Action territoriale pour la jeunesse : l'État affiche ses priorités pour 2024/2025

Une très riche directive interministérielle précise les priorités de l'État en matière de jeunesse et de sport dans les territoires pour la prochaine rentrée. Il y est question de relancer les projets éducatifs de territoire, de généraliser le SNU et d'accueillir le futur afflux de sportifs dans les clubs.

Une directive interministérielle publiée au bulletin hebdomadaire du ministère de l'Éducation nationale du 11 juillet 2024 détaille le pilotage et la mise en œuvre des politiques de jeunesse, d'engagement civique et de sport au niveau territorial pour l'année 2024-2025.

Adressé aux préfets et recteurs d'académies, ce texte annonce un double objectif pour la jeunesse : favoriser l'émancipation et l'engagement des jeunes. Cette ambition passe par le renforcement de la continuité éducative. À cet égard, les projets éducatifs territoriaux (PEdT) représentent un "cadre adapté" et leur déploiement "reste une priorité". Pour 2024/2025, le ministère vise une augmentation du nombre de communes comptant au moins une école couverte par un PEdT, ainsi que l'ouverture des PEdT au temps extrascolaire ainsi qu'au public adolescent, notamment en lien avec les Cités éducatives et les Territoires éducatifs ruraux.

Pour mieux articuler ces dispositifs, la constitution de binômes chargés de la continuité éducative au niveau départemental sera recherchée, de même que sera encouragé le développement de coopérations entre les directeurs d'établissements scolaires et les directeurs d'accueils collectifs de mineurs (ACM) par l'aménagement de temps et d'espaces communs. Plus globalement, les groupes d'appui départementaux (GAD) doivent demeurer des instances de pilotage pour amplifier ces coopérations, en lien avec les caisses d'allocations familiales (CAF) afin d'accompagner les collectivités et les organisateurs d'ACM.

Assurer la qualité des accueils collectifs de mineurs

La promotion des ACM, et plus spécifiquement des séjours de vacances, devra par ailleurs être amplifiée. Pour y parvenir, les agents de l'État sont invités à mobiliser différents outils – "Pass colo", "Colos apprenantes", "Plan mercredi" mais aussi soutien aux associations agréées jeunesse et éducation populaire – et à poursuivre "la trajectoire de croissance actuelle des inscriptions en formation [aux] brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa) et brevet d'aptitude aux fonctions de directeur (BAFD)". Pour s'assurer de la qualité des structures de loisirs, le ministère indique qu'il maintient son objectif d'atteindre un taux de contrôle de 10% des ACM déclarés. 

En matière d'égalité des chances, la directive souhaite l'augmentation du nombre de structures labellisées "information jeunesse" (IJ) mais aussi la construction ou l'actualisation d'une stratégie régionale de développement et d'animation du réseau IJ, en lien avec les conseils régionaux, les collectivités territoriales et les associations. En outre, la directive vise spécifiquement les jeunes "ayant le moins d'opportunités" à travers le lancement, en 2024-2025, du mentorat pour les élèves des lycées professionnels dans le cadre du plan "1 jeune, 1 mentor".

Poursuivre la généralisation du SNU

En ce qui concerne l'engagement civique, si la directive réaffirme l'intérêt de la "réserve civique, qui constitue un fort levier pour l'engagement des jeunes au sein d'associations", elle annonce surtout que "le processus de généralisation du service national universel [SNU] se poursuivra" avec l'ambition de construire un modèle "robuste et efficient". Ici l'objectif est particulièrement élevé puisqu'il s'agit d'accueillir 120.000 jeunes dans des séjours de cohésion en 2025, puis 365.000 en 2026. Cet objectif s'appuiera sur des séjours hors temps scolaire et des classes et lycées engagés (CLE). Une attention "toute particulière" devra être portée aux facteurs de désistement des jeunes. "En effet, pointe la directive, le taux de ces désistements compromet encore trop lourdement la bonne exécution de la trajectoire et entraîne des difficultés logistiques comme budgétaires." À propos du contexte budgétaire "particulièrement contraint", le texte demande aux préfets d'identifier des centres permanents "permettant des gains logistiques considérables et des économies d'échelle". 

Toujours sur le SNU, le ministère rappelle que "le brassage des jeunes par la mixité sociale comme géographique est l'une des raisons d'être" du dispositif. Il souhaite donc une "représentation significative des jeunes issus de quartiers prioritaires comme de lycées professionnels" dans la répartition territoriale des cibles.

Au chapitre du renforcement du tissu associatif local, on relève l'objectif de déployer le réseau Guid'Asso dans neuf nouvelles régions et territoire d'outre-mer et de l'amorcer dans les territoires non encore engagés. Plus précisément, le taux de couverture des communautés de communes bénéficiant d'un point d'appui Guid'Asso devra atteindre 86% à l'été 2025 puis 100% d'ici à 2026.

Accueillir l'afflux de nouveaux sportifs

Enfin, dans le domaine du sport, la priorité de la rentrée sera d'assurer l'accueil  de nouveaux pratiquants à l'issue des Jeux olympiques. À ce titre, les Drajes (délégations régionales académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports) continueront à mobiliser le plan 5.000 terrains de l'Agence nationale du sport (ANS) afin de mailler le territoire et les Dasen (directeurs académiques des services de l'Éducation nationale) encourageront la conclusion de conventions entre les établissements scolaires, les clubs et les collectivités territoriales pour favoriser l'accès aux équipements sportifs dans les établissements. Le tout accompagné de campagnes en faveur de l'encadrement des pratiquants, qu'il s'agisse de la promotion du métier d'éducateur sportif, du service civique dans les clubs ou du bénévolat.

Il est en outre demandé aux préfets, en lien avec les collectivités locales, le mouvement sportif et les acteurs économiques d'informer le grand public de l'offre disponible sur le territoire et de favoriser son orientation vers les clubs ou les offres qui ne sont pas saturés afin de leur permettre d'accéder à une pratique sportive. Et, de manière plus durable, de faciliter les expérimentations en lien avec les acteurs des territoires afin de permettre l'émergence de nouvelles formes de pratiques susceptibles d'accueillir un nombre croissant de pratiquants.

On note encore au chapitre du sport que des tests de sportivité seront déployés en classe de sixième à compter de la rentrée 2024, que le dispositif Deux Heures de sport en plus au collège devrait être simplifié et déployé dans tous les collèges REP et REP+ afin de venir soutenir le déploiement du dispositif 8 heures-18 heures.