TIC - La French Tech doit faire "encore plus fort en 2016" pour Emmanuel Macron
A l'occasion de ses vœux à la French Tech organisés à Bercy le 29 janvier dernier, Emmanuel Macron s'est montré ambitieux et volontaire pour 2016. Le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique a appelé les représentants et les partenaires de la French Tech à "continuer" "encore plus fort en 2016".
L'initiative French Tech, lancée en novembre 2013, vise à structurer les écosystèmes locaux pour dynamiser la croissance des startups. Deux ans plus tard, on recense 13 métropoles ainsi que 11 hubs internationaux French Tech (1). Le ministre a profité de ses vœux pour tracer les contours de sa stratégie, organisée autour de 4 axes : poursuivre le travail collectif, assurer le passage à l'échelle des startups, attirer les talents internationaux et transformer l'économie française. Plus largement, le ministre a saisi la tribune qui lui était offerte pour faire de la French Tech un porte-étendard des ambitions économiques et technologiques françaises au sein des territoires et à travers le monde.
Le collectif au coeur de la French Tech
Le ministre a exhorté tous les acteurs de la French Tech à "continuer à travailler tous ensemble, en réseau". Cette dynamique collective doit continuer à rassembler des entrepreneurs et des investisseurs de "tout âge, de toute géographie" qui ont "réussi à briser les chapelles". A ses yeux, la French Tech doit jouer ce rôle de catalyseur de talents et "donner une chance à toutes et tous". Si le ministre a surtout salué l'initiative privée qui est au cœur du dispositif, il n'a pas oublié de louer la mobilisation des pouvoirs publics. Services de l'Etat, Agence du numérique, Banque publique d'investissement, Business France, Caisse des Dépôts ont eu tour à tour droit aux louanges. Etrangement, le ministre n'a pas cité nommément les collectivités. Sans doute les inclut-il dans ses remerciements à "toutes celles et ceux qui sont au quotidien les acteurs de la French Tech" ? Pour 2016, le ministre souhaite que la relation de travail entre acteurs publics et privés soit toujours plus "simple et fluide".
Les startups deviendront licornes
Les bons résultats qu'ont connus les startups françaises en 2015, concrétisés début janvier par leur forte présence au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas (2), ont incité le ministre à définir des objectifs ambitieux. Devenu le premier pays d'Europe continentale en matière de création de startups (1.500 en 2015), le "défi est maintenant", pour la France, "qu'il y ait des champions" et "encore plus de licornes". Pour le ministre, il est désormais temps pour les startups d'accélérer leur développement et de passer à l'échelle supérieure. La French Tech doit leur permettre de trouver des investisseurs, notamment étrangers, afin de poursuivre leur conquête des marchés mondiaux. Face à ces défis, la puissance publique sera là, et Emmanuel Macron a invité les entrepreneurs à "nous solliciter à chaque fois que vous en [aurez] besoin". Par ailleurs, le ministre a précisé qu'il travaillera à "mieux mobiliser l'écosystème français", que ce soit grâce aux grands groupes, ou par la mobilisation des marchés publics. Comme il l'a rappelé, l'Union des groupements d'achats publics (Ugap) est maintenant un partenaire de la French Tech : "partout en France, dans tous les secteurs", elle mobilisera "l'achat public pour acheter startups, acheter innovant".
L'ambition internationale de la French Tech vise à ouvrir les portes du monde aux startups françaises. Mais le dispositif doit également permettre de conserver "les talents français, les faire revenir parfois, et attirer des talents internationaux". Grâce à la French Tech, les territoires français doivent devenir une destination privilégiée pour les talents du monde entier, à l'image de la première promotion du French Tech Tickets qui viendra s'installer à Paris début mars.
Transformer l'économie et donner une "direction" à la France
Emmanuel Macron a précisé que la French Tech "touche toute l'économie", elle ne concerne "pas un secteur, [mais] toute l'économie française". Les startups sont pour lui "les ferments de cette transformation numérique". A l'origine d'une nouvelle culture, elles peuvent transformer "notre économie dans tout son tissu", "dans les secteurs financiers, industriels, de la santé" … Le ministre a également mis l'accent sur la production locale, "ancrée sur le terrain", comme c'est le cas dans les espaces dédiés à Angers ou Toulouse pour les objets connectés.
Pour le ministre, la "French Tech est véritablement la France toute entière", caractérisée par "cet esprit d'ouverture", "celui du partenariat, de la volonté d'innover et d'aller plus loin". Et d'ajouter : "au fond, c'est l'ambition retrouvée de vouloir changer le monde". Afin d'y être fidèle, Emmanuel Macron a demandé aux acteurs de la French Tech "de le garder, de ne rien lâcher, de ne pas céder un millimètre de ce vrai esprit français qui est [d'avoir] de l'ambition pour le reste du monde".
Cet "esprit français", "l'optimisme, l'ambition, l'envie" que portent les acteurs de la French Tech est pour Emmanuel Macron "un ferment d'optimisme pour le pays". Pour lui, les initiatives portées par la French Tech, sont "autant d'histoires, […] autant d'énergies accumulées" dont "le pays a besoin car il faut lui donner une direction". On voit ainsi se dessiner les ambitions du ministre pour la French Tech : lier les territoires à l'international, soutenir les talents de la transformation du numérique ou encore mobiliser toutes les énergies dans une valorisation des savoir-faire français à travers le monde. Et l'internationalisation ne doit pas, pour le ministre, occulter l'importance des territoires. Les acteurs de la French Tech sont pour lui "ancrés quelque part, dans [leurs] territoires, dans [leurs] métropoles, dans [leurs] régions ou même à l'international" et diffuseront, en 2016, leur optimisme à différentes échelles.
Ivan Eve / EVS
(1) Les 13 métropoles sont : Aix-Marseille, Alsace, Angers, Avignon, Bordeaux, Brest, Côte-d'Azur, Grenoble, Lille, Lorraine, Lyon, Montpellier, Nantes, Normandie, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse.
Les 5 French Tech Hubs issus d'une première "vague" de création : New-York, San-Francisco, Israël, Tokyo, Moscou. Le ministre a saisi l'occasion des voeux pour officialiser la créations de 6 nouveaux hubs : Cape Town, Abidjan, Montréal, Londres, Barcelone, Hong-Kong. D'autres hubs devraient ouvrir d'ici 2017 à Taipei, Pékin, Séoul ou encore en Amérique du Sud.
(2) Pour rappel, la délégation française était la deuxième plus représentée, derrière la délégation américaine, avec 190 entreprises françaises présentes (dont 127 startups).