Archives

Habitat - La production de logements va-t-elle passer sous les 300.000 unités en 2013 ?

Après la publication des chiffres du logement pour 2012 (voir notre article ci-contre du 30 janvier 2013), les regards se tournent désormais vers les perspectives pour cette année. Après 304.234 mises en chantier de logements neufs en 2012 - soit un recul de près de 20% par rapport à l'année précédente - quel sera le résultat de 2013 ? Les réponses des spécialistes du logement convergent vers une nouvelle dégradation de la situation, mais sans doute moins importante que l'an dernier.
Dans une interview au Figaro, Michel Mouillart, professeur à l'université de Paris Ouest et spécialiste de l'économie du logement, estime que "le marché ne rebondira pas en 2013 ; au mieux, ce sera le cas en 2014". Selon lui, "l'accession à la propriété va encore reculer en 2013 et la demande des crédits des ménages ne va pas se relever en dépit des taux intéressants. Résultat, le marché de l'ancien va rester bloqué, ce qui aura pour effet de maintenir vers le bas tous les autres marchés". Il explique qu'après "une année d'effondrement" en 2012, la montée du chômage, le ralentissement économique et la baisse du pouvoir d'achat ont dissuadé la demande.
Même son de cloche avec Alain Dinin, le PDG de Nexity, premier acteur du secteur immobilier privé. Alors que son groupe publie son "baromètre du logement" - un sondage récurrent réalisé par Ipsos sur la perception et les intentions des Français en matière de logement -, Alain Dinin estime, dans une interview aux Echos, qu'"on devrait tomber entre 280.000 et 300.000 mises en chantier, soit le niveau le plus bas depuis cinquante ans". Par ailleurs, le PDG de Nexity affirme que "même si, dans le meilleur des cas, les ventes aux investisseurs arrêtaient leur recul, les programmes des organismes HLM, eux, sont d'ores et déjà à l'arrêt en raison de l'incertitude sur leur taux de TVA en 2014". Sans émettre de pronostics chiffrés, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) estime pour sa part - dans le "Bilan 2012" publié par son Observatoire de l'immobilier le 14 février -, que "la baisse de l'activité commerciale initiée début 2011 pénalise le lancement de nouvelles opérations et hypothèque le nombre de permis de construire et de mises en chantier pour 2013".
Enfin, l'Union des maisons françaises (UMF), qui regroupe la plupart des constructeurs de maisons individuelles, partage cette vision pessimiste. Christian Louis-Victor, son président, s'attend à une chute de 25% des ventes de maisons individuelles - le rêve de la majorité des Français -, après un recul de 16% l'an dernier. Il s'appuie notamment sur un mois de janvier 2013 qualifié de "catastrophique", avec un recul des ventes de 38% par rapport au même mois de 2012. Au-delà du cas des maisons individuelles, l'UMF juge, elle aussi, que le seuil de 300.000 mises en chantier de logements neufs ne sera pas atteint cette année.
Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi François Hollande, lors de son récent déplacement à Ermont-Eaubonne (Val-d'Oise), a reporté à la fin de son quinquennat l'objectif de production annuelle de 500.000 logements, promis initialement pour l'ensemble de sa durée (voir notre article ci-contre du 4 février 2013). Sur la tendance actuelle prévue pour 2013, ce chiffre est en effet impossible à atteindre en 2014 (il faudrait une hausse des mises en chantier de plus de 66%) et semble difficile à concrétiser pour 2015. 

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis