Social / Tourisme - L'accompagnement social dans l'accès aux vacances, un atout décisif
Le 15 novembre, Sylvia Pinel annonçait le lancement d'une mission pour favoriser l'accès aux vacances pour tous et lutter contre la fracture touristique (voir notre article ci-contre du même jour). Elle signait également le premier contrat d'objectifs de l'Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV), qui fêtait pour l'occasion son trentième anniversaire (voir notre article ci-contre du 16 novembre 2012).
Ces deux mesures en faveur du tourisme social sont annoncées alors que la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) publie, dans le n°128 (novembre 2012) de sa lettre d'information électronique "L'e-ssentiel", une étude intitulée "L'accompagnement social des familles dans l'accès aux vacances". Celle-ci rappelle que le taux de départs en vacances des familles les plus défavorisées baisse depuis les années 1990, "avec une dégradation assez nette depuis 2007". Ainsi, selon le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), seules 37% des familles disposant de bas revenus sont parties en vacances en 2012, alors qu'elles étaient encore 47% en 2007 (voir notre article ci-contre du 24 juillet 2012). Ceci justifie le développement des actions de la branche famille en ce domaine, notamment à travers l'AVS (aide aux vacances sociales). L'étude montre que l'AVS n'obéit pas uniquement à des considérations de justice sociale ou de solidarité, mais "traduit également la compréhension des vacances comme un temps propice au resserrement des liens familiaux et sociaux" et comme un "facteur de redynamisation familiale".
Une majorité de mères isolées
L'étude de la Cnaf a été menée sous la forme d'entretiens avec un échantillon de 80 familles bénéficiaires de l'AVS dans deux départements (Bas-Rhin et Gironde). Ses résultats montrent à la fois le caractère indispensable de l'accompagnement social et ses effets très bénéfiques, au-delà de l'aide financière proprement dite. Ainsi, l'accompagnement constitue une "condition nécessaire au départ" dans la mesure où ce dernier "reste [...] un projet difficile, déstabilisant et mettant les familles en situation de stress et de tension. Le départ n'est le plus souvent envisagé qu'à la suite d'une recommandation, parfois très appuyée, d'un tiers prescripteur (travailleur social le plus souvent, ami ou membre de la famille parfois)". L'accompagnement social permet ainsi de lever les freins au départ : crainte de ne pas réussir à mener à bien le projet, de perturber un équilibre fragile...
Favorisées par cet accompagnement social, les vacances permises par l'AVS se révèlent très bénéfiques. Les parents interrogés - essentiellement des mères isolées - déclarent que le départ en vacances a contribué à revaloriser leur image d'eux-mêmes et à se remobiliser. Ceci est toutefois un peu moins vrai pour les familles ayant bénéficié d'une stratégie d'accompagnement total, mais "cela ne signifie pas que, chez ces familles, le départ et sa préparation n'aient aucun bénéfice, mais qu'il ne se traduit pas mécaniquement par un sentiment de redynamisation ou d'envie d'aller vers de nouveaux projets". Par les contacts qu'il occasionne, le départ en vacances a également un effet bénéfique sur l'insertion sociale des bénéficiaires. En outre, pour les familles les plus autonomes, le séjour peut être l'occasion de nouveaux apprentissages et de nouvelles compétences, comme le développement du "capital de mobilité" des bénéficiaires.
