ambassades, musées de province... - par différents organismes : Mobilier national, Fonds national d'art contemporain, Centre des monuments nationaux, musées nationaux, Musée national d'art moderne (centre Georges Pompidou)... Le rapport révèle un "taux de perte moyen" d'environ 15%, correspondant à des oeuvres dont il n'a pas été possible de retrouver la trace. Le taux d'oeuvres détruites - inclus dans ce chiffre - serait de 5%. Selon le communiqué du ministère de la Culture, ce taux de perte "s'explique majoritairement par une médiocre gestion des dépôts entre 1875 et 1950, la période récente - à partir de 1950 - se situant à des taux très inférieurs, entre 5 à 10%", ce qui reste néanmoins considérable. Au-delà de son travail de récolement, la commission a également entrepris de rappeler aux organismes dépositaires les règles de gestion des dépôts et les incite "à porter systématiquement plainte lorsque des constats de disparition ou de destruction d'oeuvres étaient établis". Elle s'efforce aussi de promouvoir, avec les ministères les plus concernés (notamment l'Intérieur et les Affaires étrangères), la mise en place de procédures d'organisation et de suivi des dépôts, ainsi que la mise sur pied d'un système de gestion informatisée commun.
Le ministère de la Culture a décidé de ne pas rendre public le contenu du rapport d'activité de la commission de récolement. Il préfère attendre la publication du "rapport de synthèse global" de la commission, qui doit intervenir en 2008 après les dernières investigations encore en cours en Ile-de-France. Selon les informations qui ont filtré, il ne figurerait pas de chefs-d'oeuvre de tout premier plan parmi les disparitions. Le travail de bénédictin des membres de la commission a toutefois permis de retrouver des oeuvres importantes que l'on pensait détruites ou définitivement perdues, telle cette "Vierge à l'enfant" de Dominique Zampieri (1621), prêtée par Le Louvre en 1895 et retrouvée... chez un particulier.
Jean-Noël Escudié / PCA