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Habitat - La majorité des logements vacants ne le sont jamais très longtemps

Sous la pression des associations, la question de la réquisition des logements vacants est revenue sur le devant de la scène. Mais que sont ces logements volontiers décrits comme sans occupant depuis plusieurs années et détenus par des institutionnels ou des personnes victimes de situations successorales inextricables ? Une étude du commissariat général au Développement durable (CGDD) apporte un éclairage.

2,3 millions de logements vacants

Au 1er janvier 2011, la France comptait 2,3 millions de logements vacants, soit 7% de l'ensemble du parc, tous types d'habitats confondus. L'étude estime que ce taux de vacance "peut être considéré comme incompressible". Plusieurs raisons expliquent pourquoi ces logements sont vides. Il existe ainsi des vacances frictionnelles (logement vide pendant un changement d'occupant), expectatives (logement réservé par son propriétaire pour un usage futur, pour un proche ou pour une vente à venir), d'obsolescence (logement en mauvais état ou victime d'une taille ou d'une situation qui le rendent inadapté aux attentes du marché), de transformation (logement en cours de travaux), de désintérêt (logement à la location n'offrant plus un rendement suffisant pour son propriétaire)...
Mais, même si elle est parfois longue, la vacance est avant tout un état transitoire. Chaque année, plus d'un million de logements deviennent vacants, tandis que d'autres sont à nouveau occupés. De même, chaque 1er janvier, environ un million de logements sont vides depuis moins d'un an, ce dont on peut déduire que 1,3 million le sont depuis plus d'un an. Près de 60% de ces logements vacants sont réoccupés un an plus tard, et plus de 70% après deux ans. L'étude montre ainsi qu'"une fois sur deux, la vacance d'un logement est suivie d'une réoccupation rapide et durable".

Pas d'égalité géographique devant la vacance

Cette réoccupation obéit toutefois à un certain nombre de règles statistiques. Ainsi, plus la taille de l’unité urbaine dans laquelle est situé le logement est grande, plus les chances que celui-ci soit réoccupé rapidement et durablement sont élevées (avec un écart du simple au double entre une commune rurale et Paris). Les chances de réoccupation croissent également avec le nombre de pièces et le confort du logement. Enfin, la réoccupation sera plus pérenne si le nouvel arrivant est un propriétaire occupant.
La combinaison de ces différents facteurs aboutit à une répartition géographique assez typée. Ainsi, les taux les plus élevés de logements réoccupés durablement se situent clairement à l'ouest d'une ligne allant de La Rochelle à Reims (incluant l'Ile-de-France), ainsi que sur la côte atlantique et en région Paca. A l'inverse, les taux les plus élevés de logements dont la vacance persiste se situent à l'est de cette ligne, avec un pic dans les départements ruraux de l'Auvergne et du Limousin. Enfin, les plus forts taux de logements réoccupés de manière intermittente (phénomène qui concerne surtout le parc locatif privé) se situent au sud d'une ligne Bordeaux-Annecy.