La jeunesse s'engage et a confiance en l'avenir, à quelques nuances près

Voilà une étude dont les résultats dénotent de ce que l'on avait l'habitude de lire ces derniers mois concernant la jeunesse. A en croire le baromètre de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), réalisé par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publié mi-septembre 2024, la déprime post-Covid qui avait particulièrement touché les jeunes serait en train de s'enrayer. Si la tendance est plutôt positive, elle est à nuancer. D'autres enquêtes, comme celle de Santé publique France, publiée en avril 2024, réalisée auprès de collégiens et lycéens, montrent que si une majorité de jeunes se perçoivent en bonne santé, seulement la moitié d'entre eux présentent un bon niveau de bien-être mental. Des préoccupations comme l'anxiété, la dépression et les conduites suicidaires apparaissent dès l’adolescence, en particulier chez les filles​. De même, les enquête de HSBC et de l'OMS (2021/2022) et de l'Institut Montaigne révèlent l'impact négatif de la pandémie sur 30% des adolescents et notamment sur  leur santé mentale. Il en ressort aussi qu'il n'existe pas UNE jeunesse mais DES jeunesses ; des clivages importants se dessinant selon le genre, le sexe, la culture, l'origine nationale, la religion etc. 

Les jeunes un peu moins satisfaits de leur vie dans les agglomérations de 2.000 à 200.000 habitants 

Ceci étant dit, "7 jeunes sur 10 estiment que leur vie actuelle correspond à leurs attentes", révèle l'Injep. Ce baromètre sur la jeunesse (15-31 ans) (1) existe depuis 2016 "afin de proposer des indicateurs récurrents sur le ressenti des jeunes et sur leur engagement en tant que citoyens". Un très bon résultat qui, l'on s'en doute, n'est pas uniforme. Les 18-30 ans apparaissent en effet légèrement plus satisfaits que les mineurs (72% des 18-24 ans et des 24-30 ans se disent satisfaits, contre 67% des 15-17 ans), "sans doute parce que la satisfaction à l'égard de la vie augmente avec l'acquisition progressive de l'autonomie", présument les auteurs. En effet, les éditions précédentes du baromètre montraient que les jeunes vivant dans un logement autonome sont toujours un peu plus satisfaits de leur vie (74% en 2024) que les jeunes résidant chez leurs parents (70%). 
Les réponses fournies par les jeunes (15-30 ans) diffèrent aussi en fonction de leurs profils. Sans surprise, celles et ceux qui sont tout au plus diplômés du baccalauréat (65% de satisfaits chez les 25-30 ans, en 2024), qui vivent dans des foyers à faibles revenus (65%) ou qui sont au chômage (54%), indiquent moins souvent que leur vie est à la hauteur de leurs attentes. Dans une moindre mesure, celles et ceux qui résident dans une agglomération comptant 2.000 à 200.000 habitants (69%) se déclarent un peu moins satisfaits de leur vie actuelle que les autres jeunes. 

Le taux de confiance dans l'avenir plus élevé parmi les 15-24 ans

La confiance dans l'avenir serait plus forte chez les jeunes. Dans l'ensemble, les jeunes restent plus confiants dans l'avenir proche que leurs aînés, "probablement parce qu'ils perçoivent plus de possibilités et de promesses à leur âge". Les taux de confiance dans l'avenir sont par ailleurs un peu plus élevés parmi les 15-17 et les 18-24 ans (72 et 73% respectivement) que chez les 25-30 ans (69%). Le degré de confiance dans l'avenir continu d'être corrélé à d'autres caractéristiques sociodémographiques des jeunes. Ainsi, les jeunes célibataires sans enfants (68% de confiants), titulaires d'un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat (63% de confiants parmi les 25-30 ans), vivant dans des foyers avec de faibles revenus (64%), et en particulier les jeunes insatisfaits de leur vie actuelle (45%) ou au chômage (39%) envisagent logiquement l'avenir moins sereinement.

3 jeunes sur 10 bénévoles dans une  association

Autre enseignement du baromètre : 30% des jeunes âgés de 15 à 30 ans déclarent s'être engagés bénévolement au sein d'une association au moins une fois par mois, au cours des douze derniers mois. Dans le détail, le bénévolat associatif "régulier" reste plus fréquent chez les 18-24 ans (34%), les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur (32% des 25-30 ans), les jeunes en emploi (34%), les jeunes résidant chez leurs parents (34%) et surtout parmi celles et ceux en couple avec enfants (47%) ainsi que chez les célibataires avec enfants (43%). 
Parmi les jeunes âgés de 15 à 30 ans qui ont donné bénévolement de leur temps à une association au moins une fois par mois au cours des douze derniers mois, 6 sur 10 sont engagés dans plusieurs domaines. Début 2024, le sport arrive de nouveau en tête des réponses : parmi les bénévoles "réguliers", 42% déclarent être impliqués dans ce domaine, et en particulier les jeunes hommes. Il est suivi de près par le domaine de la culture et des loisirs, qui progresse fortement cette année pour retrouver la place qu'il occupait jusqu'en 2019 (deuxième domaine d'engagement derrière le sport), et dans lequel sont engagés 35% des jeunes bénévoles "réguliers". L'action humanitaire, l'aide au développement et l'environnement progressent aussi dans la hiérarchie des domaines d'engagement bénévole, rassemblant respectivement 22% et 21% des jeunes bénévoles "réguliers"

Outre l'engagement au sein d'association, en ce début d'année 2024, la principale forme de participation à la vie citoyenne et politique au cours des douze derniers mois reste la signature d'une pétition ou la défense d'une cause en ligne, qui concerne 41% des jeunes de 15-30 ans (+3 points par rapport à 2023) et en particulier les 18-24 ans (45%), nous apprend le baromètre. Le pourcentage des 15-30 ans ayant participé à une manifestation ou une grève au cours des douze derniers mois se stabilise à un haut niveau (30%, +2 points depuis 2023).

(1) Réalisé par le Crédoc, le baromètre sur la jeunesse interroge chaque année environ 4.000 jeunes âgés de 18 à 30 ans résidant en France. Depuis l'édition de 2023, son échantillon a été élargi aux mineurs âgés de 15 à 17 ans, et à des fins de comparaison, aux personnes âgées de 31 ans et plus. Au total, en mars-avril 2024, 4.505 jeunes âgés de 15 à 30 ans et 1.040 personnes âgées de 31 et plus, sélectionnés selon la méthode des quotas, ont été enquêtés en ligne dans l'Hexagone et par téléphone dans les territoires ultramarins