Marchés publics - L'accompagnement des entreprises, clé de la réussite de la dématérialisation
Avec des taux de l'ordre de 2% à 3% en moyenne, la réponse électronique aux appels d'offres peine dans l'ensemble à décoller. Les états généraux de la commande publique organisés le 16 juin par l'Association des professionnels européens de la carte d'achat (Apeca ) ont largement évoqué cette préoccupation liée, selon les participants, à la défiance que beaucoup d'entreprises ont encore vis-à-vis de la dématérialisation. Si les craintes portent le plus souvent sur la sécurité et la fiabilité de l'outil, selon Georges Fischer, président de l'Apeca, celles-ci s'avèrent souvent être "des prétextes pour ne pas changer les habitudes et les organisations".
Louis-François Fléri, directeur du GIP e-bourgogne, a pour sa part regretté que les collectivités et l'Etat considèrent cette situation comme une "fatalité". Car lorsque les pouvoirs publics prennent en main le sujet, ils peuvent faire avancer les choses, comme l'illustre la réussite de la plate-forme régionale e-bourgogne (lire entre autres notre article du 26 mars 2009) ou la démarche exemplaire de l'Opac des Vosges présentée le 16 juin.
L'organisme, qui gère 18.000 logements sociaux, s'est fixé pour objectif d'atteindre dès la fin de cette année un taux de réponse électronique de 50%. Ceci grâce à 25 mesures faisant la part belle à la formation, à l'information et à la mise en valeur des bonnes pratiques. La sensibilisation des entreprises est rendue plus efficace grâce aux différents partenariats noués avec des fédérations professionnelles et les chambres consulaires et chaque année, une conférence permet de faire le point sur la dématérialisation. Au quotidien, les entreprises peuvent contacter la hotline de l'Opac si elles rencontrent une difficulté pour répondre à un marché. De plus, dans chacune des cinq agences de l'office public, des référents ont été désignés et des ordinateurs sont mis à la disposition des entreprises. "Nous avons eu une approche commerciale", témoigne Régis Courroy, directeur des achats de l'Opac. Son discours vis-à-vis du monde économique se veut avant tout rassurant : "Je leur dis : faites confiance, ne vous souciez pas de savoir comment ça marche. Utilisez notre plate-forme comme si vous commandiez sur internet des forfaits de ski à la Bresse ou à Gérardmer !" Une astuce parmi d'autres pour attirer les entreprises à la commande dématérialisée : un concours récompense les entreprises les plus exemplaires. L'un des intérêts est que le lauréat "vient témoigner à la tribune pour vendre la démarche" et, donc, faire des émules.
Si l'accompagnement des entreprises demande un réel engagement, le résultat en vaut la peine. Car selon Louis-François Fléri "une entreprise qui dématérialise ne fait pas marche arrière".
T.B. / Projets publics