Mobilité - La prochaine Journée du Transport public prend un coup de jeune
Le 19 septembre se tiendra partout en France la 6e Journée du Transport public, qui se déroule dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité. Organisée par le GIE Objectif Transport public Gart-UTP avec le soutien du ministère de l'Ecologie, elle vise à promouvoir les transports en commun auprès du plus grand nombre, en vantant notamment leurs avantages par rapport à la voiture individuelle, qui représente encore 65% des déplacements locaux et plus de la moitié de ceux effectués dans une aire de moins de 3 km2. A ce jour, 206 réseaux ont déjà prévu de participer à l'opération – 148 réseaux urbains, avec la majorité des agglomérations de plus de 100.000 habitants (Lille, Nice, Bordeaux, Toulon, Grenoble, Strasbourg, Montpellier, Valenciennes, Rennes, Orléans, Clermont-Ferrand, Reims, Pau, Caen, Perpignan, Limoges,etc.), 46 réseaux départementaux et 12 réseaux régionaux. Sans oublier le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) qui représente à lui seul la moitié des déplacements en France et participe pour la première fois cette année à la Journée du Transport public.
Tous les réseaux participants proposeront des offres promotionnelles sur les tarifs – forfaits journée, réductions sur les trajets, billets aller-retour, abonnements, cartes loisirs, offres couplées (parking relais + tramway, vélo + bus ou bus + TER…) – ou encore des services supplémentaires. Pour 1 euro la journée, il sera possible d'emprunter les réseaux de Caen, Arcachon, Montluçon, Bourges, Reims, Toulon ainsi que ceux de La Réunion, du Nord, d'Eure-et-Loir et de Champagne-Ardenne. Ceux de Saint-Dizier et de Valenciennes proposeront l'aller-retour à 1 euro. En Alsace et en Auvergne, le retour seul coûtera 1 euro. En Aquitaine, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie et en Poitou-Charentes, des réductions sur les abonnements ou les cartes de voyages seront accordées. A Clermont-Ferrand, les abonnés pourront faire voyager avec eux gratuitement toute personne de leur choix. Des jeux concours pour gagner des abonnements seront aussi organisés à Paris, à Limoges, à Poitiers, dans l'Oise, etc. Pour la deuxième année consécutive, des Challenges récompenseront les meilleures actions de communication et initiatives menées par les réseaux participants à la journée du 19 septembre. Les prix dans trois catégories (meilleure information sur le réseau, meilleure promotion de la multimodalité/intermodalité, meilleure campagne sur le changement de comportement) seront remis le 16 octobre au siège du Gart, à Paris.
La voiture solo n'a plus la cote chez les jeunes
Cette 6e édition donnera aussi lieu à une opération de promotion des transports publics auprès des jeunes urbains, l'objectif de cette campagne étant de les fidéliser pour en faire des utilisateurs pérennes dans le futur. A priori, à en croire un sondage réalisé pour l'occasion*, les 15-25 ans ont une image très positive des transports publics. Seuls un tiers des plus de 18 ans utilisant ces derniers jugent que le fait de disposer d'une voiture est "primordial" et 83% considèrent que, tous aspects confondus (côté pratique, prix, rapidité, sécurité…), les transports publics sont le moyen de déplacement répondant le mieux à leurs attentes. Pour Bernard Soulage, président du GIE Transport public Gart-UTP, ces résultats sont très encourageants et témoignent d'une tendance de fond. "Alors que la mobilité des jeunes s'est accrue, on constate que seuls 59% des 18-24 ans disposent aujourd'hui d'une voiture contre 74% il y a 20 ans. On pourrait dire que c'est là le signe de la crise et d'un appauvrissement mais cela résulte bien d'un choix on a des résultats très proches en Allemagne et en Europe du Nord", souligne-t-il. Il faudra donc que l'offre de transports publics suive à l'avenir la progression de la demande, ce qui compte tenu des contraintes de financement actuelles, n'est pas le moindre des défis à relever.
Anne Lenormand
*Etude menée en France du 22 au 26 juin 2012 par l'institut Ipsos/Logica Business Consulting auprès de 1.125 jeunes de 15 à 25 ans résidant dans des communes de plus de 20.000 habitants.
Une fréquentation en hausse de 5% en 2011 mais des recettes à la traîne
L'offre de transports publics est inférieure à la demande, faute de recettes suffisantes, ont déploré le 11 septembre les professionnels du secteur. "Les recettes ne suivent pas la hausse de la fréquentation", a ainsi déclaré Bruno Gazeau, délégué général de l'Union des transports publics (UTP). En 2011, la fréquentation des transports publics urbains a augmenté d'environ 5% (5,3% dans les grandes villes) contre une croissance de l'offre qui s'est limitée à 3,5%. "Nous avons du mal à faire face", a ajouté Bruno Gazeau, précisant que depuis dix ans l'augmentation des tarifs avait été inférieure à l'inflation.
Outre les recettes commerciales, le financement des transports publics provient de la fiscalité locale et du Versement Transport (VT), un impôt assis sur la masse salariale des entreprises de plus de neuf salariés. Selon l'UTP, ces deux derniers leviers sont aujourd'hui difficilement mobilisables compte tenu de la conjoncture, c'est pourquoi elle défend notamment "la pérennité du Versement Transport dans la configuration actuelle(...) afin de limiter les charges qui pèsent sur les employeurs".
"La tendance des collectivités est de nous inciter à réduire l'offre", a affirmé Bruno Gazeau qui plaide pour l'augmentation de la contribution des voyageurs au financement du transport. L'UTP déplore la "baisse continue et régulière de cette contribution qui couvre 35% des dépenses".
L'organisation propose également de nouvelles sources de financement "vertueuses", selon les principes pollueur-payeur ou utilisateur-payeur. Parmi celles-ci, "l'incitation des entreprises à réduire l'accidentologie routière (deux-tiers des accidents du travail sont des accidents de trajets)", la mise en place de péages urbains ou encore la refonte du stationnement dont le montant des recettes "est aujourd'hui largement inférieur à son potentiel". "Faute d'un système performant de contrôle et de recouvrement des amendes (...), une large part des automobilistes préfère prendre le faible risque d'une amende plutôt que de s'acquitter du prix de leur stationnement", estime l'UTP.
Source AFP