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Transports - La Journée du transport public à l'heure de la mobilité connectée

La prochaine Journée du transport public, qui aura lieu samedi 17 septembre et s'insère dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité, se met cette année à l'heure de la mobilité connectée. La raison d'être de cet événement organisé chaque année depuis 2007 n'a pas varié. "L'objectif est d'agiter les consciences, de toucher un public qui ne prend pas du tout les transports en commun ou qui en est utilisateur occasionnel, en proposant notamment des offres promotionnelles", a expliqué Jean-Luc Rigaut, à la tête du GIE Objectif transport public, lors de la présentation de l'édition 2016 le 14 septembre au Sénat. Créé par les élus en charge des transports (Gart) et les entreprises exploitantes (UTP), le GIE entend donc montrer à cette occasion les multiples avantages des transports en commun, jugés plus économiques, plus écologiques et plus sûrs que les véhicules personnels utilisés en solo.
A la date du 9 septembre, deux tiers des réseaux de transport ont prévu de participer dans 8 régions et 30 départements. La majorité des agglomérations de plus de 200.000 habitants ont répondu présent (Bordeaux, Toulouse, Nantes, Toulon, Douai, Lens, Rouen, Strasbourg, Tours, Valenciennes, Rennes, Metz, Orléans, Clermont-Ferrand, Pointe-à-Pitre...), de même que de nombreuses agglomérations de plus de 100.000 habitants (Pau, Caen, Limoges, Annecy, Besançon, Thionville, Poitiers, La Rochelle, Angoulême...). Absente remarquée : la région Ile-de-France. Pour Jean-Luc Rigaut, il s'agit d'un simple problème de calendrier, la réorganisation de ses instances ne lui ayant pas permis de s'inscrire cette année.

Tarifs spéciaux et promotion des services numériques

Parmi les offres qui seront mises avant le 17 septembre, les réseaux  vont proposer des tarifs spéciaux destinés à doper la fréquentation (1 euro la journée pour se déplacer dans les transports en commun, jeux concours pour gagner des abonnements, réductions sur les abonnements ou les cartes de voyage, promotions sur des trajets aller-retour, ticket ou pass pour voyager toute la journée sur un réseau urbain ou régional, etc.). 
Mais cette édition 2016 entend aussi permettre aux réseaux de promouvoir leurs services numériques qui ne sont pas toujours bien connus des usagers. Le GIE Objectif transport public a justement commandé un sondage* qui montre que l'offre est abondante en la matière (95% des réseaux proposent des services liés aux nouvelles technologies) et que 70% des voyageurs savent que des outils digitaux sont mis à leur disposition. Les utilisateurs de ces outils (applis, calculateurs d'itinéraire, achat de billets en ligne ou sur smartphone, info trafic, horaires en temps réel...) les plébiscitent. Mais seuls 22% des voyageurs connaissant leur existence les utilisent. Et 42% des Français ne sont de toute façon pas équipés d'un smartphone.
Les réseaux participant à la Journée du 17 septembre auront donc l'occasion de faire connaître au plus grand nombre les avantages de ces outils. Parmi les opérations prévues, on note le lancement ou la promotion d'applications smartphone à Agen, Annemasse, Antibes, Arles, Orléans, Clermont-Ferrand, Dijon et Metz, la promotion de nouveaux services internet à Beaune, Cherbourg, Fougères et Rouen, l'installation du Wi-Fi sur les réseaux de la région Nouvelle-Aquitaine, des départements de la Mayenne, du Nord et de la Sarthe ainsi que de l'agglomération de Carpentras, le lancement du billet par SMS à Rouen ou encore la promotion de services d'informations en temps réel à Dax et Antibes et dans le Vaucluse. Et pour la première fois cette année, les "challenges de la Journée du transport public", qui récompensent les meilleures actions de communication et initiatives transports comportent une catégorie "Voyageur connecté".

Bouleversements et interrogations

"Ces outils changent nos métiers, souligne Jean-Pierre Farandou, président de l'UTP. Un opérateur de transport public ne fait plus que faire tourner des bus, des trams ou des métros. Il doit proposer des services aux voyageurs liés à l'offre de transport et nous pouvons travailler avec des start-up locales pour développer ces outils mais il faut aussi veiller à ce que la masse de données compilées dans nos réseaux ne soit pas captée à des fins commerciales car qui portera l'intérêt général demain, les autorités organisatrices ou Google ?" Et de citer l'exemple de la ville américaine de Columbus, capitale de l'Ohio, qui va servir de territoire pilote pour déployer une plate-forme conçue par une filiale du géant américain qui permet de coupler la gestion des offres de transport public, de VTC et de places de parking, et de réorienter le cas échéant les subventions publiques en fonction des usages et des besoins. "Il y a clairement un risque de voir le big data fixer ses règles et il faut agir maintenant car si les décisions ne sont pas prises par les politiques mais par des monstres froids qui ont leurs propres objectifs, où va la démocratie et quel sera l'avenir des citoyens ?", interroge Louis Nègre, le président du Gart.  
 

Anne Lenormand

*Enquête "Les Français et la mobilité connectée" menée en ligne par OpinionWay les 31 août et 1er septembre 2016 sur un échantillon de 1.019 personnes âgées de 18 ans et plus représentatif de la population française

Vers une application universelle de vente de titres de transports
En partenariat avec le Gart et Agir, la Centrale d'achat du transport public (CATP) s'apprête à lancer une application mobile susceptible de bouleverser l'usage des transports publics. En la téléchargeant une seule fois, les clients pourront acheter un ticket mobile (ou plus) via leur smartphone et le valider dans tous les réseaux de transport publics et privés en France et à l'étranger. Ce nouvel outil sera proposé gratuitement aux réseaux de transport public pour vendre le titre unitaire sans frais pour la collectivité ni pour l'exploitant. Selon les besoins des réseaux, des options payantes (autres titres et services complémentaires) seront proposés.
La solution est conçue pour être "complémentaire et compatible" avec d'éventuelles applications propres aux réseaux, souligne la CATP, afin de leur permettre de bénéficier d'un nouveau canal de ventes auprès d'une clientèle spécifique (tourisme, voyageurs occasionnels, etc.). Pour les réseaux sans application mobile, "elle offre une solution de ticket mobile gratuite favorisant la vente, réduisant la fraude et la vente à bord", ajoute la CATP qui a lancé un appel à manifestation d'intérêt auprès des autorités organisatrices et des exploitants. L'objectif est d'intégrer peu à peu tous les réseaux et de lancer l'application avant la fin de l'année. A.L. 

 

 

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