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L'alimentation, nouvel enjeu de développement durable pour les territoires

Le Commissariat général au développement durable (CGDD) vient de publier un document intitulé "L’alimentation : un nouvel enjeu de développement durable pour les territoires". Reflet d’une étude menée en 2016 auprès de 38 collectivités, il analyse les facteurs de réussite et les défis à relever pour les acteurs locaux souhaitant s’engager dans des projets territoriaux liant alimentation et développement durable.

A l’heure des Etats généraux de l’alimentation, le Commissariat général au développement durable (CGDD, ministère de la Transition écologique) vient de publier un document sur l’alimentation comme enjeu de développement durable pour les territoires. Reflet d’une étude menée en 2016 par le Cerema auprès d’un panel de 38 collectivités engagées dans des projets alimentaires, cette publication qui s’appuie sur des exemples variés en termes de taille, de situation géographique ou de degré d’avancement dans le projet, entend donner de premières clés d’entrée aux acteurs locaux qui souhaitent faire de l’alimentation un levier de développement durable.

Démarche volontariste

La première partie souligne que tout part d’une démarche volontariste des collectivités, souvent dans le prolongement de projets de territoire de développement durable tels que les agendas 21 locaux. L’impulsion peut aussi venir des associations. La démarche peut être portée par des élus investis dans le développement durable ou des services en charge de l’agriculture ou de la restauration scolaire. Un appel à projets ciblé sur l’ancrage territorial de l’alimentation tel que celui lancé chaque année par le ministère de l’agriculture sur les projets alimentaires territoriaux (PAT) peut aussi servir d’élément déclencheur pour une collectivité.
Les objectifs poursuivis par les collectivités retenues dans l’enquête sont plus ou moins ambitieux et leur niveau d’implication et de transversalité aussi, souligne le document. Ainsi cinq tendances se dégagent selon les territoires. Certains, encore peu engagés, se contentent d’actions ponctuelles. D’autres ont une approche avant tout économique, fondée sur l’ancrage territorial et le maintien de l’emploi local. D’autres encore ciblent leur approche sur la qualité alimentaire pour la restauration collective. Une quatrième catégorie de territoires a une approche environnementale qui nécessite d’accompagner le changement du modèle de production.
D’autres enfin développent une démarche "systémique" de l’alimentation articulant plusieurs finalités. Parmi ces derniers, on trouve le village "en transition" d’Ungersheim, dans le Haut-Rhin qui affiche dans ses "21 actions pour le 21e siècle" un objectif d’autonomie alimentaire. La commune a déjà engagé de nombreuses actions en ce sens, indique le CGDD, comme la mise en place de la restauration scolaire 100% bio depuis 2009, la création d’une exploitation maraîchère bio de 8 hectares en chantier d’insertion, l’aménagement d’une légumerie-conserverie et la construction d’une cuisine collective bio pour la restauration scolaire.
Autre exemple de projet intégrateur : l’écopôle alimentaire développé par la communauté de communes de la région d’Audruicq (Pas-de-Calais), reconnu pôle d’excellence rurale du pays de Calaisis. Ce projet transversal autour de l’alimentation, qui repose sur deux structures opérationnelles de l’économie sociale et solidaire représentant 40 emplois, a une dimension non seulement économique mais aussi sociale et culturelle (plate-forme de distribution de paniers bio et de produits locaux, valorisation des savoir-faire des métiers de bouche, stages de formation, éducation à la diversité alimentaire, pédagogie autour de la biodiversité et du "jardin au naturel", etc.).

Entrée par champ de compétences

Dans une deuxième partie, la publication du CGDD décrit, à travers de nombreux exemples, les axes d’intervention des collectivités qui entrent généralement dans la question alimentaire par une thématique choisie au regard de leurs champs de compétences et des enjeux territoriaux. Cela va de la protection du foncier agricole et de la qualité de l’eau au volet cohésion sociale et solidarité en passant par la restauration collective, l’éducation alimentaire, la lutte contre le gaspillage, l’aide à la structuration de nouvelles filières et l’accompagnement des agriculteurs au changement de pratiques.

Gouvernance adaptée au territoire

La troisième partie du document évoque la question de la gouvernance alimentaire. Là encore, l’enquête révèle une pluralité de modes de coopération et de gouvernance selon les contextes territoriaux, "avec toutefois une priorité souvent donnée aux approches empiriques, à l’activation des réseaux de professionnels notamment autour de l’agriculture biologique", souligne le CGDD. Celui-ci évoque ensuite les facteurs favorables à un système alimentaire durable territorialisé : "la vision et le portage politique, le partage des objectifs et d’un programme d’actions par les principaux acteurs de la chaîne alimentaire, le souci du bien commun, une gouvernance adaptée au territoire".
Enfin, pour aller plus loin, "il semble nécessaire de repenser les liens entre les projets de territoire et l’agriculture et changer les regards et les rapports entre les villes et les campagnes pour mieux articuler les échelles territoriales et faire système, estime le CGDD. Il paraît aussi important de dépasser la confusion souvent répandue entre proximité et qualité, d’accompagner de manière plus forte les changements de modèle de production agricole pour un plus grand respect des écosystèmes et de travailler davantage les questions de nutrition-santé". Pour ce faire, conclut-il, "une nouvelle gouvernance territoriale, plus horizontale et participative, est à construire".