Tourisme - Fracture touristique : une mission et un plan d'action, 30 ans après la naissance des chèques-vacances
L’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) a fêté ses 30 ans aujourd'hui, jeudi 15 novembre, à la Bibliothèque nationale de France (Paris). Ouverte par André Henry, ministre du Temps libre nommé en 1981 sous François Mitterand, la journée devait être clôturée par Sylvia Pinel, ministre actuelle du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme.
A l’occasion du colloque, un contrat d’objectifs et de performance (COP) sera formalisé en présence de Sylvia Pinel. "Ce document constitue, pour la première fois dans l’histoire de l’Agence, une stratégie concertée entre l’ANCV et l’Etat, validée par le conseil d’administration de l'Agence, pour la période 2013-2016", précise l'ANCV qui a été critiquée par la Cour des comptes, dans un référé du 23 mai 2012, pour son "absence de stratégie" et sa "gouvernance défaillante" durant les exercices des années 2005 à 2010. Cet organisme public, se finançant exclusivement via des commissions facturées aux clients et aux prestataires, serait aujourd'hui "à l'équilibre", selon Philippe Laval, son directeur.
Le COP comportera quatre axes de développement : le développement de l’accès aux vacances pour le plus grand nombre ; le déploiement de l’action sociale et solidaire ; la dématérialisation du Chèque-Vacances, l’amélioration de la performance. Il prévoirait "une croissance du volume d'émission des chèques-vacances de 10% d'ici fin 2016, avec près de 500.000 bénéficiaires supplémentaires", précise Philippe Laval. Ce volume avait atteint 1,33 milliard d'euros en 2011, avec 23.000 entreprises et organismes clients, et devrait "frôler les 1,4 milliard" en 2012", selon Philippe Laval. 9,1 millions de personnes avaient profité du dispositif en 2011, auprès de 170.000 professionnels, pour un usage allant de l'hébergement en gîte au péage autoroutier, en passant par les parcs de loisirs ou les fast-food. 87% des professionnels conventionnés y voient un atout pour développer la clientèle, selon une étude CSA.
Mission Buisson
Nul doute que Sylvia Pinel, sera revenue, en clôture de la journée, sur la mission qu'elle a confiée, lundi 12 novembre, sur le thème de la réduction des inégalités en matière d’accès aux vacances, à Claudie Buisson, contrôleur général économique (ministère de l'Economie), et ex-directrice générale de l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) entre 2002 et 2007.
La ministre attend les premières conclusions de la mission pour la fin de l’année 2012, afin de préparer la mise en œuvre d’un plan d’action à l’horizon 2013-2017 pour "réduire la fracture touristique entre les Français qui peuvent partir en vacances et ceux qui sont contraints d’y renoncer faute de moyens financiers". Pour cela, Claudie Buisson devra identifier les publics qui ont des difficultés pour partir en vacances et dresser un état des lieux des dispositifs, dont les chèques-vacances mais pas seulement (CAF, collectivités, ministères, soutien aux structures d’accueil, offre des acteurs économiques et associatifs chargés d’accueillir et d’accompagner les vacanciers…) La mission tentera également de chiffrer le montant de ces aides publiques aux vacances, d'où qu'elles viennent. "Il y a de l'argent public, mais il n'atteint pas forcément sa cible", pressent Sylvia Pinel, "nous verrons à l'issue de la mission s'il faut ou non remettre au pot".
Côté public à viser, la ministre a également une forte intuition sur les résultats de la mission puisqu'un communiqué annonce déjà qu' "une priorité sera accordée aux familles monoparentales et aux jeunes de 18 à 24 ans, et en particulier aux apprentis", sachant que "les jeunes sont particulièrement touchés par ces inégalités puisque trois millions d’entre eux sont exclus du départ en vacances".
Les objectifs sont de réduire les inégalités en matière d’accès aux vacances mais aussi de "contribuer à structurer dans la durée la filière du tourisme social pour rapprocher plus efficacement les bénéficiaires des aides, les acteurs de ce secteur et les gestionnaires d’équipements touristiques".