Insertion - La généralisation du RSA est confirmée, mais le calendrier est "sur la table"
Depuis plusieurs jours, les échanges se déroulaient en sourdine. Martin Hirsch, le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, avait d'ailleurs choisi de prendre les devants en évoquant lui-même la question : la généralisation du revenu de solidarité active (RSA) aura-t-elle vraiment lieu ? Impensable il y a seulement quelques mois, la question est aujourd'hui posée face au ralentissement de la croissance et aux difficultés des finances publiques. Le recul "naturel" - sous l'effet de l'amélioration du marché de l'emploi - du nombre de bénéficiaires du RMI alimente également les interrogations sur l'utilité du RSA.
Le débat est désormais public. Intervenant au micro de RTL le 28 mars, Eric Woerth a clairement indiqué que le projet de généralisation du RSA - qui devrait en principe intervenir à la fin de 2008 ou au début de 2009 - était "sur la table". Le ministre du Budget a bien pris soin de souligner : "Il y a une expérimentation dans 27 départements [NB : qui seront très bientôt 40], il faut tirer les fruits de cette expérimentation." Il a également rappelé la nécessité de prendre en compte "les données techniques et budgétaires". Pour sa part, Pierre Méhaignerie - président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale - souhaite que l'expérimentation du RSA dure deux ans. Ceci reporterait l'éventuelle généralisation du RSA à la fin de 2009 ou au début de 2010. Secrétaire général de l'UMP et président du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian a été plus loin dans ses propos au micro d'Europe 1 le 29 mars. Il a en effet indiqué avoir "un doute sur l'efficacité" du RSA. Tout en soulignant que Martin Hirsch "a raison" de défendre le projet de généralisation du RSA - comme en témoigne la publication, le 3 mars dernier, du Livre vert sur le sujet -, il se demande "si c'est un empilement supplémentaire, un dispositif social supplémentaire" ou "si c'est efficace par rapport aux dispositifs existants". Dans cette seconde hypothèse, les deux à trois milliards d'euros du coût de généralisation du RSA ne seraient "pas trop chers". Comme le président de la commission des affaires sociales, Patrick Devedjian demande, quoi qu'il en soit, à "voir comment ça fonctionne" avant toute décision.
Conscient des nuages qui s'amoncellent, Martin Hirsch a déclaré avoir "peur pour tous ceux qui risquent de passer par pertes et profits" au nom des difficultés budgétaires et ne pas vouloir "que le wagon des pauvres soit décroché du train des réformes" mises en place par le gouvernement. Le Premier ministre ne l'a que partiellement rassuré. S'exprimant sur TF1 le 30 mars - à la veille du séminaire gouvernemental qui doit examiner le programme économique, social et financier -, François Fillon a certes confirmé la généralisation du RSA, en affirmant que "le RSA, on le fera". Mais cette généralisation interviendra "dans le cadre de l'engagement qu'on a pris dès 2007 sur les finances publiques, c'est-à-dire pas d'augmentation des dépenses publiques". Il faudra donc "trouver des économies ailleurs pour pouvoir réaliser les réformes sociales". Se gardant bien d'annoncer une date, le Premier ministre a demandé que l'on laisse au gouvernement "un peu de temps pour le faire".
Jean-Noël Escudié / PCA
Miser sur "le plein-emploi"...
Au cours de son séminaire sur "le programme économique, social et financier", ce lundi 31 mars à Matignon, le gouvernement a tenté, sur fond de ralentissement économique, de concilier réduction des déficits et poursuite des réformes. François Fillon a indiqué que des "mesures d'économies liées à la réforme de l'Etat" seront intégrées à la préparation du budget 2009 et présentées dès vendredi lors du Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP) à l'Elysée. Pour l'immédiat, les ministres ont étudié "les mesures à prendre pour permettre en 2008 une tenue ferme des dépenses", a expliqué le chef du gouvernement, insistant sur la quête du plein-emploi, "la solution à tous les problèmes de notre pays". "Avec le plein-emploi, on réduit la pauvreté et on atteint nos objectifs de réduction de la pauvreté", a-t-il déclaré.
C.M.