Petite enfance - La réforme du congé parental permettrait de financer 80 à 100.000 places de crèche
Najat Vallaud-Belkacem a annoncé, le 26 avril, que le gouvernement vise un objectif "à la fois ambitieux et réaliste" de création "de 80 à 100.000 places de crèches sur la durée du quinquennat". La ministre des Droits des femmes a également indiqué, dans une interview au quotidien Les Echos, qu'elle "partage le souhait de Dominique Bertinotti [la ministre déléguée chargée de la Famille, NDLR] d'une augmentation significative du budget en la matière". Une allusion aux négociations qui s'éternisent sur la future convention d'objectifs et de gestion de la branche Famille. A noter également : c'est la première fois que le gouvernement, qui s'y était toujours refusé jusqu'alors (voir notre article ci-contre du 18 février 2013), affiche un objectif chiffré de créations de places d'accueil pour la petite enfance.
Pour financer ces créations de place, la ministre des Droits des femmes compte sur les marges de manoeuvre que devrait dégager la future réforme du congé parental. Najat Vallaud-Belkacem en profite au passage pour lever le voile sur le contenu de cette réforme. La durée du congé parental devait rester fixée à trois ans. En revanche - et c'est là une des principales innovations - "une partie, sans doute six mois, devra être prise par le deuxième parent". L'objectif est d'inciter davantage de pères à prendre un congé parental. Aujourd'hui, seuls 3% des pères français prennent un congé parental. En Allemagne - qui a déjà mis en place une réforme de ce type en 2007 -, ce taux est passé de 4% à l'époque à 21% aujourd'hui". Comme l'indique Najat Vallaud-Belkacem, les pères français "ont besoin d'un déclic et d'une incitation forte". Il reste cependant que - au moins dans un premier temps - cette réforme pourrait être plutôt dissuasive et inciter les couples à ne pas prendre de congé parental. Les pères - et les entreprises - doivent en effet assimiler un tel changement culturel. La ministre des Droits des femmes ne cache d'ailleurs pas que "la montée en charge devrait être progressive. Sans doute tous les pères n'utiliseront pas cette possibilité du jour au lendemain". C'est précisément de là que pourrait venir le financement des places de crèches annoncées, puisque "les marges de manoeuvre financière laissée par cette montée en charge progressive serviront à construire des places de crèches complémentaires".
Le second point important de la réforme dévoilée par Najat Vallaud-Belkacem participe du même objectif. En effet, pour le premier enfant, la durée maximale du congé parental devrait passer de six mois à un an. Mais ces six mois supplémentaires seront proposés au second parent. Pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus, la montée en charge de cette mesure devrait donc être, elle aussi, très progressive.