Transports / Economie - La situation économique du Grand Port maritime de Bordeaux inquiète la Cour des comptes
Dans un rapport daté de décembre 2015 mais rendu public le 8 mars, la Cour des comptes s'inquiète des perspectives économiques du Grand Port maritime de Bordeaux (GPMB), qui occupe aujourd'hui le 7e rang des ports français. Ce document, qui porte sur la période 2008-2012 avec une actualisation à 2014, commence par relever les "handicaps géographiques" du port, situé dans un estuaire qui comporte un chenal de 130 kilomètres de long dont 80 kilomètres nécessitent en permanence des opérations de dragage dont le coût est pratiquement équivalent au montant des droits de port. L'hinterland, réduit et peu industrialisé, est d'un accès difficile, note encore la Cour. Par ailleurs, le port exploite sept sites dispersés, l'essentiel du trafic étant concentré à Bassens et Ambès. Le domaine qu'il gère s'étend sur 2.550 hectares dont un dixième est affecté aux activités portuaires.
Stagnation du trafic
"Le GPMB a connu une mise en œuvre laborieuse de la réforme portuaire, situation qui perdure dans le cadre de ses relations quotidiennes avec la société Bordeaux Atlantique Terminal, opérateur privé auquel ont été cédés les outillages et transférés 47 agents du port, et avec lequel les relations sont conflictuelles", constate la Cour. Sur le plan de l'activité portuaire, "le trafic stagne autour de 8 à 9 millions de tonnes par an" et le résultat d'exploitation du GPMB est en outre "presque constamment négatif". Par ailleurs, la Cour relève "trois motifs d'inquiétude qui s'ajoutent aux difficultés permanentes et obscurcissent l'avenir du port : le remboursement incomplet des opérations de dragage par l'Etat, le gel du contrat de projet Etat-région 2007-2013 et la revalorisation de la convention collective nationale unifiée". Parmi ses motifs de préoccupation, la Cour note également que le port emploie "proportionnellement à son trafic plus de personnels que les autres ports français", et que la réduction des effectifs moyens (de 412 à 356 entre 2008 et 2012,) "demeure encore limitée au regard de la stagnation de son trafic".
Le GPMB défend des perspectives 2016 "encourageantes"
Un courrier du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, joint au rapport de la Cour, fait écho à cette "préoccupation" et indique que l'Etat a demandé au directoire du port "d'identifier des leviers de réduction des charges, y compris de personnel, et de dynamisation des produits". Dans sa réponse à la Cour, le port a souligné que la diminution des effectifs "s'est poursuivie en 2013 en 2014" et que cette diminution "constante depuis 10 ans" s'inscrit "dans une démarche permanente d'optimisation". Le GPMB, annonçant en février ses résultats, a en outre souligné "des perspectives 2016 encourageantes et porteuses de développement": ainsi la relance de l'activité au site du Verdon avec depuis 2015 le nouvel exploitant Europorte, filiale d'Eurotunnel, la mise en service d'un nouveau terminal (granulats) à Blanquefort, et une activité croisière record attendue en 2016, avec 53 escales de paquebots (contre 34 en 2015).