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Habitat - 2012, une année noire pour la construction de logements

Très attendus bien que sans grande surprise compte tenu des livraisons précédentes (voir nos articles ci-contre), les premiers chiffres officiels sur les résultats de la construction de logements en 2012 sont tombés le 29 janvier. Et ils sont mauvais. Le plus symbolique d'entre eux est le recul de près de 20% (-19,6%) du nombre de mises en chantier de logements neufs, pour s'établir à 304.234. Le recul apparaît d'autant plus prononcé que 2011 avait vu ce même chiffre progresser au contraire de 22%. Il touche de façon à peu près équivalente le logement collectif et l'habitat individuel. La situation est meilleure pour les constructions sur bâtiments existants (-1,2%), mais l'apport de ce secteur est assez marginal (42.229 logements mis en chantier en 2012).

Baisse des permis de construire

Les chiffres des logements autorisés (permis de construire) ne sont guère meilleurs. La baisse est de 7,3% par rapport à 2011, pour atteindre un total de 495.496 logements autorisés en 2012 (constructions sur bâtiments existants comprises). Les chiffres des autorisations et des mises en chantier reviennent ainsi à leur étiage de 2009-2010, qui marquait jusqu'alors le point bas de la crise du logement entamée en 2007.
On remarquera au passage l'ampleur des écarts entre régions. En 2012, trois régions ont connu une augmentation du nombre de logements autorisés. L'Ile-de-France caracole loin en tête (+24,2%), suivie de la Corse (+10,8%) et de Paca (+2,7%). D'autres subissent en revanche un véritable effondrement, à l'image de la Haute-Normandie (-26,6%), de l'Aquitaine (-23,1%) et de Midi-Pyrénées (-22,2%).

Une chute qui s'accélère

Mais le plus inquiétant reste la forte accélération de la chute au quatrième trimestre 2012. Les mises en chantier de constructions neuves plongent ainsi de 30,1% par rapport au même trimestre de 2011, tandis que les autorisations de logements décrochent de 24,1%, touchant le logement collectif (-33,1%) davantage que l'habitat individuel pur (-6,0%). L'autre élément inquiétant concerne la convergence des indicateurs, bien au-delà des seules statistiques du Commissariat général au développement durable (CGDD). La Fédération française du bâtiment (FFB) prévoyait ainsi récemment un recul de 3,5% de l'activité du secteur en 2013, avec à la clé la perte de 40.000 emplois (voir notre article ci-contre du 13 décembre 2012).
Plus récemment, on peut citer les chiffres publiés, le 23 janvier, par le syndicat national des aménageurs-lotisseurs (Snal) et qui font état d'une baisse prévisionnelle de 10 à 15% du nombre d'opérations en 2013, après un recul de 20% en 2012. De même, l'Union nationale des industries de carrières et de matériaux de construction (Unicem) a annoncé, le 22 janvier, que l'année 2012 s'est conclue par un recul moyen de ses ventes de 6%.

Un horizon très incertain

De nombreux arguments sont avancés pour expliquer cette situation. Certains sont d'ordre général, comme la crise économique, les tensions budgétaires, les incertitudes sur la fiscalité ou la crise de confiance des ménages. D'autres sont plus directement liés au secteur du logement, à l'image de la remise en chantier du cadre juridique, des craintes des propriétaires bailleurs, de la réforme du PTZ+ (prêt à taux zéro) - reciblée et aux conditions plus restrictives - ou encore de la fin programmée du dispositif Scellier pour l'investissement locatif.
Dans ces conditions, l'objectif d'une moyenne, sur la durée du quinquennat, de 500.000 logements neufs par an - dont 150.000 logements sociaux pour lesquels le gouvernement se prépare à contractualiser avec l'Union sociale pour l'habitat (USH) - semble difficile à tenir. Oublié pour 2012, il paraît déjà très fortement compromis pour 2013, tandis que 2014 reste très incertain.
Pour le moyen terme, n'oublions pas l'extrême volatilité du marché immobilier, qui - dans cette année très noire - bénéficie encore de quelques points positifs : la maintien du goût des Français pour le logement et l'accès à la propriété, des taux d'emprunt historiquement au plus bas et des banques qui semblent désormais davantage décidées à prêter.

 

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