Handicap - Lancement d'un troisième plan Autisme aux moyens renforcés
Le 2 mai 2013, Marisol Touraine et Marie-Arlette Carlotti ont lancé officiellement le troisième plan Autisme, par une communication en Conseil des ministres et une conférence de presse. Ce nouveau plan couvre la période 2013-2017. il était d'autant plus attendu que la France souffre d'un retard criant en la matière et que la prise en charge de l'autisme et des troubles envahissants du comportement fait l'objet de très vives polémiques entre tenants de l'approche psychiatrique et partisans de méthodes éducatives et comportementales. L'enjeu est d'importance, car la Haute Autorité de santé (HAS) estime, sur la base d'études internationales, qu'un nouveau-né sur 150 serait concerné par l'autisme et les troubles envahissants du comportement (TED). Or, en 2010, seules 75.000 personnes avec autisme ou autres TED étaient diagnostiquées et prises en charge dans le secteur médicosocial et moins de 20% d'entre elles bénéficiaient d'un accompagnement au sein d'une structure dédiée.
Le plan 2013-2017 est doté d'un budget supplémentaire de 205,5 millions d'euros, soit 18 millions de plus que pour le plan précédent. Il comprend cinq grands axes. Le premier, d'un coût annuel de 63 millions d'euros, concerne le diagnostic et l'intervention précoce. Il prévoit notamment la mise en place d'un réseau d'alerte avec le repérage des troubles par les professionnels de la petite enfance, ainsi que la proposition systématique d'un dépistage à l'âge de 18 mois. Pour sa part, la prise en charge sera assurée par les pôles régionaux d'intervention très précoces, tandis que 700 places seront créées sur la durée du plan dans des unités d'enseignement en maternelle.
Le second axe du plan (126,1 millions d'euros annuels) porte sur l'accompagnement tout au long de la vie. Il passe notamment par la création de 1.500 places d'accueil et le lancement d'une action de repérage et de diagnostic des adultes. Il est également prévu de confier à la HAS et à l'Anesm (Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médicosociaux) de travailler à l'élaboration de bonnes pratiques sur les interventions à destination des adultes.
Le troisième axe du plan 2013-2017 concerne le soutien aux familles (15 millions d'euros), avec l'amélioration de l'accueil et de la formation des parents dans les "centres de ressources autisme", ainsi que la mise en place de solutions de répit pour les familles (création de 350 places supplémentaires). Sujet polémique : ce troisième axe entend aussi "harmoniser les pratiques" et informer les familles comme le grand public.
La poursuite de l'effort de recherche constitue le quatrième axe, avec en particulier un développement de la recherche sur les origines et les mécanismes de l'autisme et le renforcement des capacités de diagnostic précoce. Enfin, le cinquième axe consiste à sensibiliser et former l'ensemble des acteurs de l'autisme, ceci incluant les travailleurs sociaux et les professionnels du secteur social et médicosocial.
En dépit d'un réel effort budgétaire dans une période particulièrement difficile, le plan 2013-2017 a reçu un accueil mitigé. L'association Vaincre l'autisme l'a ainsi jugé "décevant", estimant que "le plan ne prévoit pas la création de places dans des structures innovantes" et regrettant que l'accueil en maternelle se fasse certes dans des écoles ordinaires, mais dans des classes spécialisées. Le collectif Autisme est plus positif, saluant un plan qui "tourne le dos aux mauvaises pratiques en s'appuyant sur les recommandations de la Haute Autorité de santé". Mais le collectif s'inquiète de voir que le plan repose exclusivement sur les structures existantes et rappelle qu'"il faudra une volonté politique dans la durée pour que les choses bougent".
Jean-Noël Escudié / PCA