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Handicap - La tension monte autour du plan Autisme 2013-2017

Après la récente condamnation de la France, par le comité des droits sociaux du Conseil de l'Europe, pour les faiblesses de sa politique à l'égard de l'intégration des enfants autistes (voir notre article ci-contre du 7 février 2014), des tensions croissantes se font jour autour de la mise en œuvre du plan Autisme 2013-2017 (voir nos articles ci-contre du 3 mai et du 20 septembre 2013). Au point d'inciter Marie-Arlette Carlotti à tenir, le 18 février, une conférence de presse sur l'état d'avancement du plan Autisme. Ce "point d'étape" prend place avant une réunion du Comité national de l'autisme, qui s'annonce animée. "Vaincre l'autisme", l'une des associations représentant les parents et les familles, a ainsi annoncé, le 4 février, qu'elle "se retire" du comité. Sans aller aussi loin, d'autres associations - comme Autisme France - dénoncent un plan "impossible à mettre en œuvre en raison de résistances de terrain incroyables".

Un conflit récurrent

Lors de sa conférence de presse, la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion a rappelé que le plan Autisme 2013-2017 - le troisième du nom - est doté d'une enveloppe de 205 millions d'euros, qui permettra notamment la création de 3.400 places d'accueil pour enfants et adultes. Les premiers appels à projets devraient être lancés au mois d'avril. La ministre a également rappelé que le plan préconise un dépistage précoce - dès l'âge de 18 mois - de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement. Elle a aussi mis en avant plusieurs "avancées positives", comme la formation des aidants familiaux expérimentée dans sept régions pilotes ou la mise en place, à la rentrée prochaine, d'une partie des 700 places supplémentaires en écoles maternelles pour les enfants autistes.
Mais Marie-Arlette Carlotti a également reconnu l'existence d'un certain nombre de problèmes et même d'un "point de blocage" autour des appels à projets lancés l'an dernier sur les crédits du précédent plan. Elle a ainsi indiqué qu'"en 2013, les ARS [agences régionales de santé, ndlr] n'ont pas suffisamment tenu compte des recommandations de la Haute Autorité de santé (AHS) comme critère principal d'évaluation des appels à projets". Elle s'est fait plus précise en indiquant qu'"il y a une incompréhension de la part des familles, disant 'Vous avez lancé le 3e plan autisme en disant que l'on allait développer des méthodes comportementales, et les appels à projets ne correspondent pas à ça'". Une allusion au conflit récurrent qui déchire parents et soignants entre les tenants de l'approche psychanalytique de la maladie, qui - pour faire simple - fait reposer une partie de la responsabilité sur la mère, et les partisans des méthodes éducatives et comportementales, fondées sur l'apprentissage.

Un "tour de France de l'autisme"

Or, en 2012, la Haute Autorité de santé a très clairement tranché en écartant les approches psychanalytiques. Une position qui n'a pas vraiment été reprise par les ARS dans leur instruction des appels à projets en 2013.
Marie-Arlette Carlotti a donc mis les choses au point, en affirmant : "Je ne chasse pas la psychanalyse de la France, mais quand la HAS fait des préconisations, il faut les suivre." Elle a toutefois laissé la porte ouverte, en indiquant qu'il faut "que toutes les formes d'accompagnement soient ouvertes, et que les parents choisissent".
Pour sortir de cette impasse, Marie-Arlette Carlotti a fait part de son intention d'entreprendre un "tour de France de l'autisme", afin de "sensibiliser" les ARS. Une circulaire devrait également leur être prochainement adressée, accompagnée d'un cahier des charges type.

Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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